Chapitre 62 : Poussière

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Rester là et attendre. Sérieusement ? Attendre ? Hermione n'était pas du genre à attendre. Même si cette attente devait lui servir à la préparation de la défense de son amant. Et surtout quand son meilleur ami allait, seul, au-devant de la mort. Elle aurait voulu aller avec lui, le prendre dans ses bras dans ses derniers instants. C'était horrible. Elle le laissait partir seul, sans aucun soutien. Sa détermination faisait peur. Comment pouvait-on se résoudre ainsi à mourir ?

Hermione pleurait silencieusement dans le grand bureau. Elle sécha ses larmes, et arpenta la pièce. C'était petit, sombre, sans fenêtre. Elle n'y était jamais entrée auparavant. Il lui semblait d'ailleurs que Severus n'y passait pas beaucoup de temps, au vu de ce qu'ils avaient vécu ensemble.

La jeune femme s'assit au bureau de son amant et déplaça deux trois parchemins, deux trois plumes. Elle ouvrit un tiroir et souleva les feuilles sans passion, en ouvrit un autre et fit de même. Reconnaissant son écriture au fond d'un tiroir, elle eut un sourire tendre.

- Nous allons pouvoir être ensemble ...

Du moins l'espérait-elle.

Elle referma le tiroir sans prendre la peine de continuer ses recherches – recherches de quoi, d'ailleurs? –, se leva, et retourna près de la Pensine. C'était un moment qu'elle redoutait. Entrer dans une vie entière de souvenirs, les choisir, pour les DIFFUSER ... Elle avait l'impression de trahir son Severus. Mais pourtant, c'était une étape nécessaire pour le réhabiliter. Harry y avait cru, pourquoi le monde sorcier ne ferait-il pas de même ? Hermione n'aurait pas eu peur de passer le reste de sa vie à fuir, mais elle aspirait quand même à un logis calme et à une situation stable. Et puis il y avait... Quelque chose ... Qu'elle voulait éclaircir.

La jeune femme plongea sa baguette dans la Pensine et remua légèrement, avant de prendre une grande inspiration pour enfin plonger dans les souvenirs de Severus.

Là, celui-là. C'était celui qu'elle voulait revoir - bien qu'elle n'en avait pas envie. Severus était dans son lit, en pleurs. Hermione s'approcha, avec l'envie de le prendre dans ses bras, mais elle ne le pouvait pas. Tous deux n'étaient que de la fumée...

Le père de Severus hurlait, sa mère aussi.

- Reste-là ! Il a eu ce qu'il méritait.

- Qu'est-ce que tu lui as fait ?

« Qu'est-ce que tu as fait... » C'était ça, la bonne question. Qu'avez-vous fait à votre propre fils, Monsieur Rogue ?

- Qu'est-ce-

- Ferme-la ! Je ne veux pas t'entendre, espèce de monstre ! Regarde ce que tu as engendré !

- Si seulement tu ...

- Ferme-la je te dis !

La jeune femme ne comprend pas, elle essaie de remonter plus loin dans le souvenir, mais elle n'y parvient pas : il commence là, à ce moment précis. À ces pleurs, ce cri, ce verre cassé.

- Dis-moi ce qu'il s'est passé, implore-t-elle.

Elle s'approche encore, observe le petit garçon recroquevillé sur lui-même, la couverture remontée sur son corps frêle. Il est pâle comme la mort et ses yeux, eux, sont rouge sang. C'est affreux et insupportable.

Et les cris continuent.

- Une sorcière, hein ! Avec toutes les paumées qui traînent dans la rue, il a fallu qu'je tombe sur une sorcière !!! Tu m'as jeté un sort c'est ça ?? Comment j'aurais pu me r'trouver avec quelqu'un comme toi sinon. Regarde-toi. Une pauvre fille. Une incapable. Tu devrais être reconnaissante !!! Que j'te garde toi et ton gosse, que j'vous donne de quoi bouffer et que j'vous laisse habiter sous mon toit. Et pourtant vous vous plaignez ! Tu vaux pas mieux qu'ton sale mioche !

PlanèteWhere stories live. Discover now