Chapitre 2: La Tragédie

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 « La guerre a été déclarée, l'ennemi arrive. Tous les soldats sont appelés au front dans les Montragon au sud. ».


C'était la lettre qu'a reçue mon père avant de partir. Nous avons été sans nouvelle pendant six mois. Six mois durant lesquels je suis devenu l'homme de la maison. En effet, du haut de mes seize ans, je suis le plus vieux à vivre encore chez père et mère. Keiran a épousé une naine et travaille dans l'échoppe de son beau-père. Joakim, une fois son diplôme d'étude en poche, est parti en Terres D'Ygma où se trouve la prestigieuse Académie des Mages. Hans, lui est à l'aventure on ne sait où. Je suis donc seul avec mère et Georges, père me manque atrocement. Je déteste le travail de mon père. Il a fallu que ça le sépare de nous, déjà que nous ne pouvions presque jamais le voir avant son départ, mais six mois sans nouvelle, c'est une horreur.

Dire qu'il y a six ans je rêvais de prendre les armes et défendre ma cité aux côtés de mon père, et puis les membres de la garde que j'admirais tant durant ma jeunesse ne sont en fait que des poivrots incompétents, bon qu'à boire et raconter des histoires... J'évite de les croiser car je ne les supporte plus. Si la ville venait à se faire attaquer, ils ne tiendraient même pas une heure de siège. Dorénavant j'écoute mère et me concentre sur mes études, même si je n'ai encore aucune idée de ce que je ferai de ma vie. Je ne suis pas particulièrement intéressé par quoique ce soit, je me contente de respecter les règles et les lois. J'aimerais avoir un emploi qui me permettrait de m'occuper de mère plus que père n'a pu le faire.

Surtout qu'aujourd'hui avec la guerre, il peut encore moins veiller sur elle. La guerre, quel concept futile, particulièrement celle-ci. L'Union souhaitait agrandir son influence en ajoutant les Montragon. Les clans du Maendron ont répondu en s'attaquant aux unités de L'Union. Maintenant ces barbares se sont alliés dans le but d'anéantir L'Union. Elle a donc répondu en organisant une ligne de défense le long des Montragon. C'est là-bas que mon père est parti. Nous espérions tous une guerre courte car les clans sont réputés pour leurs faiblesses technologiques et stratégiques. Nous n'avions pas prévu que le chef de guerre, Traor Hache-Ardente réunirait tous les clans sous sa bannière. De plus nous ne savions pas que les clans trolls étaient de la partie ! Les troupes se sont fait terrasser...

Mère m'interpelle et interrompt mes pensées. C'est à mon tour de prendre la parole devant l'assemblée qui s'est réunie pour les funérailles de père. Je prononce donc mon discours :

« Mon père était un héros. Il a toujours eu la notion de la justice, ce qui expliqua la réussite de sa carrière. Malgré une famille où il était peu présent il a toujours veillé à notre bien. Je l'ai admiré pour sa stature, son charisme, sa bonté et sa force. Il sera éternellement un exemple pour moi. C'était un valeureux guerrier mais l'âge ne lui a pas permis de remporter cette bataille. Père je vous aime... »

La cérémonie se termine paisiblement. Je rejoins mes frères que je n'ai pas vus depuis trop longtemps. Nous parlons du bon vieux temps, des histoires avec père et ce qu'il nous a appris. Nous avons tous des projets variés : Keiran veut devenir forgeron principal de L'Union, Joakim veut devenir maître mage, Hans veut devenir riche par l'aventure avec son groupe et Georges lui se destine à la politique. Il sait motiver les foules et rendre service. Il a un grand destin devant lui. Nous avons discuté durant des heures et nous nous sommes promis de devenir des hommes importants tout comme notre père. Une fois mes frères partis je retourne à la tombe. Alors face à elle j'ai pleuré.

« Excusez—moi, je vous promet que c'est la dernière fois que je fais preuve d'une telle faiblesse. J'ai juste besoin de vous dire adieu personnellement. Je vous remercie pour tout ce que vous avez fait. Je vous dois toute ma vie, je ne serai pas l'homme que je suis sans votre présence. Toute ma vie je suivrai vos préceptes et idéaux. »

Je me souviens alors d'une vieille parole de mon père:

« J'aimerais que mon travail n'ait plus d'utilité, que les peuples sachent vivre unis et en harmonie... »

Quelqu'un doit sauver cette union, si personne n'en est capable je le ferai. C'est alors que j'exclame:

«Mon père, je terminerai ce que vous avez commencé, je préserverai l'union et l'harmonie des peuples.» Mère excusez-moi je pars pour l'académie militaire !

Il faut savoir se sacrifier quand la situation l'oblige... 

AllisterWhere stories live. Discover now