Chapitre 23: Face à Face

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Nous sommes allés dans une auberge aux alentours de Kaenlys, pour préparer notre plan pour atteindre le palais. Je crains que les gardes ne se soient retrouvés contraints d'obéir à Traor par la menace. Je ne peux donc pas compter sur mon statut d'empereur pour rentrer dans la ville. Joakim propose que nous passions discrètement et que nous rejoignions les accès secrets au palais. J'acquiesce à son idée néanmoins, je ne vois pas comment nous allons passer les portes. Loik évoque de passer par le réseau d'égouts, qui n'est certes pas l'idée la plus propre, mais la plus efficace. Nous acceptons ce plan et préparons nos équipements.

Pendant que j'équipe mon armure, Hans m'interpelle :

« - Al, je viens avec vous. Il est hors de question que vous partiez sauver les autres sans moi.

- Hans je suis désolé mais tu ne peux pas nous suivre. Tu ne tiens même pas sur tes jambes.

- Bien sûr que si, regarde je me tiens debout devant toi... »

Il se tient debout, les mains accrochées à une chaise à côté de lui. L'ensemble de son corps tremble. Je vois qu'il maintient sa position uniquement grâce à ses bras. Ses jambes ne sont plus capables de tenir son poids. Il continue de débattre :

« Je peux vous aider, tu le sais. Même si je suis un peu blessé, je sais me battre, vous avez besoin de mon aide... ». La chaise sur laquelle il s'agrippe dérape et il s'effondre au sol. Il n'arrive plus à se relever, il est désespéré. Je l'observe quelques secondes tenter de se relever vainement, puis vais pour l'aider. Une fois assis, je lui explique :

« Je suis vraiment désolé pour ce que tu as subi, mais dans ton état la meilleure chose que tu puisses faire, c'est rester à l'écart en attendant que tu te rétablisses. »

Il dévie mon regard et reste de marbre face à mes paroles. Je le laisse seul et retourne m'équiper.

Une fois prêts, nous partons en direction de la rivière au nord de la ville. Nous y trouvons une grille dans la muraille. Joakim pose ses mains sur les gonds et les gèle. Cela terminé il donne un coup de pied sur la grille qui tombe. Nous avançons dans les égouts, l'odeur est nauséabonde. Nous avons l'eau au niveau des genoux, rendant les mouvements compliqués. Nous sortons après une vingtaine de minutes qui me paraissent interminables. Nous tombons nez à nez avec deux gardes qui dégainent leurs épées à notre vue. Joakim et Loik préparent des sorts, mais l'un des gardes interroge avec étonnement :

« Majesté ? C'est bien vous ? ».

Je lui réponds positivement et leur explique que j'ai un plan pour battre Traor, ainsi ils doivent me faire confiance et me laisser passer. Ils hésitent un peu, puis demandent quel est ce plan. Je leur montre l'épée et précise l'étendue de ses pouvoirs. Ils acceptent de nous laisser partir mais demande à ce qu'en cas d'échec nous ne parlions pas d'eux. Après cette rencontre nous allons à l'un des passages secrets et rejoignons le palais.

Nous arrivons à la salle centrale où Traor nous attend. Je dégaine mon épée, Joakim et Loik préparent des sorts. L'orque nous interrompt :

« - Magiciens, je vous invite à quitter cet endroit, je ne veux que l'empereur...

- On ne compte pas l'abandonner » répond Loik.

« Mais je ne vous laisse pas vraiment le choix, je détiens vos amis et si vous ne partez pas immédiatement je les exécute. Mais si vous partez, je les laisserai vous accompagner. » Ajoute Traor.

Je leur ordonne de rejoindre les autres et de les emmener en sécurité. Loik tente de me contredire mais je ne lui laisse pas la parole et insiste pour qu'il parte. Je ne veux pas les mettre en danger par ma faute. Joakim finit par le raisonner et ils quittent la pièce. Le mort se tourne vers moi et prononce :

« Nous voilà enfin tranquilles, je vais pouvoir assouvir ma vengeance. J'espère que tu es prêt à mourir, humain. J'en ai fait du chemin pour en arriver là. J'ai d'abord été assassiné par un misérable gnome. Ce lâche m'a bondit dessus et en a profité pour m'égorger. Il n'aurait jamais dû pouvoir m'assassiner, moi le grand Traor Hache-Ardente, l'orque qui unifia les Clans pour détruire L'Union. J'ai perdu la vie par un simple coup bas d'un misérable gnome. Après l'égorgement, un être squelettique est venu à moi et m'a demandé de l'accompagner, sans savoir pourquoi je lui ai obéi. Nous avons marché un long moment et sommes arrivés dans un endroit où il faisait terriblement chaud. Dans ce lieu sinistre régnait une ambiance anarchique, il y avait des hurlements et des sanglots de partout. Dès mon arrivée un démon m'accueillit d'un coup de fouet, me souhaitant bienvenue en enfer suivi d'un rire. Il m'expliqua que j'étais condamné à une éternité privée de toute forme de bonheur, condamné à errer sans but et être le jouet des démons. Je me suis retrouvé seul en enfer pendant plusieurs années. Les démons faisaient ce qu'ils voulaient de moi. Ils pouvaient même me tuer, je ne mourrai pas. Un jour l'un d'entre eux eut l'idée de me torturer brutalement pendant un mois entier. J'ai fini par craquer, je lui ai bondi dessus et brisé sa nuque. Je fus surpris d'avoir réussi à le tuer. J'avais déjà essayé en arrivant mais c'était impossible, ils étaient trop puissants et mes coups ne leur faisaient rien. Cette fois j'avais réussi à le tuer. Je vis une amulette sur son corps, je la pris et celle-ci me téléporta dans un autre monde. Celui-ci était glacial, j'étais entouré de cadavres déambulant. Je compris assez vite que j'avais retrouvé mon corps et que j'étais au beau milieu du monde des morts. J'ai commencé à chercher la sortie. Après de très longues années de recherche, je suis enfin tombé sur un immense portail qui m'emmena dans le monde des vivants. J'ai d'abord pris un peu de bon temps puis me suis rappelé que je devais me venger. Et me voilà sur le point de te tuer, d'anéantir tout ce que tu as construit et de reprendre mon trône. »

Il me fixe, serre les poings et court en ma direction. Je serre mon épée dont l'aura devient rouge et agitée. Lorsqu'il arrive vers moi, il tente de m'agripper par la gorge. J'évite sa main et plante mon épée dans son abdomen. Surpris par la douleur, il s'effondre. Une aura verte l'entoure, son corps commence à se dissiper. Je l'observe de haut puis lui ordonne :

« Retourne en enfer Traor, et ne reviens jamais parmi les vivants. Tu n'y as plus ta place. »

Je m'apprête à rejoindre les autres lorsque j'entends des bruits de pas venir vers moi. Je me retourne et voit un homme, vêtu d'un costume blanc, d'un chapeau haut de forme et d'un sceptre noir avec un orbe blanche. Il m'interpelle :

« - Bravo pour ce combat empereur. Même si je n'avais pas été omniscient, j'aurais parié sur ta victoire !

- Qui êtes-vous ? » Je lui demande.

« - Mon identité importe peu. Ce qui compte c'est le message que je t'apporte. Tu es le seul mortel pour lequel j'ai autant d'estime que les dieux. J'ai suivi ton parcours, c'est assez incroyable. Tu te diriges vers un avenir exceptionnel, de l'histoire de ce monde tu vas obtenir une reconnaissance unique.

- Quelle est cette reconnaissance ?

- Soit patient Allister, profites de ta vie pour l'instant. Continue d'accomplir des actes aussi uniques que ceux que tu as accomplis. Tu es devenu l'un des soldats les plus puissants de ce monde, tu es monté sur un trône que tu as façonné de tes propres mains, tu as restauré la paix dans ton empire et tu as affronté diverses épreuves faisant de toi une légende.

- Une légende ? Moi ? Je veux bien croire que j'ai fait des actions importantes qui resteront peut être dans l'histoire, mais je ne suis pas légendaire.

- L'humilité est une grande qualité, néanmoins tu peux la mettre de côté lorsque tu t'adresses au dieu des dieux. Si je suis venu te voir, c'est que tu mérites une certaine attention tout de même.

- Attendez, vous êtes Le Grand Seigneur MJ ? » Je ne reçois pas de réponse puisqu'il disparait avant même que de terminer ma question.

Je reprends la direction de ma famille un peu troublé par cette conversation. Je suis soulagé de voir que tout le monde est sain et sauf, j'embrasse Katrin et serre mes enfants dans mes bras.

Je pars ensuite en direction de l'état-major et ordonne au général des armées de renforcer le front, avec le retour de Traor les soldats des Clans risquent d'avancer tête baissée vers la capitale. Il faut en profiter pour anéantir leurs effectifs.

Le passé doit rester dans le passé et le présent doit avancer...

AllisterWhere stories live. Discover now