Chapitre 16: L'Enfant

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Cela fait maintenant deux heures que je suis dans mon bureau, à faire le bilan de l'année qui vient de passer. Il y a déjà trois ans que je suis sur le trône. J'ai pris l'habitude de réunir mes députés chaque année pour faire un compte rendu de l'évolution de l'Empire. Je demande à chaque spécialiste de me dire où en sont les affaires. Les députés économiques m'expliquent que les caisses de l'état ont gonflé de 10% cette année. Cela est dû aux modifications des traités maritimes entre la Terremer et la Terre D'Ygma, le continent au nord de notre territoire. Les députés politiques me racontent que l'influence des mouvements alliés aux conseillers continue de baisser auprès de l'opinion politique. Néanmoins, le chancelier des hauts-elfes, Polis III, souhaite la libération des conseillers hauts-elfes. Je lui enverrai une lettre pour lui dire que, vu le crime dont ils sont accusés, la libération n'est pas négociable, et j'en profiterai pour le mettre en garde de prendre la moindre initiative. Les députés diplomatiques m'annoncent que les relations avec la Terre D'Ygma continue de grandir mais que l'Assemblée d'Honneur refuse toujours l'alliance. Quant à nos relations avec les clans, chacun de nos émissaires ont été assassinés. Cela représente une douzaine de personnes. Enfin, je demande aux députés militaires l'évolution du front. J'apprends que malgré la mort de Traor Hache-Ardente il y a deux ans, les clans réussissent à maintenir leur puissance. Le front est toujours bloqué à la frontière de la forêt sylvaine. La moitié des Hautes-Terres, les Terres Naines et encore une partie des Terres Sylvaines sont encore sous le contrôle des clans. Malgré nos efforts de guerre, nous n'avançons pas. Je vais changer de stratégie de guerre pour l'instant : nous allons stabiliser le front et installer un poste de gardes fixe. Cela permettra de réduire de moitié le nombre de soldats au combat, et nous permettra d'économiser nos ressources. Nous continuons de régler certaines paperasses jusqu'à ce que l'un de mes émissaires arrive et déclare :

« Majesté ! Majesté ! L'Impératrice Katrin s'apprête à accoucher ! »

J'abandonne immédiatement mes actions et part en direction de sa chambre. À mon arrivée, le médecin et les sages-femmes sont déjà présents. En voyant Katrin et son ventre, je repense à ces neuf derniers mois. Lorsque l'on a réalisé qu'elle attendait un enfant, ce fut la plus belle nouvelle de ma vie. J'étais tellement heureux. Les mois qui ont suivi ont été intenses, mais malgré mon travail je trouvais toujours un moment pour Katrin, qui avait besoin de moi. Je regrette néanmoins de ne pas avoir été plus présent pour elle.

Je rejoins Katrin et la soutiens. Elle se tord de douleur, et je fais ce que je peux pour l'aider à supporter. Pendant plusieurs heures, les sages-femmes essayent de la relaxer et le médecin l'accompagne pour faire sortir l'enfant. J'ai beau avoir fait la guerre et être aux portes de la mort, je n'ai jamais été aussi stressé. Voir le visage de Katrin souffrant m'angoisse, mais j'essaye comme je peux d'être utile. L'enfant finit par arriver et nous apprenons que c'est un garçon. À ce moment-là, notre joie est immense. Je le prends dans mes bras et constate qu'il a les yeux de Katrin. Je lui chuchote :

« Mon fils, tu feras un grand Empereur, j'en suis certain. »

Je le pose ensuite près de Katrin. Le médecin me demande de partir afin qu'elle puisse se reposer. Dès que je sors de la pièce, Bran vient me voir et me demande :

« - Alors, comment ça s'est passé ?

- C'est bon, Katrin et le garçon vont bien.

- C'est donc un garçon, nous avons un héritier au trône. Même si tu as encore le temps, as-tu commencé à réfléchir à la succession et son éducation ?

- Je pense qu'il faudra qu'il apprenne la magie, j'ai compris avec Joakim que c'était une connaissance importante. Après, en ce qui concerne le travail d'Empereur, j'aurai tout le temps de lui apprendre. »

Après cette discussion, je rejoins mère. En me voyant elle me demande :

« - C'est un garçon ou une fille ?

- Un garçon

- Et comment va ta femme ?

- C'est bon, l'accouchement a été fatigant, mais elle va bien pour le moment : elle dort.

- Parfait. En tout cas, Al je suis fière de toi : tu es devenu un grand homme et tu commences à construire ta famille. Tu feras un très bon père, j'en suis certaine.

- Merci mère, au fait est-ce que vous sauriez où est Joakim, j'ai besoin de lui parler.

- Ton frère doit être dans la bibliothèque. »

Je vais donc le rejoindre. Je le vois, assis dans un fauteuil en train de lire un énième livre de magie. Je l'interpelle, il lève la tête et me raconte :

« - C'est dingue comme l'archimage Sanves n'était pas au point sur les entités magiques. Il les décrit comme des objets enchantés par des mages antiques : aujourd'hui nous savons que ce sont des micro-portails vers le Cosmos qui est l'origine de la psyché dans le monde. Oh, excuse moi je m'emporte dans des cours de magie, comment s'est passé l'accouchement ?

- Il s'est bien passé, Katrin se repose. Nous avons eu un garçon, donc un héritier. Je suis là pour te demander quelque chose.

- Dis-moi ?

- Voudrais-tu être le parrain et précepteur de mon fils, j'ai besoin que quelqu'un lui apprenne à se défendre.

- Bien sûr, j'en serais honoré, par contre je ne sais pas comment je vais faire avec mon poste de sorcier à l'académie...

- Eh bien, j'aimerais que dans cinq ans tu viennes, et que tu repartes avec lui. Tu pourrais t'occuper de son éducation le temps nécessaire selon toi.

- Très bien, mais es-tu sûr que Katrin acceptera ?

- Non, mais je saurai lui expliquer la situation pour qu'elle accepte. Donc ne t'en fais pas. ».

Je repars ensuite dans la chambre de Katrin, pour prendre de ses nouvelles, et la vois allongée dans son lit avec notre fils dans les bras. Elle est très fatiguée. Je m'approche d'elle. Elle me regarde avec un léger sourire et me demande :

« - Comment vas-tu ?

- Ahah c'est toi qui demandes ça ! Je vais bien, merci. Et toi ?

- Je suis très fatiguée mais au comble du bonheur. Je suis tellement fière d'avoir donné naissance à notre fils et au prochain empereur de Terremer.

- D'ailleurs, ce petit Empereur n'a pas de nom.

- C'est vrai. J'avais pensé à Loik : ça signifie la gloire. Ce sera un empereur plein de gloire.

- J'aime beaucoup ce prénom. Je suis d'accord, notre fils s'appellera Loik. »

C'est ainsi que ma femme a donné naissance à Loik Draos, deuxième empereur de Terremer.


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