40. Premier rencard

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Vous pouvez remercier le Nano, je pense que sans ça vous n'auriez pas de chapitre de BB avant quelques semaines encore (la formation me prend beaucoup de temps, c'est assez intense, et j'arrive dans un temps de BB qui est assez difficile à écrire : de plus en plus de monde suivent BB et ça me fout la pression l'air de rien, peur de faire les choses dans le mauvais sens, de ne pas garder la cohérence ou l'ambiance de BB + on arrive sur les choses sérieuses et ça non plus je n'ai pas envie de le foirer). Merci à vous, je lis vos commentaires avec toujours autant de plaisir et je suis contente de voir de nouveaux lecteurs rejoindre tous les jours cette histoire qui me tient tant à coeur. ♥

Il fallut trois jours avant que Milan ne se décide à contacter Alice. Chaque soir, c'était la même rengaine. Il prenait son téléphone, ouvrait ses contacts, taper le nom de la jeune fille et appuyer sur le numéro puis raccrochait avant même que la première sonnerie intervienne. C'était stupide. Il ne s'était jamais montré aussi timide avec une fille. Il se faisait l'impression d'être un adolescent, alors qu'il était censé avoir dépassé cette étape depuis un certain temps.

Même ses colocataires en avaient marre de le voir agir comme un zombie, à regarder son portable sans arrêt et à ne les écouter qu'une fois sur deux. Ce fut finalement Evan qui prit les devants, le troisième matin alors que Milan regardait une nouvelle fois l'emploi du temps de la jeune fille. Il se pencha sur son épaule pour lire le document.

- Tu devrais lui proposer de manger avec elle ce midi. Vous ne reprenez les cours qu'en fin d'après-midi, ça vous laissera le temps de... tu sais !

Apparemment Evan trouvait ça drôle de lui renvoyer toutes ses blagues idiotes de son début de relation avec Carole. Milan, lui, riait plus jaune. Son meilleur ami n'avait pas tort pour autant. C'était sans doute le meilleur moment dans la semaine pour proposer à Alice de se voir.

« Hey ! Tu es libre à midi ? On pourrait se voir pour manger le sandwich que je t'ai promis ? »

Le ton était à la désinvolture. Il essayait de prendre tout ça de manière décontractée, comme si c'était quelque chose qu'il faisait tous les jours. Il n'arrivait pourtant pas lui-même à s'en convaincre, au vu de la boule de stress qui grandissait peu à peu à lui.

Ça ne s'arrangea pas quand son téléphone vibra quelques secondes seulement après l'envoi du message. « Ok » ou comment un simple mot pouvait raviver l'angoisse qui le tenait. Certes, il ne s'était pas attendu à ce qu'elle s'épanche en long, en large et en travers par texto mais ça restait brutal.

Il verrouilla de nouveau son téléphone pour arrêter d'y penser mais n'arriva pas à se concentrer sur le cours des maladies infectieuses. Il ne cessait de s'imaginer la future scène et aucun scénario n'arrivait à le calmer. Et c'est donc mal à l'aise qu'il se retrouva devant l'université, à midi tapante.

Alice était là, appuyée contre la façade de l'établissement, un livre dans les mains. Elle faisait fi de ce qui l'entourait, et c'était d'ailleurs placée de manière à ne pas être dérangée par les passants. Elle était tellement dans sa bulle qu'elle ne l'avait pas encore remarqué. Il ralentit le pas, histoire de retarder un peu plus l'échéance. Il avait besoin d'une plus longue préparation mentale.

Il lui fallut se rappeler pourquoi il l'avait invité à déjeuner initialement pour se remettre à marche à un rythme normal et enfin se placer devant elle, lui faisant de l'ombre. Elle releva instantanément le regard vers lui. Il ne sut si ça lui faisait plaisir de le voir mais elle rangea son livre dans son sac et lui demanda s'il avait une idée d'endroit en tête.

Deux kebabs et trois sandwicheries plus tard, ils finirent par tomber sur un petit restaurant sans prétention qui n'était pas trop bondé. Il faisait des snacks à emporter pour l'heure de midi. L'idéal pour leur déjeuner. Ils n'eurent que quelques minutes à attendre avant de se diriger vers un parc non loin de là, leurs sacs de nourriture à la main.

Heureusement, il faisait beau. Ils allaient pouvoir se poser et profiter de leur repas. C'en n'était pas moins gênant. Milan avait l'impression que tout ce qu'il allait dire serait à côté. Comme s'il était en examen et qu'il devait faire ses preuves. Etonnamment, ce fut Alice qui prit la parole la première.

- Tu savais que les corbeaux peuvent communiquer entre eux par signes ?

Non, il ne le savait pas. En même temps, il s'était rarement intéressé aux oiseaux. Mais ça c'était avant Alice. A présent, il allait devoir ouvrir le champ de ses connaissances, sinon il ne pourrait jamais suivre.

- En vérité, ils sont même capables de se faire des blagues entre eux. Par exemple, ils peuvent jouer avec d'autres animaux en les provoquant avant de s'envoler pour ne pas se faire attraper.

La tonalité de sa voix baissa au fur et à mesure qu'elle racontait son anecdote pour finir dans un chuchotement. Ses yeux se concentrèrent sur son sandwich qu'elle tenait entre les mains, même si elle ne se décidait pas à le manger. Il comprit alors ce qui se tramait dans sa tête. Même les corbeaux connaissaient mieux l'espièglerie qu'elle. Il ne savait pas quoi dire pour lui remonter le moral, il n'avait jamais été doué avec ça. Alors il dit une des seules choses un peu insolites qu'il connaissait à propos du monde animal.

- Les pieuvres peuvent apprendre à reproduire quelque chose qu'elles ont vu faire par quelqu'un d'autre, ce n'est pas fou ça ?

- Ce sont surtout des grands prédateurs. Certaines sont capables d'avaler des requins d'un mètre.

Elle lui avait répondu, et en soit c'était une petite victoire. Elle ne s'était pas totalement renfermée sur elle-même.

- Elles peuvent aussi créer des teintes très variées et émuler des textures en trois dimensions.

Milan n'était pas certain qu'il l'écoutait toujours, il s'était de nouveau perdu dans la contemplation de ses lèvres. Ce n'était pas de sa faute, elle avait un peu de mayonnaise au coin des lèvres et il devait se concentrer pour ne pas esquisser un geste vers elle pour la lui enlever. Il avait l'impression de devoir lutter contre son instinct de manière constante pour ne pas la blesser et, en même temps, une petite voix lui disait que ce n'était pas la bonne solution.

- Il y a un problème ?

Il pouvait voir à quel point ça lui coûter de lui poser cette question. Elle avait certainement remarqué son obsession pour ses lèvres et il devait passer pour un taré à présent. Quitte à s'être grillé, autant y aller jusqu'au bout. Il se pencha vers l'avant, et posa avec douceur son pouce sur la fossette d'Alice. D'une caresse, il enleva la tâche puis s'essuya avec une des serviettes du restaurant. Il se serait bien attardé sur le coin des lèvres de la jeune fille, si doux sous ses doigts, mais il savait que ce serait la goutte d'eau en trop.

Alice se recula de manière imperceptible, sans doute choquée de son audace. Elle ne fit pourtant pas de crise de panique et se contenta de piocher dans son paquet de chips, détournant le regard vers le reste du parc. Etait-ce un progrès dans leur relation ?

Blue BlurredWhere stories live. Discover now