44. Moment de répit

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Hello les petits loups ! 

Je sais que cette suite a été très demandée, j'ai aucune excuse, les 3/4 du chapitre étaient écrits depuis longtemps mais je n'arrivais pas à finir ce chapitre ! Vous verrez, la fin est un peu bâclée mais on avance ! (En fait j'ai l'impression de rajouter des longueurs pour rien, histoire de ne pas arriver trop vite à la fin de cette histoire et ça ne me satisfait pas ^^). 

Merci de votre soutien, vous permettez cette histoire chaque jour. Et recevoir vos commentaires (auxquels je ne réponds pas forcément il est vrai, je suis nulle à ça) c'est indescriptible. ♥

Milan apprécia que la jeune fille ne lui demande pas ce qu'ils faisaient là, dehors, alors que la nuit était déjà bien avancée. Il profitait de ce moment de répit, allongé dans l'herbe, mettant en pause ses questionnements, bien qu'elle soit la cause de ses récents maux de tête.

Elle n'avait pas dit un mot depuis qu'elle l'avait comparé à son frère. Mais ce n'était pas dérangeant. En réalité, c'était plutôt apaisant. Les yeux fermés, l'avant-bras droit placé derrière la nuque, le bruit de la ville lui parvenait au loin tel un murmure. Plus proche, la symphonie était différente : la brise dans les arbres, les discussions des personnes qui rentraient tard chez eux, le crissement des pneus de leurs taxis qui repartaient. Dans le silence, tout résonnait plus fort.

Il ne rouvrit les yeux qu'après quelques minutes, calmant ses derniers reflux de provocation qui lui venaient à l'esprit suite à l'altercation avec Emile. Apaisé, il tourna la tête vers Alice. Pour une fois qu'il avait un prétexte pour observer de plus près son visage. Ses lèvres se mouvaient, mimant en silence les astres au-dessus de leur tête, et l'attiraient dangereusement. Il sourit. Avant, avec n'importe quelle autre fille, il n'aurait pas hésité. Il se serait penché au-dessus d'elle et aurait posé sa bouche sur la sienne. Mais là, il savait que son initiative serait perçue comme une agression, ce qui n'était pas le but.

Alors, il resta ainsi, la tête penchée sur le côté à essayer de deviner le nom des étoiles qu'elle nommait mentalement. Il n'avait jamais été bon pour lire sur les lèvres mais là c'était un échec total. Il n'avait de toute façon pas les connaissances nécessaires pour palier son incompétence. Il ne s'en préoccupa pourtant pas, à cette heure-ci, ce n'était pas important.

- Tu viendras ?

Il était tellement concentré sur son visage qu'il mit du temps à saisir qu'elle venait de lui parler. Sa tête n'avait pas bougé et elle n'exprimait aucune émotion. Il fallut qu'elle se retourne, les yeux interrogateurs, pour qu'il s'en rende compte et cherche dans sa mémoire ce qu'elle avait bien pu lui demander.

- Où ?

- Au concours.

- Si tu veux, oui.

Milan ne savait pas dans quoi il venait de s'engager mais tout ce qui importait était le soulagement qu'il lisait sur les traits de la jeune fille. Il ne savait pas exactement quand c'était arrivé, ce moment où elle était passée avant lui dans ses priorités, mais cette promesse l'officialisait.

- On peut réviser ?

- Là, maintenant ?

Elle n'avait pas ses fiches sur elle et il n'était pas sûr d'être en état de suivre un traître mot de ce qu'elle allait lui dire. Pourtant, il était incapable de lui refuser quoi que ce soit. Il suffisait qu'elle pose les yeux sur lui, lui demande quelque chose pour qu'il s'empresse d'y répondre. Pathétique.

- Ok, mais tu n'as pas tes fiches... et je ne connais pas les annales par cœur.

- Passe-moi ton téléphone.

Il le déverrouilla du bout des doigts et le lui passa sans poser de questions. Elle n'était ni curieuse, ni intrusive, en tout cas pas volontairement. De toute façon, il n'avait rien à cacher.

- Voilà !

Il récupéra son portable et remarqua qu'elle avait cherché les annales sur Internet et les fichiers étaient à présent téléchargés dans son mobile. Ils passèrent la demi-heure suivante à enchaîner les questions, Alice les yeux rivés au ciel, répondant presque automatiquement, Milan trébuchant sur certains mots perdu dans son observation.

- Tu dois être fatigué.

Elle pencha la tête vers lui, l'affirmation sur le bout des lèvres. Ses grands yeux le fixaient, en quête d'une réponse, et il était prêt à s'y perdre si elle le lui demandait.

- Tu te trompes un mot sur trois.

Il se passa la main sur le visage, dans ses cheveux, reprenant ses esprits.

- Désolé, je crois que l'adrénaline retombe un peu. Je devrais sans doute y aller.

C'était un mensonge éhonté, mais il n'allait pas avouer que son hésitation n'était pas due à la fatigue mais à son trouble quand il se trouvait à ses côtés. Il sentait également que c'était le moment pour lui de partir. Il était en train de voler des heures de sommeil à la jeune fille, juste par égoïsme, alors qu'elle en avait besoin.

Elle avait détourné le regard et il n'arrivait pas à savoir ce qu'elle pensait. Il se releva, s'apprêtant à partir, et elle ne fit aucun geste pour le retenir. Cette même appréhension du contact qui empêchait le jeune homme de faire ce dont il avait envie. L'embrasser sur le front pour lui souhaiter bonne nuit, par exemple.

Il se pencha de nouveau pour prendre ses affaires, et oublia une partie de ses principes en lui tendant la main pour l'aider à se relever. Elle la regarda un instant avant de la saisir. Le parfum de la jeune fille remplit ses narines quand elle se retrouva debout, très proche de lui. Il balbutia, essayant de lui souhaiter bonne nuit, avant de prendre la fuite se trouvant ridicule. Depuis quand il ne savait plus parler à une fille ?

Il ouvrit l'application messages de son téléphone portable et sa bulle s'éclata finalement. Comme de trop nombreuses fois ces dernières semaines, Evan et ses amis avaient cherché à le joindre plusieurs fois – après son départ précipité du bar et sans doute quand ils s'étaient rendus compte qu'il n'était pas rentré à l'appart. Fatigué de devoir se justifier, il envoya juste un message à son meilleur ami pour lui signifier qu'il était en vie, qu'il s'était seulement promené pour se calmer. Un mensonge dont il n'avait même pas honte.

« J'espère qu'Alice allait bien. »

Mensonge qui n'avait pas tenu longtemps, Evan était loin d'être dupe.

« Faut qu'on parle. »

« Je suis lessivé, j'ai juste envie d'aller me coucher. »

Et ce n'était pas un mensonge de plus, il avait mal au crâne depuis qu'il s'était remis debout, il avait juste envie de retrouver la position verticale, dans son lit, et dormir d'un sommeil sans rêve.

« Va dormir, mais tu ne pourras pas toujours fuir cette discussion, Milan. »

Blue BlurredWhere stories live. Discover now