Chapitre 3

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"Le Professeur et la cigarette, avec la machine temporelle, tombent sur le dos d'un loup qui possède un réacteur à matière noire permettant de monter dans le grenier."

Le Professeur, sa fidèle cigarette au coin des lèvres, regarda fièrement sa nouvelle création.

"Et voici devant vos yeux ébahis, la première machine temporelle en peau de loup !" s'écria-t-il en s'auto-applaudissant à tel point que sa cigarette manqua de tomber à plusieurs reprises. Sa secrétaire leva furtivement les yeux de ses cinq cents pages de dissertation sur les castors lapons hermaphrodites pour jeter un regard blasé au savant fou. Elle lui fit remarquer un détail :

"-Professeur, sauf votre respect, la peau de loup est un matériau ni solide, ni adapté pour faire voyager quoi que ce soit...

-Silence, Babayaga ! Tu en utilise bien des tonnes pour tes marmottes russes transsexuelles !"

En effet, la jeune femme tannait elle-même des peaux animales pour obtenir un support de bonne qualité. La peau de loup était de celles qui donnaient un des meilleurs résultats.

"-Ce sont des castors lapons hermaphrodites. Et je ne m'appelle pas Babayaga.

-Une sorcière ne peut porter qu'un nom de sorcière ! Mouahahahahaha !"

La secrétaire soupira et entreprit de se teindre les cheveux en bleu.

Le Professeur éclata d'un rire de dément.

La cigarette tremblait de plus en plus. Alarmée, la secrétaire se leva de son bureau et s'approcha de son chef.

"Votre cigarette..." commença-t-elle alors que le Professeur se mettait à tousser. À ce moment-là, le drame arriva : la cigarette s'échappa de la bouche du scientifique. Ses yeux s'agrandirent sous l'effet du choc. Comme au ralenti, il tenta de la rattraper ; mais une autre main arriva par dessous, saisit l'objet, et le lui colla dans le bec. Soulagé, le Professeur porta la main à sa bouche en remerciant sa secrétaire du regard. Que se serait-il passé si la cigarette avait touché le sol ? Nulneux le sait.

Bien décidé à aller voir ce fameux Nulneux qui semblait savoir tant de choses, le savant fou se dirigea vers sa machine. Il entra, alluma l'engin grâce à diverses commandes anti-conformistes et pro-nucléaires, puis éclata d'un rire sardonique. La secrétaire tendit la main, écarta les doigts, puis se tourna de 67,42 degrés vers ta gauche en suivant du regard l'orbite de la planète Mars.

Le Prof et sa cigarette se crashèrent comme prévu sur le dos de Goz, le loup transgénique interplanétaire et sucré. L'animal leur demanda :

"-Est-ce que les Vénitiens procrastinent avec la folle psychopathe lorsque mes oreilles sont poilues ?

-Oui, car la licorne sans corne déchire tout."

Le loup hocha la tête et leur donna un réacteur à matière noire.

"Servez-vous en pour monter dans le grenier", leur dit-il.

Et le professeur s'enfuit, le réacteur sous le bras, de peur que Goz ne se rende compte quelle était la matière qui composait la machine temporelle.

Quelques unités astronomiques plus loin, il actionna le présent du loup et se retrouva dans le grenier de Nulneux. Celui-ci était assis dans un coin, tout sourire. Il commença à parler. Il raconta la vie, il raconta la mort. Il énonça les lois de ce monde et le théorème de Pythagore. Il affirma l'unité et la vraisemblance de toutes les choses. Ses paroles étaient merveilleuses ; elle s'envolaient, s'enroulaient autour du monde. Le Professeur et la cigarette étaient subjugués.

Lorsque Nulneux s'arrêta, il était quatre heures du matin. Légèrement étourdi, le savant s'inclina profondément devant celui qui lui avait révélé les secrets de l'univers, de la vie et de la recette de la tarte aux pommes de sa grand-mère. Un sourire serein flottant sur ses lèvres, il rentra paisiblement chez lui en jouant avec sa cigarette, .

Pendant ce temps, sa secrétaire avait obtenu la deuxième place au concours universel de "celui qui met le plus de flèche dans le genoux d'un garde".

Les Chroniques étrangesWhere stories live. Discover now