Prologue

475 29 8
                                    

Peu importe ce qu’on a perdu, on doit essayer de retrouver le bonheur car il est probablement quelque  part aux alentours. Faudrait tout simplement que l’on veuille le voir ou que l’on se détache de l’habitude qui gouverne notre vie. Mais que faire quand le cœur ne veut nullement  se résoudre à tourner la page et s’obstine encore à croire qu’au fil du temps tout finira par s’arranger et redevenir comme avant . Un avant n'ayant parfois jamais été ou qui n'existe plus que dans nos pensées. On cherche à embellir des souvenirs en pensant au sourire de l'autre ou à un mot dénué de sens qui s'est échappé de sa bouche jadis . La relation paraît avoir été magique lorsqu'on y est plus ou qu'on ne jouit plus de certains avantages d'antan. Scarley cherche sans cesse à détecter le moindre de ses failles à se rappeler des fois ou par mégarde elle avait fait un mauvais pas pour se convaincre qu'elle mérite d'avoir été abandonnée. Elle se dit que tout ce qui est arrivé n'était que pour l'ouvrir les yeux sur l'importance de celle qu'elle avait à ses côtés. Ce sont de belles pensées pour se laisser berner par la vie. Des idées pour se réconforter et garder espoir. Scarley n'a pratiquement rien changé de ses habitudes d'avant. Elle est tout aussi retardataire. Elle mange ses sandwichs sans moutarde et mayonnaise. Elle boit son café sans sucre.  Elle se baigne avec de l'eau froide même lorsqu'à présent le système installé chez elle lui permet de se baigner dans un jacuzzi avec de l'eau tiède. Elle ne pratique pas d'activités physiques même lorsque pour lui faire plaisir, son frère à aménager une salle spécialement pour qu'elle puisse faire du sport lorsqu'elle en a envie. Elle continue de mettre son carnet de secret dans le deuxième tiroir de sa table de chevet, sous le dictionnaire larousse que son père l'obligeait à étudier lorsqu'elle était petite. Elle évite de changer ses goûts vestimentaires donc elle opte pour ses t-shirts, jeans et baskets. Elle continue de détester la viande moulue. Elle n'essaie pas non plus d'agrandir son horizon. Elle veut demeurer la même Scarley qui avait attiré Vanessa. Elle n’ose pas entreprendre quoi que ce soit qui l’éloignerait d'elle. Lorsqu’au hasard elle rencontre une personne, qui aurait pu devenir son amie, elle fait tout pour que cela se brise, quitte à inventer des défauts pour la personne ou a tout simplement se dire qu’elle finira par lui faire du mal. Dans sa tête Vanessa ne peut être que celle qui l’aidera à guérir de son mal être. Comme lorsqu’on utilise le  virus tué comme élément principal du vaccin pour traiter la maladie. À la différence que Vanessa ne sera pas tuée, c'est la petite protégée de Scarley. Elle est diablement irremplaçable et inoubliable.

-Ley d'amour !

La voix résonne fort mais Scarley n’arrive pas vraiment à savoir qui l’appelle. La salle vaste et bruyante est bondée de gens qui, faisant du va et vient, anime l’atmosphère. Il est difficile de repérer qui que ce soit surtout lorsqu’on n'est pas ancré dans l’ambiance. Ley parcourt la salle du regard mais ne voit pas qui cela pouvait bien être. D’habitude, y a que son frère qui l’appelle par ce surnom mais ce ne pouvait être lui. De sa bouche, les mots résonnent autrement, ils sont parés d’amour et de tendresse. Elle aurait pu le distinguer parmi des milliers d’autres. Ce n'est pas lui mais sa mère. Hilary avance vers sa fille avec à ses côtés une belle sexagénaire qui affiche une personnalité forte et une élégance de noblesse. Tout à fait le genre de personne que sa mère côtoie tous les jours dans son cabinet.

-    Ahh ma chérie, te voilà enfin . Je te présente Orna. C’est l'une de mes fidèles clientes.

-    Enchantée madame!

-    Oh Hilary qu’elle est ravissante ta fille. Regarde moi cette robe. Elle est magnifique.

Scarley affiche un sourire aussi faux que les fesses des stars hollywoodiennes puis virevolte dans sa robe flambant neuve, tout juste déballé pour l'occasion. Les yeux d'Orna brillent d'admiration. Elle joint les mains comme pour la prier de l'emprunter la robe. Scarley l'aurait fait volontiers si cela dépendait d'elle car en réalité, elle se sentait mal dans sa peau. Elle était trop remarquable et  ses courbes trop mises en valeur  à son goût. C’est sa mère qui avait choisi cette robe, ainsi que les talons et bijoux assortis . Ley ne voulant se faire gronder en un jour si important pour elle, s’était juste contenté de se courber à toutes les volontés de sa mère.

BonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant