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-Maman, maman, regarde ce que j'ai trouvé. Il bouge sans cesse. Il est fascinant, tu trouves pas?

Sa mère souriait déjà sans même savoir ce qu'il avait en main. Rien n'aurait vraiment pu l'étonner. Avec Jason l'on pouvait s'attendre à un peu de tout, sa mère lui avait acheté un livre pour qu'il ait une plus grande idée de l'ensemble des animaux qu'il pourrait toucher mais cela ne l'intéressait pas vraiment. Il ne souhaitait pas être biologiste le gamin. Il voulait Juste tout palpé avec ses doigts sans nulle connaissance comme s'il craignait que trop de savoir lui rende méfiant vis à vis des plaisirs de l'enfance insouciante. Sa mère a essayé une ou deux fois de lui lire des passages avant de le mettre au lit mais cela ne faisait que l'endormir beaucoup plus rapidement que d'habitude. Au final, elle avait dû arrêter de le trainer avec elle dans la nature sauvage. Elle y allait à chaque fois seule avec l'impression de sentir la souffrance de Jason assis en compagnie de son père. Cela semblait chouette de laisser les fils  en compagnie de leurs pères dans les vidéos tiktok ou dans les films, il paraissait  s’éclater tous les deux à jouer au foot ou au jeux virtuels. Les hommes qu'elles côtoient ont quant à eux un mal fou à s'entendre. Ils craignent tous les deux de faire un mauvais pas. Elle ne comprenait pas trop pourquoi le courant peinait à passer entres ces deux là .Car toute son adolescence, elle pensait souvent à l'homme qu'elle voulait comme mari et père de ses enfants, elle était convaincue d'avoir trouvé l'idéal. Elle n'avait pas de papillon au ventre, ni de coup de foudre ou regard qui s'éternisent. Juste de l'évidence. Juste un calme infini qui la rendait certaine, qu'ils se méritaient mutuellement, que chacun était le meilleur de lui même pour l'un et l'autre. Quel beau jour était-ce. Elle n'avait pas encore défait ses bagages, le tout était resté dans un recoin de la pièce mais elle ne pouvait se concentrer sur quoique ce soit. Elle avait besoin de sentir son nouveau paysage à fleur de sa peau de réfléchir à comment elle prendrait les reines de sa vie et ceci bien avant le début de l'université. Il n'était pas question que l'on puisse lire à travers elle, pas question qu'elle ait à expliquer quoi que ce soit de sa vie antécédente. Il lui faudrait donc un masque qui cacherait tout…comme le fera bientôt la neige blanche. Partout sur les réseaux, on ne parle que du froid et de la neige. Il ne tarderait pas à neiger ici également. Elle regardait son entourage avec l'envie de se souvenir des couleurs. Bientôt, l’on ne pourra pratiquement plus différencier les choses surtout là dans le blue spring où elle habitait. Y avait très peu de décor pour l'arrivée de la noël donc le blanc de la neige n'aura pas à rivaliser avec les décorations. Ce n'était pas un très bon accueil, enfin heureusement qu'elle avait trouvé cette bourse d'étude mais elle aurait préféré vivre au milieu de la ville là où tout bouge et nous empêche de rester trop longtemps perdu dans des souvenirs douloureux. Des blessures encore vives et sanglantes. Pour garder le sourire elle se disait tout simplement que ce n'était pas si mal que la vie lui ait donné un nouveau départ. Au milieu de nul part, loin de tout ce qu'elle avait bien pu connaitre jusqu'ici. Un papa Johns, s'arrêta et le passager qui en descendit coupa le fil de ses pensées. Il attira toute son attention sans grand effort. Il faut dire que des gens à la peau noire elle en voyait peu dans le coin, encore moins qui soit si sublimement vêtu. Il s'est probablement perdu de destination car faut pas dire que le point fort des américains c'est le code vestimentaire. Ils mettent un peu de tout dans un alliage carnavalesque.  Heureusement, qu'ils ont souvent le sourire aux lèvres car ce serait dégoutant de croiser tous les jours des gens mal vêtu et grognon. Ce devait être parce qu'il était bien habillé que l'inconnu ne souriait pas lui. Il paya le chauffeur puis d'une façon théâtrale se mit à essuyer le banc avant de s'asseoir. Cela l'a par ailleurs dégouté de voir un garçon si pointu, elle avait les aristocrates en grippe donc elle fut bien heureuse quand une fillette qui courait derrière la lesse de son chien trébucha et versa son coca sur sa chemise blanche. Loin de s'énerver, il avait couru à la suite du chien qu'il ramena à la fillette en lui chuchotant quelques mots. Elle est reparti sous le même élan. Quant à lui, il rangea sa veste de manière à cacher la tache puis se rassis. Sans cesse, il croisait puis décroisait ses pieds puis vérifiait l'heure. Pour une raison qu'elle n'a jamais su, la personne qu'il attendait n'est jamais venu. Il semblait contrarié lorsqu'il avait du partir mais il reflétait encore de l'élégance et de l'assurance. Elle l'a  si bien remarqué dans sa démarche et ses gestes qu'elle croyait ses ressentis fictifs. Certainement, qui aurait cru qu'il existait vraiment, l'homme qu'elle s'était imaginé. Loin d'être parfait, il avait ce truc indescriptible qu'elle cherchait chez un homme. Cet instinct paternel le protecteur, le genre d'homme qui croit et pari sur sa descendance. Beaucoup de temps s’était écoulé après cette fameuse rencontre mais elle était sûre qu'il allait revenir, cela ne servait à rien de vouloir brusquer les choses. Ce n'était pas une question de destiné, cela partait du principe que la nature nous mettait au commande de notre futur. Elle nous fournissait ce qu'on lui ordonnait et se chargeait de ce qu'on a de nos doutes. Lorsqu'on ne veut pas choisir, elle faisait son propre choix en fonction de nos craintes... Le père de Jason rouspétait souvent; en disant qu'elle devait faire attention à ce que touchait Jason. Inconsciemment, elle avait commencé à croire que quelque chose de mal pourrait arriver à Jason comme le prédisait son paternel. Elle s’était donc mise à l'interdire de toucher tel ou tel animal, envoyant à la nature l'impression qu'elle n'avait plus confiance en elle.  La nature a donc cessé de choisir pour Jason, elle le mettait face à toute sortes d'animal et le laissait choisir seul. Cela expliquerait bien, l'incident de la nuit du 15 décembre. Comme s’il suffisait d'un courant d'air pour que Jason attrape froid et se mette à toussoter et qu'elle-même ressente ce  terriblement froid… donc elle voulait s'assurer que son mari avait mit Jason au lit avec des vêtements chauds. Une bande dessiné trônait encore à côté de Jason bien que d'habitude son père rangeait le livre sur la table de chevet. Cela n'avait rien de suspect, elle s'était dit que Jason s'était probablement réveillé au cours de la nuit pour finir son livre. Son père lui avait acheté toute une collection y a quelques jours juste parce qu'il avait lu un article dessus en rodant sur le net et s'était dit que cela pourrait intéresser son fils addicté aux  japanimes. Jason les dévorait et prenait un malin plaisir à faire le résumé de chaque passage mais aussi à comparé les héros avec ceux qu'il avait lu auparavant.  Il racontait  des trucs du genre :  Luffy est doté d’une force aussi grande que son appétit gargantuesque, qu'il est intéressant même si  Gon de Hunter x Hunter ou encore Sangoku de Dragon Ball sont plus intéressants à bien des niveaux. Il n'oubliait aucun détail, au point où sa maman avait fini par tout savoir dessus sans les avoir lu. Le vent claquait, sifflait contre la vitre et faisait trembler les vitres. Elle s'approcha d’elles pour vérifier qu’elles  étaient fermer puis du lit pour mieux l'envelopper dans sa couverture. En tentant d'enlever le livre, quelque chose de couleur grise attira son attention. La gorge sèche elle hésita entre enlever Jason le premier ou le jeune serpent. Elle tremblait de panique mais n'arrivait pas à crier à l'aide. Jason bougea et dans un élan protecteur elle oublia sa peur des serpents et saisit l'animal avec ses doigts.  L'animal d'à peine 20 centimètres semblait encore soulé par le sommeil ou par la chaleur qu'il absorbait sous l'oreiller de Jason. Elle le lâcha au sol et le piétina jusqu'à s'assurer qu'il était bel et bien mort.

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