Je n'ai pas vu Églantine de la matinée. Je suis déçu, je pensais la voir. Je ne sais pas quoi faire de mon après-midi. Je n'ai absolument pas envie de faire des maths ou de la physique. Tout, sauf ça. Une petite sieste me fera du bien. Je m'allonge sur mon canapé. Je repasse mentalement en revue, encore une fois, la soirée passée avec Églantine. Je me rappelle lorsqu'elle m'a caressé l'épaule pensant que j'avais froid. C'était mignon. Je ressens à nouveau les sensations de sa main contre la mienne lorsque nous étions dans sa voiture. Je me souviens de la force qu'elle a déployée en la serrant. Peut-être se donnait-elle du courage en faisant cela ? Il en faut pour me séduire !
Je ne comprends pas ce qui l'attire chez moi ? Je ne suis pas vraiment beau. Je suis distant. Je n'ai aucune conversation. Je me sape mal. Si j'étais une fille, je me trouverai plutôt repoussant. C'est difficile de comprendre d'où nous vient cette attraction ou aversion qui surgit naturellement à la vue d'autrui. Tous ces rouages qui s'animent à notre insu, sans que nous ne puissions en avoir une quelconque prise sur eux. Un jour ou l'autre, l'homme parviendra certainement à contrôler ces mécanismes. Dans un sens, je ne le souhaite pas. Ne pas savoir par quoi nous sommes déterminés, c'est aussi une forme de liberté qui s'offre à nous. Car dans l'ignorance, les choses sont bien plus magiques et mystérieuses. C'est grâce à ces forces que des femmes peuvent s'acoquiner à des hommes comme moi.
Je commence à comprendre. Je veux que les autres perçoivent le monde tel que je le vois. Mais est-ce qu'en faisant cela, je souhaite retirer du regard des autres toute substance magique de ce que je suis et de ce que nous sommes ? De fait, je veux les forcer à renoncer à leur rêve éveillé pour qu'ils entrent dans le mien. Je veux les forcer à me détester pour qu'ils comprennent qu'ils vivent dans l'erreur. Car au fond, je me déteste moi-même. Je déteste ma propre réalité. Et pourtant, elle est fausse. Cette réalité que je me suis construite n'est qu'une illusion, comme la leur. Je n'ai pas le droit de l'imposer comme étant celle qui domine toutes les autres. Je suis assez intelligent pour savoir que ce serait parfaitement idiot. Au final, je suis tout aussi peu humble que ces personnes que j'ai assommé de ma logique et de mes connaissances. Je ne suis qu'un homme. Juste un connard d'être humain. Malhabile et prétentieux.
Je me sens souvent hors du monde. C'est là que je commets ma plus grande erreur. J'y suis complètement empêtré au côté de mes congénères. Certains se tendent la main pour essayer de s'en sortir. D'autres se laissent ensevelir...
Il faut que je change!
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Lucas
RomanceLucas rejette émotions et sentiments et n'accorde de l'importance qu'à la logique. Mais une rencontre va bouleverser sa vie...