Chapitre 2

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Un immense bâtiment se dressait devant moi. La mairie était de loin l'édifice le plus imposant de la ville. C'était là que les candidats passaient le Test. Des centaines de jeunes se pressaient vers l'entrée. Ce Test n'était pas obligatoire, mais ceux qui voulaient s'y rendre devaient le faire avant leurs 18 ans. Les autres étaient automatiquement inscrits dans les vieilles usines.

Je suivis les autres candidats et entrai dans le bâtiment. L'intérieur était aussi impressionnant que l'extérieur. De longues colonnes longeaient le couloir qui menait à la salle de test. Une immense queue patientait dans l'allée. Je suivis le mouvement et me plaçai à la fin de la file d'attente, à côté d'une fille perchée sur des talons immenses.

— Tu viens pour le test ? dit-elle sèchement.

Mon Dieu, qu'elle est perspicace.

— Non, je passais juste. Je suis déjà admise.

Elle me regarda avec des grands yeux, puis compris peu à peu l'ironie.

— Tu te trouves drôle ? Tu crois vraiment que tu vas réussir ce test ? Seuls ceux de la haute société y arrivent, les pauvres retournent dans leur trou en chialant.

— C'est ce qu'on verra.

Une heure plus tard, j'entrai dans la salle. C'était la plus longue heure de ma vie. La pimbêche aux talons aiguilles ne cessait de lancer des piques à ses voisins sur la pauvreté de certaines personnes, qui ne devraient, d'après elle, même pas être autorisées à passer ce test. Mais j'avais trop peu confiance en moi pour lui tenir tête.

On cocha mon nom sur une des nombreuses feuilles d'appel et je m'assis à la place qu'on m'indiquait. Évidemment, les riches avaient les meilleures places, puisqu'ils payaient pour les avoir, je me retrouvai donc au fond de la salle, sur une vieille table en bois, loin des fenêtres, et par conséquent, de la lumière. Je n'étais pas sûre de voir encore à la fin de l'épreuve.

Une heure passa à nouveau, pendant laquelle j'observai les candidats qui m'entouraient. Il y avait des grands, des petits, des riches, des pauvres. Il y avait les arrogants qui donnaient rendez-vous dans les écoles de haut niveau à leurs amis. Il y avait ceux qui se demandaient encore ce qu'ils faisaient là. Il y avait ceux qui révisaient. Et il y avait moi, sans doute tout en bas de l'échelle de richesse de la ville, et qui visait la plus haute place.

Enfin, un petit homme en costard cravate demanda le silence. Plusieurs personnes, habillées à l'identique, se mirent à distribuer des feuilles sur la table. Quiconque tenterait de les retourner avant le signal du départ, serait renvoyé du test sur le champ.

Quand tous les candidats eurent leurs feuilles, ce même homme leva le bras, comme s'il allait donner le signal de départ d'une course. Quand il l'abaissa, tout le monde retourna sa feuille, moi y comprise.

Je ressortis cinq heures plus tard, lessivée. J'avais l'impression d'avoir fouillé jusque dans les zones les plus profondes de mon cerveau. Je ne sentais plus ma main, et clignais des yeux à plusieurs reprises.

À peine fus-je sortie que ma mère me sauta dessus.

— Alors ? Tu as réussi ? s'exclama-t-elle, anxieuse.

— Je m'en suis bien sortie, répondis-je, n'osant trop m'avancer.

— J'espère que tu as donné le meilleur de toi-même.

Je levai les yeux au ciel.

— Oui maman, le meilleur pour le pire.

— Comment ça ?

— J'ai donné le meilleur pour gagner le pire. Tu crois que j'ai envie d'épouser le fils du gouverneur ? Je ne l'ai jamais vu de ma vie, et c'est sûrement quelqu'un d'arrogant et de hautain.

Le Ciel dans tes BrasWhere stories live. Discover now