Chapitre 14

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Ce soir-là, je descendis dans la salle du piano avec Matt. Le médecin était repassé quelques minutes après le départ d'Adam. Il n'avait bien sûr pas compris pourquoi je m'étais évanouie, ni pourquoi je semblais soudain en pleine forme.

Il était ressorti de la chambre en marmonnant, et j'avais à peine fait attention à lui.

Ce n'était pas la première fois que j'emmenais Matt avec moi. Il était déjà descendu deux ou trois fois, mais s'était endormi sur le canapé en nous écoutant jouer.

Mais aujourd'hui, il était surexcité, parce que je lui avais promis que je lui apprendrai à jouer. En descendant, j'entendis rapidement la mélodie qui s'élevait dans les airs. Adam nous attendait déjà.

Nous étions à peine rentrés dans la salle que Matt se jeta sur lui, et grimpa à ses côtés sur le fauteuil. Adam prit ses petites mains dans les siennes, et lui fit répéter la mélodie qu'il venait de jouer.

Matt se mit à rire, et Adam se tourna vers moi pour me faire un clin d'œil.

Je regardai leurs sourires avec amusement. La soirée promettait d'être belle.

***

Nous passâmes deux heures à jouer avec Matt, tantôt lui, tantôt moi. Adam m'apprit même un morceau à quatre mains.

— Je vais coucher Matt, lui dis-je quand il eut terminé de jouer un morceau. Il ne tiendra pas debout demain.

Il hocha la tête, et m'accompagna jusqu'à la porte.

— À demain, dit-il à mon frère alors que nous sortions.

— Tu m'apprendras à jouer comme Sky, hein ? dit-il en fronçant ses petits sourcils.

— Promis, lui répondit-il.

Je priai pour qu'il ne remarque pas que mon petit frère s'était trompé en m'appelant Sky au lieu d'Eden.

Le garde nous suivit jusqu'à notre chambre, mais nous avions à peine fait quelques mètres qu'une ombre tomba sur nous. J'entendis le hurlement de mon frère quand elle se jeta sur lui. Je poussai un cri et me précipitai vers lui, mais je sentis un couteau s'enfoncer dans mes côtes au même moment. Je repoussai mon agresseur, et entendis le garde sortir son arme. L'ombre recula, mais eut le temps de me pousser violemment avant de se tourner vers le garde. Je tombai et me cognai la tête sur le bord de la dernière marche de l'escalier. Je sentis une douleur sourde se propager peu à peu, et gémis. J'avais l'impression qu'on tapait dans ma tête à coup de marteau. J'essayai de me relever pour retrouver mon frère, mais la tête me tourna si violemment que je retombai. J'entendis le cri d'un homme, puis des pas précipités. L'ombre s'enfuit, le garde à ses trousses. Un homme se pencha sur moi, et m'appela. Je mis un moment à comprendre que c'était Adam. Agenouillé à terre, il me prit dans ses bras, et m'appela encore une fois.

J'essayai de répondre, mais les mots se bloquèrent dans ma gorge. J'avais l'impression d'être un pantin. J'étais incapable de faire ou dire quoi que ce soit. Adam me serra plus fort contre lui.

— Restez avec moi, murmura-t-il à mon oreille. Écoutez ma respiration, et suivez là.

Je m'efforçai de faire ce qu'il disait, mais ma respiration se perdait dans la sienne. Je ne distinguai plus la mienne. Son corps se tendit.

— Eden, s'affola-t-il, Eden écoute moi.

Est-ce qu'il me tutoyait ? Non, je devais perdre la tête. Pourtant, l'entendre me tutoyer réveilla mon corps, comme si une décharge électrique l'avait touché. J'essayai d'ouvrir les yeux, mais c'était trop dur. Je me concentrai sur sa voix.

— Il ne faut pas que tu t'endormes, tu m'entends ? Tu as pris un coup sur la tête. Si tu t'endors, tu risques d'avoir une commotion. Eden, tu m'entends ?

Je hochai la tête si faiblement que je n'étais pas sûre qu'il l'ait vu. Une main se posa sur mon visage.

— Je suis désolé, dit-il. Mais il faut absolument que tu restes éveillée. Il faut que je capte ton attention sur quelque chose.

Sa voix était lointaine. J'avais l'impression d'être dans un rêve.

— Je suis désolé, répéta-t-il une dernière fois.

Et il m'embrassa. Ses lèvres caressèrent les miennes, puis, se firent plus ardentes. Je fus si surprise que j'ouvrai les yeux. Il m'embrassait doucement, comme s'il avait peur de briser mes lèvres. Je fus soudain si éveillée que tous mes sens étaient aux aguets. J'entendis nos respirations qui s'accélérèrent, je sentis nos lèvres qui se touchèrent et je vis son visage si près du mien. Je frémis, et fermai les yeux. Mes mains se posèrent sur sa nuque. Ne t'arrête pas, le suppliai-je dans ma tête. Mais en sentant mes doigts dans ses cheveux, il s'écarta. J'eus soudain très froid, puis très chaud, en voyant son regard rassuré posé sur moi.

— Pourquoi avez-vous fait ça ? murmurai-je.

— J'ai cru que j'allais te perdre, me répondit-il.

J'allais répondre mais des bruits de pas précipités retentirent dans le couloir. Le garde revint, accompagné du médecin, d'Henri et de deux autres gardes.

Le médecin se pencha sur moi.

— Il faut l'allonger au plus vite, dit-il à Adam. Y-a-t-il un endroit proche avec un lit ou un canapé ?

— Allons au petit salon, répondit Henri.

J'appelai mon frère alors qu'Adam me soulevait, et suivait le médecin. Personne ne me répondit. Je me blottis contre lui, et me laissai bercer au rythme de ses pas, tout en me battant pour ne pas m'endormir. J'avais peur.

Le Ciel dans tes BrasOù les histoires vivent. Découvrez maintenant