19. Anthony

280 42 3
                                    

Je me tenais près de monsieur François, on discutait de certains avantages que procurait l'école de nos enfants lorsque mes yeux se posaient par hasard sur un petit trio intéressant.

Il ne s'agissait ni plus ni moins que de Tania, accompagnée de Richard, qui discutait avec Jasmine. Comme si cette dernière pouvait ressentir mon regard sur eux, elle s'était tournée vers ma direction, fronçant les sourcils, j'essayais de comprendre cette situation.

Tania avait la main posée sur l'avant-bras de mon meilleur ami, ce qui me fait rager intérieurement, pourquoi étaient-ils ensemble, d'ailleurs? Divers scénarios de meurtres et de tortures me viennent à l'esprit d'un seul coup, serrant les poings, j'essaie de me retenir pour ne pas aller coller une droite à cette tête de noeud qui me sert de collègue au cabinet.

-Je comprends mieux pourquoi vous ne placez plus aucun mot.

La voix de mon interlocuteur me sort de mes pensées, je lui fais un petit sourire et lui présente mes excuses pour mon comportement, toutefois, je remarque que Jasmine s'éloignait d'eux et mon fils allait trouver sa maman.

-Veuillez m'excuser maintenant, il faut que j'aille souhaiter à ma femme un bon retour chez elle.

Il incline légèrement la tête puis je me dirige vers mon ex-femme tenant son fils dans ses bras.

-Tu n'as pas du tout chômé! Si tu penses venir avec Richard comme pion sur l'échiquier, autant déclarer forfait tout de suite, lui dis-je à son oreille libre vu que Daniel avait sa tête posée contre elle.

Elle éclate de rire, notre fils en profite pour m'intégrer à son étreinte. Je chéris cet instant comme si j'avais peur que tous les deux me lâchent, j'aime mon fils et j'ai toujours fait ce qu'il fallait pour le rendre heureux mais là, je sens la culpabilité m'envahir, j'ai en quelque sorte brisé son idéal de famille heureuse...

Je m'écarte un peu d'eux, puis demande à Daniel d'aller trouver ses copains mais au moment où je m'apprête à ouvrir la bouche pour parler à Tania que Richard vient nous interrompre, il me salue puis lui demande si elle pouvait le rejoindre pour discuter. Je ne sais pas pourquoi mais cette situation m'inconforte, c'est comme si mon ami essayait de séduire mon ex-femme devant mes yeux sans le moindre gêne. Je regarde aux alentours, vérifiant que personne n'a remarqué ce qui vient de se passer, heureusement, non. Cependant Jasmine manquait à l'appel et c'est tant mieux, je n'ai pas du tout envie qu'elle s'approche de moi car ca pouvait éveiller des soupçons.

Profitant de l'instant que mon "ami" s'est éloigné, je prends son bras et la traine à mon bureau, elle n'arrêtait pas de se plaindre et de me demander de la lâcher, je marche tellement vite qu'elle a du mal à suivre mon rythme. Ce n'est qu'après avoir verrouillé la porte à mon entrée que je la lâche. Elle masse son poignet et émet un juron inaudible, relevant sa tête, je peux percevoir toute sa colère à travers ses yeux et même sa tête en était transformée:

-Mais tu es complètement malade! Qu'est-ce qui te prend de me saisir ainsi le poignet pour m'emmener ici? Je t'ordonne d'ouvrir cette porte tout de suite sinon je vais me mettre à crier.

Moi qui croyais qu'elle allait la défoncer à l'instant, me voici rassuré!

-Merci Tania!

Elle fronce les sourcils, totalement déstabilisée, elle met les mains sur ses hanches pour essayer de me dominer:

-Et en quel honneur?

-Pour avoir permis à Daniel de rester ici pour la fête. Il faut t'avouer que j'ai été surpris quand Jasmine m'avait annoncé qu'elle avait réussi à te convaincre de le laisser lorsque tu étais passée.

-Comment?

- Tu sais bien... lorsque tu étais venue le chercher.

Elle fronce les sourcils à nouveau puis finit par sourire:

-Ah, sacrée Jasmine!

-Cependant elle ne déborde pas autant de charme que toi aujourd'hui.

-Tu trouves?

-Toutefois, je ne comprends pas pourquoi tu as voulu faire de l'ombre à ce pauvre Richard.

-Pas aussi viril mais bon on s'est rencontrés juste devant, il garait sa voiture quand j'arrivais et comme je ne voulais pas entrer seule, je l'ai attendu.

-Ah et Patrick avait une urgence médicale?

-Ca ne date plus!

-Heureux de l'apprendre alors tu t'es donc permise de te consoler sur mon gigolo d'ami?

-Serais-tu jaloux?

-Non, quelle idée! Tu as toi-même dit qu'il manquait de prestance.

Elle émet un petit sourire puis se rapproche de moi, je peux sentir son parfum m'enivrer, elle passe timidement son pouce sur ses lèvres, elle essaie visiblement de me séduire et d'avoir un avantage sur moi. Pour ne pas me laisser prendre au piège, je la contourne pour me servir un verre.

-Tu es devenu faible, mon petit Thony!

-Et toi, une vraie garce!

Elle éclate de rire puis tend un verre vide vers moi.

-Tes parents ne veulent plus me voir qu'ils ont décidé de ne pas venir à la fête de leur petit-fils?

-Reviens sur terre, tout ne tourne plus autour de toi, mon cher. Ma mère a eu de légers soucis de santé alors ils ont dû aller à New York pour un traitement. Puis ce n'est pas comme si tu aimais leur compagnie non plus.

J'ignore sa dernière remarque puis lui remets son verre rempli qu'elle lève en geste de salut puis le boit. Elle essuie le liquide qui dégoulinait un peu de ses lèvres avec son pouce. Je déglutis.

-Bon, c'est la fin de notre entretien, lui dis-je en lui désignant la porte.

-Tu m'as amenée à ton bureau seulement pour parler de ma vie privée et de mes parents? J'en doute fort!

-Je voulais prendre de tes nouvelles mais dorénavant, je ne souhaite plus te voir de ma vie si ce n'est que lorsqu'il s'agit de Daniel.

-C'est drole! Je voulais dire pareil.

Nous nous regardons un moment, mes yeux se dirigent vers ses lèvres, je la vois qui les mordillait. Je n'en peux plus, je m'avance vers elle puis je colle mes lèvres aux siennes. A ma grande surprise, elle me donne totalement accès à sa bouche, nos langues se touchent. Elle saisit ma tête et j'entends un bruit sourd comme si un verre se brisait. Mes mains se baladent sur son dos, notre étreinte devient de plus en plus passionnée, nous titubons jusqu'à ce que mes pieds touchent le bureau, alors je la soulève et la dépose sur la surface sans pour autant me séparer de sa bouche.

Après ce qu'il me semble être deux minutes, nous mettons fin à notre baiser, à moitié devêtus, nous essayons de reprendre notre souffle. Elle finit par me pousser pour descendre, elle arrange son soutien-gorge et sa robe. Passant les mains dans ses cheveux, elle me sourit timidement:

"A quoi jouons-nous, Thony? Ce n'était pas censé figurer parmi les règles!"

Je remets ma veste en place, je lui fais un petit sourire et la rejoins ensuite nous quittons la pièce main dans la main en prenant soin de saluer nos invités.

Et S'il Ne M'était Jamais Destiné?    [EN CORRECTION]Where stories live. Discover now