Quand ta mère t'engueule. 9

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Je retiens mon souffle et détourne le regard immédiatement (parce que vous imaginez bien qu'ils ne sont pas en train de discuter du réchauffement climatique dans ce bureau à cette heure... Dans cette position.)
Je retourne précipitamment sur mes pas et cours jusqu'à la porte de service.

Merde.
J'ai vu ma mère et son amant.
Mon ancien directeur.

Sérieusement elle aurait pu choisir mieux. Surtout que d'après ce que j'ai entendu il était marié.

Mais merde putain. Ça fait presque 17 ans qu'elle est célibataire et voilà qu'elle se fait le premier mec marié qui lui tombe sous la main.

Le trajet jusqu'à l'appartement se fait lentement. Je suis perdue dans mes pensées tellement cette vision m'a choquée.

Surtout que c'est pas la première fois apparemment qu'elle s'engage dans une relation... Pas très saine.

Dès que je ferme la porte d'entrée mon téléphone sonne.

En parlant du loup...

- Je suis désolée ma chérie, j'aurais pas dû rester mais j'avais du travail à faire. Je suis la dans trois minutes, tu peux me préparer quelque chose à manger ?
- Je pense que t'as assez mangé à ton boulot, je réplique d' une voix sèche. Et pas que des trucs censés être comestibles.

Silence au bout du fil.

- Qu'est ce que tu raconte Alma ?
- Je sais pas. Ce que j'ai vu peut être.

Et hop, je raccroche.



J'ai pas fini ma soirée moi.


Ce n'est pas trois minutes mais à peine trente secondes plus tard que la porte claque et que des cris commencent à retentir.

- ALMA !!

Je soupire.

- Jsuis dans ma chambre.

La porte de ma chambre vient s'écraser contre le mur en faisant un craquement de tous les diables.
Maman se trouve dans l'embrasure, l'air menaçant, une expression plus que furieuse sur le visage.
Prête à déballer tout ce qu'elle a à dire.

- Tu peux m'expliquer exactement la situation s'il te plaît ?
- Qu'est ce que tu veux que j'explique.
- C'est quoi cette nouvelle manie de me parler sur ce ton ?
- J'ai dit que la vérité. Tu me dis que ton patron a demandé à ce que tu fasses le ménage... C'était peut être pour toi le ménage. Yavait besoin d'un certain ramonage nan ?
- Alma !! Pourquoi... Pourquoi tu dis tout ça ?
- Il était 22h et t'étais pas rentrée. Jsuis venue te chercher.
-Tu... Tu es venue au collège ?
- Un peu que je suis venue. Et j'ai vu des trucs que j'aurais préféré pas voir tu vois.

On se fait face, moi assise sur mon lit, elle toujours à la porte.

Silence de mort.

- Tu nous a vu, Fabrice et moi ?...
- Ptdr tu l'appelle par son prénom maintenant ?
- Alma je rigole pas.
- Ouais je vous ai vu. Et je trouve que t'es gonflée quand même de te taper un mec marié.
- C'est pas tes affaires.
- Un peu quand même. Si tu te mets avec, ça risque de me concerner un jour, tu crois pas ?
- C'est loin d'être d'actualité. Alors à partir de maintenant tu débarques plus au collège comme ça et je refuse que tu t'immisces dans ma vie privée.

Sur ce elle tourne les talons.

- C'était pas trop inconfortable sur la table, comme vous l'avez fait ? Ça devait être chaud quand même. Ya des lits pour ça. Coucher avec un mec déjà casé, mon ancien directeur par dessus le marché, qui est même pas foutu de te faire l'amour dignement, ça fait vraiment pitié.

Elle se stoppe.
Puis se retourne vers moi. Lentement.
Elle s'approche.
Je relève la tête.


Sa main s'abat brusquement sur ma joue droite.

Bim.

- Ça tu l'as pas volé, elle chuchote, les larmes aux yeux.

Je serre les dents.
Mais j'ai pas envie de m'arrêter là.

- T'as dit ça à mon père aussi quand il t'a plaquée ?

Je sens qu'elle est prête à me gifler une nouvelle fois.
Mais elle se retient.

Parce que c'est la première fois depuis longtemps que je fais allusion à mon père.
Qui plus est j'émets une hypothèse très délicate pour elle.

Profitant de son silence je continue à déballer mon sac, en essayant de ne laisser filtrer aucune information trahissant tout ce que je sais. Car je n'ai pas envie qu'elle sache maintenant.
Je veux qu'elle connaisse cette souffrance que j'ai vécu pendant toutes ces années.
Je veux qu'elle se sente désemparée quand je lui dirai tout.

Mais ce moment n'est pas arrivé encore.

Non.

J'attendrai encore un peu.

- Parce que je me doute que si je n'ai eu aucune nouvelle de lui depuis... Depuis toujours en fait, c'est parce que t'as honte d'en parler. Et la seule possibilité que je vois c'est qu'il t'a plaquée parce que lui avait trop honte de toi. Et moi j'ai honte d'avoir pour mère une meuf qui fait la pute auprès de son boss. Parce que vraiment, crois pas qu'il plaquera sa femme pour toi. Enfin bon, voilà, je vais m'arrêter ici, mais ça faisait un moment que je cherchais une opportunité pour te dire que t'étais pathétique, et cette occasion là était trop belle.

On se regarde droit dans les yeux.

Longtemps.

Trop longtemps.

- T'es bien comme lui, elle parvient à chuchoter. J'ai voulu t'épargner son caractère de merde... Mais il est là quand même, il a réussi à revenir !

Elle se met à trembler.
Puis se laisse tomber par terre.

Et pleure.

Elle pleure toutes les larmes de son corps.

Et se met à hurler :

- J'AI FAIT QUOI POUR MÉRITER ÇA ? POURQUOI T'ES RENTRÉ DANS MA VIE, CONNARD ?


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Je crois que cette partie est un peu partie en couilles...

Mon père et ses histoires à raconterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant