Orel #3. 23

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Je reste con pendant un moment.

Oui.

Con, c'est bel et bien le mot.

Comment j'ai pas pu m'en rendre compte avant ? Pourquoi mes neurones ont pas relié le pont A et le point B ?

T'es con Aurélien, tout simplement.



Bordel.

J'ai mal à la tête, d'un coup. Je regarde le sandwich d'un œil mauvais et regarde la date de péremption.
Elle remonte à deux mois.

Allez. Une couille de plus, pour reprendre l'expression de ce ptit Carlos.

Je le jette tel un basketteur professionnel dans la poubelle située à trois mètres de moi, et imite Gringe en posant ma nuque sur le dossier du canapé.

- Ça y est, tu l'as remise ?

Sa voix me paraît lointaine.
Est ce que ma clope était réellement une clope normale ?
Mon estomac se met à danser la salsa maintenant.

- Hey ?
- Hummm.
- Putain t'es mou mec.
- Judith...
- Repense pas à cette pute Orel, on t'a ramassé à la ptite cuillère à cause d'elle.
- Jsuis daron Gringe.


Et pis après, c'est comme si le temps s'était arrêté.
Littéralement.
Je crois que je suis tombé dans les pommes aussi.



Toujours est il que je me réveille chez moi, dans l'appartement que j'ai acheté à Caen ya deux mois, histoire d'y garder un pied à terre.
Je suis allongé sur mon lit, encore vêtu de mon t shirt qui pue la transpi. Ceux qui m'ont ramené ici ont eu la délicatesse de me retirer mes chaussures.

Résultat ? Ma chambre shlingue encore plus.

La joie quand Capucine va rentrer.

Capucine, c'est ma meuf. Ma meuf depuis... Woua, ça commence à dater. Comme j'ai pas envie de dire de connerie, je vais m'arrêter là.

Elle est photographe de mode et voyage partout en Europe. On s'est rencontré à une soirée sur Paris ya plusieurs années, et autant dire que ça a bien marché entre nous. Elle est censée venir me retrouver sur Caen quand elle va rentrer de Slovaquie.

Ce que je kiffe le plus faire avec elle, c'est des soirées où on s'enfile des bouteilles de vin blanc (de Liddle, soit dit en passant), et qu'on s'insulte comme des gamins, quand on devient déchirés. Je l'appelle Capute, elle me répond Orelcon. Vu comme ça, ça paraît chelou, mais on a tous en nous un grain de folie.

Enfin bref.

Je me relève doucement et analyse la situation.

Je suis allongé, j'ai mal au crâne et mal au ventre. Si je bouge la tête, je vais pas tenir très longtemps.
En plus, j'entends des voix venant du salon. À tous les coups, c'est Gringe et Ablaye qui m'ont ramené ici.

Je baille et regarde l'heure.

4h38.

On aurait dû être en boîte.


Quitte à aggraver mon mal de tête, je me lève, m'étire et me dirige vers la porte, pour aller les voir.

Au moment de sortir de la pièce, le sujet de la conversation me saute en plein visage.

- En fait il s'est passé quoi avec Orel ? demande Ablaye.
- C'est grave chaud. Même lui il réalise pas...
- Vas y raconte.
- En fait, la gamine qui a fait un malaise - Alma, qu'elle s'appelle-, je l'ai déjà croisée dans le tram.
- Genre ?
- Ouais. Enfin, je te passe les détails...
- Tu prends le tram juste pour aller voir les putes des Rives de l'Orne. Je comprends que les détails, c'est ça...
-... Ouais enfin bref. Donc, je la vois dans le tram là, elle est toute seule, je vais me mettre à côté d'elle.
- À côté d'elle ?? Le tram était bondé ?
- T'occupes pas des détails jte dis ! Bon, je me mets à côté d'elle, parce que ya un truc qui m'a vachement intrigué.
- C'est quoi ?
- Ses yeux.
- Ses yeux...?
- Genre, tu mettais ceux d'Orel à côté, c'est les mêmes mon pote.
- Ouaa, chaud...
- Grave. Du coup, j'engage la discussion...
- T'as parlé avec une meuf de seize ans ?
- Mais roo arrêtez de tous me prendre pour un taré ! Vous savez très bien que les gamines c'est pas mon trip putain...
- Les gens peuvent changer. Je dis ça je dis rien...
- Dis rien ouais... Et donc, j'en étais où ?
- La discussion.
- Ah ouais. Je vois qu'elle écoute Orel, alors je lui parle du concert, elle a l'air contente et tout et tout, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le truc c'est que je pensais pas la revoir dans ces conditions... Et surtout apprendre que...
- Putain tu fais chier avec tes phrases à rallonge. Accouche un peu, depuis le début j'attends que tu me dises tout.
- Ça vient, ça vient, faut être patient... Du coup quand les pompiers lui ont demandé son identité, elle a répondu Guénolin. Ça te dit rien, Guénolin ?
- Euh... Nan je crois pas. Une nana que tu t'es tapée ?
- Pas moi.
- Orel ?
- Judith Guénolin, ça te revient ?
-...
- Je crois que oui.
- Non... C'est pas possible...
- Si mec.
- Ça veut dire que... Alma... C'est la fille à Judith ?
- Ouep. Ya pas 36 Guénolin sur Caen.
- Et si elle a les mêmes yeux que Orel... Et qu'elle vient d'avoir seize ans... Nan, c'est pas possible.
- Si. Tout est crédible. Je vois que ça. Tu vois, cette meuf, Judith, j'ai jamais pu la saquer. A un tel point qu'on pouvait pas rester dans la même pièce sans se gueuler dessus.
- Ouais ouais, je m'en souviens maintenant.
- Quand je repense au coup de pute qu'elle lui a fait... Il lui a fallu vla du temps pour digérer.
- Eula, m'en parle pas. Donc si je comprends bien... Elle lui a caché qu'elle était enceinte ?
- Quand tu connais la personne, ça m'étonne pas du tout qu'elle ait fait ça ouais.
- Putain...


Bon.

Je vais retourner sur mon lit je pense.



Les souvenirs de la soirée me reviennent en tête.

Et j'ai encore du mal à tout associer.

Comme le présent m'échappe à moitié, je décide de me replonger dans le passé.
Quitte à ce que ce mal de tête me fasse la peau.



______________
Heey !
Je m'absente un peu de wattpad (je reviens dimanche vous inquiétez pas 😂) du coup ben je répondrai à vos coms qu'à ce moment là...
Profitez bien de votre week-end, même si pour ma part il va être à chier 😅
Enjoy 😘

Mon père et ses histoires à raconterOù les histoires vivent. Découvrez maintenant