Le pacte II

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L'hiver laissait maintenant place au printemps petit à petit. Le soleil tardait à se montrer et pourtant l'air était plongé dans une chaleur étouffante. L'orage menaçait de gronder à tout moment au-dessus du château. Un silence tout aussi étouffant s'abattait dans les couloirs du château. Aucun élève n'était prêt à parler de ce qu'il s'était passé. Personne. La douleur et la peur se lisaient sur les visages. Personne n'avait pu éviter ce qui s'était passé. Pas même le célèbre le directeur de Poudlard.

D'après Dumbledore, le geste devait être héroïque ou bien était provoqué par la peur, mais au fond de lui, il savait que le geste était héroïque. Gâcher sa propre vie pour sauver des centaines d'autres. Il se leva pour plonger son regard à travers la fenêtre, les éclairs déchiraient le ciel dans un silence. Un léger soupir sortit de sa bouche, il savait que le pire n'était pas encore venu et pourtant, il avait l'impression d'avoir perdu.

Un coup discret le fit sortir de ses pensées.

-Entrée.

La porte s'ouvrit dans un bruit étouffé. Dumbledore se tourna pour découvrir le jeune Sirius Black. Ses cheveux étaient en batailles et ses traits étaient tirés par la fatigue, mais une tristesse déchirante flottait dans son regard.

-Sirius.

-Monsieur.

Ils se regardaient dans les yeux un instant. La douleur flottait dans les yeux de Sirius et ses poings étaient serrés.

-Je souhaite te parler de l'accident d'hier.

Sirius crut recevoir un poignard en plein cœur. L'accident. Son cœur semblait ne plus vouloir reprendre son rythme normal, depuis hier, il refusait de descendre la cadence normale. Son cerveau, lui, refusait la vérité. Une vérité qui le brûlait de l'intérieur. Il serra un peu plus les poings jusqu'à s'en faire mal. Il voulait ressentir une autre douleur, une douleur qui ne le forcerait pas à avoir le cœur brisé. Il prit une longue inspiration.

-Je ne sais pas pourquoi elle... sa voix se brisa.

Il voulait avoir le courage, le courage de finir sa phrase, mais non. Rien à faire, il n'y arrivait pas. C'était trop dur. Il ferma mes yeux un instant. Pourquoi était-ce si dur de perdre une personne, une personne qu'il s'était si longuement attachée et qu'il aimait ? Il ne supportait pas cette douleur.

-La tristesse est l'émotion la plus douloureuse parce qu'il n'y a aucun remède à proprement dit. Perdre une amie est la chose la plus difficile qu'un jeune homme de ton âge ne devrait pas subir.

Sirius releva les yeux pour regarder son professeur dans les yeux. Un rire amer se perdit dans sa bouche.

-Elle n'était pas seulement mon amie, avoua-t-il d'une voix neutre.

-Je sais, finit par dire le professeur.

-Vous savez pourquoi elle a...

Il ne pouvait toujours pas finir sa phrase, il n'y arrivait pas. Il n'y arriverait sûrement jamais, ça lui semblait plus dur qu'il n'y pensait. Jamais il ne se ferait à l'idée qu'Elysa ne serait plus là. Jamais il ne supporterait ses absences, jamais. Son cœur refusait l'idée de ne plus battre pour elle. Ses lèvres refusaient l'absence du contact contre les siennes. Ses mains refusaient l'idée de ne plus la toucher. Ses yeux refusaient de ne plus la regarder.

-Non.

La voix de Dumbledore semblait lointaine. Mentir. Il savait que mentir n'était pas la solution, mais mentir pouvait sauver des vies dans le cas échéant de la situation. Une guerre arrivait et tout le monde serait touché. Des sacrifices comme celui d'Elysa n'étaient pas rares. Elle avait choisi son chemin, celui de la facilité selon lui. Et pourtant, c'est lui qui avait son sang sur ses mains.

Sirius se leva sans parler et quitta le bureau, les épaules baissées. En sortant du bureau, il faisait face à Mcgonagall son regard était aussi neutre que celui du directeur, mais il la soupçonnait d'être aussi meurtrie que lui. Il se contenta de hocher la tête avant de descendre les marches dans un geste rapide. James et Rémus ainsi que Peter l'attendaient au bas de l'escalier, ils avaient une mine aussi perdue de la sienne.

-Alors ? demanda James, ses cheveux retombaient lamentablement sur son front.

-Je ne sais pas, avoua Sirius.

-Il n'y avait aucune raison pour qu'elle agisse de cette façon, fit remarquer Peter.

Il se passa un silence sans que personne ne parle. Sirius ne cessait de se remémorer la scène. Il l'avait vue en vie pour la dernière fois seulement quelques heures plus tôt dans le train. Son cœur manqua quelques battements, il l'avait laissée partir sans la rattraper. Il la revoyait sauter dans le vide. Il n'avait pu voir aucune émotion traverser son visage. Sirius passa une main sur son visage fatigué. Un cœur brisé ne guérissait pas. Il avait placé tout son amour sur Elysa, elle avait su effacer ses peurs, ses pires défauts et savait lui redonner le sourire lorsque tout tombait en morceaux. Et pourtant, il n'avait rien pu faire pour la sauver, elle.

Elysa Ragnarök et les Maraudeurs ( EN CORRECTION)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant