Chapitre 15

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IVY

Les vacances se terminent trop vite à mon goût, bien que je sois contente de revenir en cours. J'aurais simplement préféré en profiter un peu plus. Ma demande d'émancipation n'a pas été réellement retenue par le juge  : étant majeure, elle n'est apparemment pas nécessaire. J'ai accusé le coup comme j'ai pu  : pour moi, le savoir écrit noir sur blanc est plus important que de simples mots prononcés à l'égard de mes géniteurs. Mais Nate a cherché à me rassurer, en m'expliquant qu'ils ont l'air d'avoir compris que c'était sérieux. A présent, j'ai le droit de refuser le moindre contact avec eux. Et j'ai tout fait pour ne rien avoir à faire avec eux ou leur héritage.

Au moins, ils n'ont pas essayé de me contacter à nouveau. Et cette fois-ci, je me promets de ne plus jamais remettre les pieds à Västeras. Même si j'ai connu de bons souvenirs là-bas, plus rien ne m'y rattache.

-Tu es prête  ?

Je me secoue afin de revenir à la réalité. Nate me fait face, mon manteau dans une main, et me fixe en fronçant les sourcils. Je m'empresse de le rassurer d'un sourire, avant de m'emparer de mes affaires.

-C'est aujourd'hui qu'on a les seconds résultats du concours, non  ? poursuit mon ami, alors que nous nous mettons en marche.

J'acquiesce sans un mot. L'appréhension se distingue aisément dans sa voix, et j'imagine que si j'ouvre la bouche, ce sera la même chose. Lorsque j'en ai parlé à Gemma, elle n'a pas paru saisir l'enjeu. Certes, elle était heureuse pour nous deux, mais elle ne comprend pas pourquoi nous sommes si anxieux, puisque nous n'avons rien à y perdre.

En un sens, elle n'a pas tord, mais nous avons également beaucoup à gagner. La reconnaissance, le tremplin que peut être ce vernissage dans la capitale, sont des enjeux importants. Cela fait rêver, forcément. Et pour y arriver, il faut tout donner.

Une nouvelle fois, nous sommes rassemblés dans la même salle. Le professeur explique de nouveau les enjeux, avant de nous dire qu'il va afficher les résultats sur le tableau. Je ne l'écoute que d'une oreille, plus occupée à maîtriser mon anxiété. Ma jambe droite tressaute nerveusement depuis tout à l'heure, et même si Nate m'a pris la main et la serre, celle-ci ne s'arrête pas de trembler.

-Cette fois-ci, il ne reste que cents concurrents, si l'on peut dire, poursuit l'instituteur, donc la moitié d'entre vous. Bravo à eux, et pour ceux qui ne sont pas sélectionnés, ne vous en faites pas  : cela ne signifie pas que vos travaux sont mauvais. Simplement qu'il y a mieux que vous.

La mâchoire de Nate tique à cette phrase. Le professeur est dur, bien qu'il dise la vérité... Je ne dois pas être la seule à le penser, car de part et d'autre de la grande pièce, des murmures s'élèvent, protestant contre la dureté de ses mots.

Dès que l'homme s'est éloigné, les étudiants se précipitent sur le tableau, et je retiens Nate par le bras afin d'éviter de le perdre dans la foule. Ils auraient tout de même pu photocopier la liste et l'afficher à plusieurs endroits de la salle...

Nous ne sommes pas arrivés au panneau que déjà, quelqu'un se poste devant nous. La fille est petite, avec des lunettes et un visage rond, et elle adresse un grand sourire à Nate. Je plisse le nez, surprise.

-Bravo, Nate  ! Tu es sélectionné, j'ai vu ton nom sur l'affiche.

-Ah  ? Heu, merci, balbutie mon ami.

Il paraît un peu décontenancé face à la joie de vivre de la fille. Celle-ci s'éloigne lorsqu'elle aperçoit quelqu'un qu'elle semble connaître, et le châtain se tourne vers moi.

-C'est normal qu'elle me connaisse et moi non  ? m'interroge-t-il d'un air surpris.

J'éclate de rire.

FEARLESS (Tome 2)Where stories live. Discover now