Chapitre 19

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Calum Scott – You are the reason

NATE

« D'ici quelques temps, tu te sentiras mieux, tu verras. C'est toujours dur, au début. » Bla, bla. J'aimerais dire que c'est ce qui est arrivé. Que quelques semaines après l'opération, l'enterrement, tout est redevenu normal. Mais j'ai beau chercher au plus profond de moi, faire l'effort de voir le positif, je n'y parviens pas.

Je me sens simplement vide, en réalité. Je ne sais pas quoi faire, et je ne sais pas pourquoi ce sentiment ne passe pas, après tout ce temps. Je ne comprends pas pourquoi je ne vais pas mieux. Alors je me concentre sur ce que je peux faire. La seule chose que j'ai trouvé afin d'aller mieux – du moins, d'en avoir l'impression – c'est d'occuper mon esprit le plus possible. Je n'ai jamais autant travaillé pour les cours. Je concentre toute mon énergie sur le travail scolaire, et sur le concours qui approche pas à pas. Je peins dès que je le peux, et qu'importe si mes tableaux ne ressemblent à rien. La peinture est la seule échappatoire que j'aie, le seul moyen qui me permette de me sentir un peu mieux, de penser à autre chose, de me vider entièrement.

Clignant les paupières, les yeux fatigués après un long moment passé devant une nouvelle toile, je me recule d'un pas, observant mon œuvre d'un air peu convaincu. L'année passée, je m'inquiétais de voir que les tableaux d'Ivy étaient sombres, à un moment. Et pourtant, c'est exactement ce qui m'arrive, depuis quelques temps. Ironie quand tu nous tiens... Encore une fois, j'ai le sentiment que les rôles se sont inversés, entre nous deux. Mon amie semble par ailleurs plus heureuse, depuis peu de temps. Je ne sais pas si c'est dû à son prochain voyage chez les Américains, ou car elle parle de nouveau régulièrement à Björn, mais elle rayonne. J'aimerais pouvoir prendre exemple sur elle, lui demander son secret, mais... Non.

Machinalement, je jette un coup d'œil à mon téléphone, vérifiant qu'il est temps de préparer à manger. C'est à mon tour, aujourd'hui, malheureusement. Mon nez se fronce presque malgré moi lorsque je me rends-compte qu'en réalité, normalement, je devrais être en train de m'entraîner avec Hanaé, à cette heure-ci. Je ne devrais pas être en train de peindre, mais être sur le terrain, à disputer un énième match, que je perdrais – je l'avoue, la brune est beaucoup plus douée que moi au basket-ball. Même si je ne l'admettrais jamais à voix haute.

Seulement, je ne lui ai pas reparlé depuis la fois où elle est partie de chez mes parents, il y a plus d'un mois. Conformément à sa demande, je n'ai pas cherché à la joindre. Par habitude, le premier jour de mon retour à Umea, je me suis rendu au terrain de basket. Elle n'y était pas. J'imagine qu'elle doit y aller à une heure différente, à présent, afin d'éviter de me voir...

Même si cela fait plusieurs semaines, je dois admettre que c'est toujours douloureux. Je ne sais pas ce qui se passait exactement entre nous deux, mais je l'aimais bien. Et je m'en veux d'avoir tout gâché par égoïsme. Mais tout ce que je peux lui laisser, nous laisser, à présent, c'est du temps.

Je soupire en secouant la tête, avant de passer une main dans mes cheveux. Je dois avoir les doigts pleins de peinture, mais qu'importe. Puis je m'étire le cou, le dos, et sors de la pièce. Ivy est enfermée dans sa chambre depuis le début de l'après-midi, à faire je ne sais quoi. Je toque à sa porte, l'ouvrant sans attendre de réponse.

-Qu'est-ce qu'il y a ? demande la rousse sans même lever le nez de ses feuilles.

Elle est à son bureau, des livres ouverts devant elle, une tasse de thé à sa droite, un crayon emmêlé dans ses cheveux. J'arque un sourcil en m'appuyant nonchalamment au chambranle de la porte, mi étonné, mi amusé par la situation.

-C'est la première fois que je te vois travailler depuis un moment, commenté-je avec une pointe de sarcasme.

Cette fois-ci, mon amie me dévisage d'un œil noir.

FEARLESS (Tome 2)Tempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang