XII

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La voiture roulait. Mes parents riaient. Les rues de Paris défilaient. La route était calme et peu de voitures croisaient leur chemin. Feu rouge. Mon père racontait une anecdote alors que ma mère riait et changeait la station de radio. Feu vert. Le portable de mon père sonnait et il l'attrapait alors que ma mère se penchait pour attraper un CD dans le vide poche. Un message de leurs amis leur annonçant qu'ils auraient un léger retard au restaurant. Ma mère râla alors que mon père reposait son portable, défendant son meilleur ami. Feu rouge. Ma mère s'énervait alors que mon père lui demandait de se calmer. Elle prétextait que sa mauvaise humeur était la faute de leur fille. Encore une fois, Suzanne n'en avait fait qu'à sa tête. Feu vert. Mon père acquiesça, grognant contre le comportement de leur fille, irrespectueuse et feignante. Feu rouge. Les deux se plaignaient, ne sachant plus quoi faire pour tenter de remettre leur file dans le droit chemin. Feu vert. Mon père accéléra, s'engageant dans le croisement alors qu'une voiture arrivait à tout vitesse à leur gauche. La voiture grilla le feu rouge. Collision. La voiture de mes parents fit plusieurs tonneaux.

-Suzie ! Réveille-toi !

Je me relevais, en sueur et les larmes dévalant mes joues. Clément et Etienne se trouvaient devant moi et mon ainé me serra dans ses bras alors que mon corps était secoué de sanglot.

-Toujours le même cauchemar ?

Je hochais de la tête alors que Clément s'asseyais à mes côtés pour me caresser doucement le dos.

-Ca faisait longtemps.

Encore une fois, je hochais de la tête. Ce cauchemar, je l'avais longtemps fait après la mort de mes parents. Après de longs mois de consultations chez un psychologue et une fois mon deuil fait, les cauchemars avaient plus ou moins cessés, se manifestant de temps en temps seulement.

-Ca va aller Suzie, chuchota Etienne à mon oreille. Ce n'était pas ta faute.

Il avait beau me répéter ça depuis des années, je restais persuadée que mes parents étaient morts par ma faute. Bien sûr, le principal responsable était le chauffard ivre qui n'avait pas vu le feu rouge, mais j'avais ma part de responsabilité. Si je ne les avais pas épuisés psychologiquement, peut-être que mon père aurait vu le conducteur et aurait pu freiner à temps. SI je n'avais pas quitté la maison après leur avoir crié dessus, peut-être que mes parents n'auraient pas ressenti le besoin de sortir dîner au restaurant pour s'aérer l'esprit. Mais comme ma psy l'affirmait, avec des si, on referait le monde.

-C'était un accident Suzie, souffla Clément en continuant ses caresses dans mon dos.

Lentement, leurs caresses et paroles réconfortantes firent effet et je retombais dans les bras de Morphée.


-

Epuisée, j'enlevais mes lunettes et me frottais les yeux. La journée avait été dure et la soirée risquait de l'être aussi puisque Mo m'invitait chez lui pour revoir les garçons. Il m'avait toutefois prévenu que tous ne seraient pas là, ne souhaitant pas me revoir. J'avais supposé que Ken ferait parti de ces derniers et Mo me l'avait confirmé.

-Excuse-moi ?

Je relevais la tête vers une grande rousse, figée devant moi, un sourire scotché aux lèvres.

-Je suis dans ton cours sur Louis XIV et je me demandais si t'accepterais de me passer tes notes de la semaine dernière, sourit-elle. J'étais malade et je ne connais personne dans ce cours.

-Bien sûr, je lui répondis avec un large sourire.

J'avais en effet aperçu cette fille plusieurs fois dans mon cours. Ses longs cheveux roux, son sourire éblouissant et ses jambes interminables ne lui permettaient pas de passer inaperçu. Je mis rapidement mon cours sur sa clé USB et la lui rendis avec un léger sourire.

-Merci, elle s'exclama. Je m'appelle Molly.

-Suzanne mais je préfère Suzie.

-Ok c'est noté, elle reprit. Si tu veux, on pourrait manger ensemble un midi, histoire de faire connaissance ?

J'acceptais, ravie à l'idée de passer du temps avec cette fille à la bonne humeur contagieuse. Et puis, je n'avais jamais lié de véritable amitié avec une fille. Au collège, j'avais rencontré les garçons et même si j'avais quelques copines, aucune n'avait l'importance des garçons à mes yeux. A l'époque du lycée, les filles tentaient de devenir mes amies dans l'unique but de pouvoir s'approcher de Ken. J'avais eu quelques potes mais elles avaient toutes fini dans le lit de mon copain et j'avais donc perdue foi en ma possible entente avec des filles. A Brest, j'avais simplement voulu rester seule, pour éviter toutes dérives et réfléchir à mes actes passés. Mais il était temps que je rencontre de nouvelles personnes et avoir une confidente ne pourrait pas me faire de mal. Et puis j'avais un bon feeling concernant cette Molly.

C'est donc avec un sourire et la sensation d'avancer que je rangeais mes affaires dans mon sac. J'enfilais rapidement mon manteau et attrapai mon portable qui affichait un nouveau message.

De : Idriss

A : Suga

On t'attend chez Mo, nous oublie pas...


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