3. Coeur brisé.

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Tremblant, tétanisé, recouvert de boue, à la limite de l'hypothermie, je claquais la porte d'entrée sans retenues. De violents maux de têtes s'emparaient de mon crâne, je dû me retenir à la rambarde pour garder l'équilibre. Je retirais mes chaussures horriblement sales pour ne pas salir le palier, puis les jetais dans un coin. D'innombrables gouttes de sueurs perlaient sur mon front, mes pas lourds faisaient trembler le sol. Je fuyais le regard de mon père qui me dévisageait depuis le salon. Il n'était visiblement pas gêné de me voir rentrer de l'école à cette heure-ci. J'entendis le volume de la télé augmenter, comme si il s'efforçait de dissimuler ma forte respiration saccadée.

L'envie de téléphoner à ma mère me hantait l'esprit, mais pour lui raconter quoi ? Ne serait-ce pas égoïste de ma part de la déranger en plein travail pour l'inquiéter alors qu'elle ne rentrait qu'à dix-neuf heures ? Était-ce judicieux de dévoiler une mésaventure de la sorte ? Objectivement, qui croirait à une histoire pareille ? Même ma propre génitrice allait me rire au nez.

Je gravis les marches en bois une à une, puis fermais à clé derrière moi. Mon dos heurta le mur en face de l'armoire, avant de se laisser lentement glisser jusqu'au sol. Je ramenais les genoux contre mon torse en les encerclant avec mes bras, puis y engouffrais mon visage éploré. Avais-je rêvé ? Tout ceci ne pouvait être réel, et ce foutu mal de crâne qui ne cessait de s'accroître. Les yeux scintillants de la créature me revenaient sans cesse dans mon esprit. Aucun visage, seulement deux pupilles en forme de billes qui flottaient sous une capuche sombre.

Je ne pouvais plus rester seul, dans l'ignorance, sans savoir ce qui m'était arriver. Il fallait que je parle à quelqu'un, que je me vide l'esprit, penser à autre chose. Malheureusement, mon père était le seul être disponible de cette maison, il ne me restait aucune autre alternative pour combattre mon éternelle solitude. Après quelques secondes de réflexion désastreuse, je me hissais sur les jambes, puis retirais mes vêtements crasseux et odorants. Un short de sport qui me servait de pyjama et un débardeur bien trop grand remplaçaient parfaitement cette tenue inconfortable.

En ouvrant la porte, je fus surpris de remarquer la clarté de ma vision malgré l'absence de mes lunettes. Je devais les avoir perdu sur la colline, mieux valait ne pas le dire aux parents. Les vêtements chauds et secs me procuraient un délicieux sentiment de confort. Après quelques secondes à profiter de l'instant, je descendis rejoindre mon père. Ce dernier changea rapidement de chaîne en me voyant arriver, un air gêné se dessinait sur son visage.

- T'es pas à l'école ?

- J'ai plus cours.

Les maux de crânes s'intensifiaient en sa présence. Des images pornographiques défilaient dans mon esprits, suivis de résultats sportifs. Je ne comprenais rien, des larmes de douleur me montaient aux yeux.

Putain il est lourd celui là ! Peux pas me foutre la paix cinq minutes ?!

Je regardais mon père, médusé par ces paroles.

- Je te demande pardon ?

Il arqua un sourcil, surpris par ma question.

- De quoi tu parles, j'ai rien dis.

Je voulus répondre, mais aucun son ne sortait de ma bouche. Toutes ces images sales provenaient de son esprit ? Il devait probablement regarder un film pornographique avant que j'arrive, mais comment pouvais-je le savoir ? J'avais accès à toutes ses pensées sans même le vouloir, même les plus sombres. Sans demander mon reste, je courus m'enfermer dans la salle de bain. Bien sûr, mon paternel ne se donnait pas la peine de me suivre pour voir si j'allais bien. Le connaissant, il devait déjà avoir remis les chaînes payantes. Si maman le savait..

Extra-Humain {en contrat d'édition}Where stories live. Discover now