Jettatura [TERMINÉE]

Niveau 1 (2/2)

Rien ne l'attend encore dans le hall, mais ça ne peut pas être bien loin. Il ne s'arrête pas, pas même une seconde. Rester ici est hors de question ; retourner sur ses pas implique de croiser la chose qui le poursuit. Maintenant, deux destinations s'offrent à lui. La cantine, au sous-sol, ou les longs couloirs de salles de classe, à l'étage. Le premier choix ne lui paraissant pas particulièrement judicieux, il opte pour le second. Le bruit de ses pas précipités résonne avec une intensité incroyable à chaque marche qu'il dépasse. Intérieurement, Dilan ne peut s'empêcher de maudire son imprudence. La chose n'aura aucune difficulté à le pister s'il ne se calme pas. Il doit se reprendre. Oublier ce qu'il vient de voir.

Comme si c'était possible.

Arrivé à l'étage, il avise une première salle sur la droite et jette un œil par la vitre. A priori, rien. Dilan pousse lentement la porte - qui, miraculeusement, n'est pas verrouillée - et, à l'affût du moindre bruit, observe attentivement la pièce. Elle n'a rien de spécial. Un grand tableau noir, une vingtaine de petits bureaux individuels et, au fond, une armoire vide. C'est la chose la plus normale qu'il ait vue depuis son arrivée ici. Dilan, aussi rassuré qu'il peut l'être, prend la place du fond la plus proche de la fenêtre et pose les coudes sur le bureau. Les yeux fermés, le front entre les mains, il tente de calmer sa respiration. Il s'en sort plutôt bien lorsqu'une voix familière l'interrompt.

« Je vois que tu as rencontré le directeur. »

Il ouvre les yeux. Les apparitions de Malice ne le surprennent plus.

« Que... »

Il déglutit le temps de se reprendre. Il ne lui fera pas le plaisir de parler d'une voix aussi effrayée.

« Qu'est-ce que c'était que ça ? »

Malice cligne des yeux. Sa colère de tout à l'heure semble avoir disparu aussi rapidement qu'elle est venue.

« Par où commencer... »

Elle fronce les sourcils en faisant la moue. Ses jambes, qui pendent du bureau juste sous son nez, se mettent à se balancer. Dilan ne peut s'empêcher de penser qu'elle a vraiment l'air de bien s'amuser.

« Parfois, il arrive que la rancœur atteigne un tel niveau d'intensité que les victimes se retrouvent piégées ici pour toujours, incapables de mourir et encore plus de se réveiller. C'est ce qui est arrivé à notre ami.

- La rancœur ? »

Malice, qui a posé son regard sur le vide, le reporte sur Dilan et hausse un sourcil.

« Pourquoi es-tu ici, selon toi ? »

Dilan, pris au dépourvu, réfléchit un court instant avant de se rendre à l'évidence. Il n'en a aucune idée.

« Je sais pas, admet-il. C'est pour ça que j'ai besoin que tu m'aides. »

Un son guttural s'échappe de la bouche de Malice lorsqu'elle s'esclaffe. En temps normal, Dilan trouverait peut-être ça amusant d'entendre un bruit pareil sortir d'une fille à l'apparence aussi coquette. Il ne le remarque même pas.