Niveau 4 (2/2)

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Il croit mourir. Sa chute n'est pourtant pas si longue.

En atterrissant sur le dos, Dilan ne peut étouffer un cri qu'il n'entend pas. Quelque chose en lui vient de se briser, il en est sûr. Son corps tout entier est en proie à une douleur qu'il n'a jamais ressentie. Il reprend son souffle un instant, les paupières closes, avant de lever son crâne bourdonnant vers la blessure. Il le regrette aussitôt. Le sang, comme une minuscule fontaine, en jaillit par à-coups, et Dilan peine à retenir un gémissement. Il appuie de toute la force de sa main et, sous le mal, sous la panique, finit par céder aux larmes. Il ne comprend rien. Il ne comprend rien ! Qu'est-ce qui lui a pris, au juste ? Elle l'aurait tué s'il n'avait pas réagi aussi vite. Elle l'aurait frappé à la gorge, et il se serait vidé de son sang là-haut. Peut-être même ne serait-il pas encore mort.

À cette pensée, les tremblements de son menton s'accentuent avant de disparaître. Il n'a plus le luxe de se lamenter. L'heure tourne, et ce qu'il a accompli pour le moment ne le mènera pas loin. Il laisse sa tête rouler sur le sol, la main toujours pressée contre son ventre. La cavité a disparu. Peu importe où il pose les yeux, Dilan ne voit rien d'autre que les ténèbres. Pas même une trace des ronces. Il les ferme sous l'appréhension et, non sans peine, se tourne sur le côté. Son corps semble se déchirer. Rien par là non plus. Ou peut-être que si ; il croit distinguer un minuscule point lumineux, à ce qui semble être des kilomètres d'ici, mais que fera-t-il s'il ne s'agit que d'une hallucination due au choc ? Peu importe, il doit avancer. Rester sur place ne le mènera qu'à l'évanouissement.

Il se hisse sur les genoux et manque de tourner de l'œil. Combien de temps supportera-t-il une douleur pareille ? Il préfère l'ignorer.

Il se redresse sans plus retenir ses râles. Le bourdonnement continu de ses oreilles commence tout juste à s'estomper, mais autre chose le remplace aussitôt. Quelque chose qui résonne dans tout son être et ressemble étrangement à une pulsation. Dilan se fige un instant. Non, elle ne provient pas de lui. Elle provient de ce qui l'entoure. Ce pouls est celui du monde où on l'a jeté.


Où est-ce que je suis tombé ?


Il déglutit et se met en marche. Jamais il n'avait autant eu l'impression de piétiner quelque chose de vivant.




Il ignore combien de temps il avance ainsi. Une minute, une heure peut-être. Aucun bruit, aucun mouvement en dehors de la pulsation ne l'aide à se situer. Seulement ce point lumineux que son regard assombri manque de perdre plusieurs fois. Il n'arrive plus à réfléchir. Ses genoux peinent à le supporter et le sang, à peine contenu par la pression qu'il exerce, continue de couler entre ses doigts. Il va mourir s'il ne l'arrête pas. Enfin, peut-être. Il n'en sait rien. Cela paraît ridicule de mourir d'une si petite chose.

Il manque de se laisser tomber au sol, lorsqu'il aperçoit le coffre.

Se traînant déjà plus qu'il n'avance, Dilan se fige à quelques pas de celui-ci et ferme les yeux un moment. Non, il ne rêve pas. Le point lumineux a disparu ; la lumière qu'il a suivie tout ce temps se trouve devant lui. Et il s'agit d'un coffre. Un coffre en bois, particulièrement bleu, où s'étendent plusieurs motifs floraux tirant vers le mauve. Un coffre à jouets.

Épuisé, Dilan plie les genoux pour se mettre à sa hauteur. Il tend la main vers les motifs et, non sans appréhension, finit par l'y poser. Rien. Il s'attendait presque à ce que cette chose s'ouvre en deux pour l'avaler. Il fronce les sourcils et l'inspecte de son mieux, mais son regard flouté n'aperçoit aucun système de fermeture. Étrange. Pourquoi prendre la peine de jeter ce coffre ici s'il n'est pas mieux protégé ?

Jettatura [TERMINÉE]Where stories live. Discover now