First Love - Suga

3. L'inconnu

Une semaine plus tard...

- Attendez, il doit y avoir une erreur.

- Non c'est bien ici. C'est l'appartement dont je vous ai parlé hier.

Yoongi fronça les sourcils.

" C'est quoi ce délire ?"

Cet appartement il s'en souvenait très bien, il y était pas plus tard que la semaine dernière. Cet appartement c'était celui de Charly.

- C'est une collocation ? Demanda le jeune complètement perdu.

- Une collocation ? Non. Répondit l'agent immobilier en déverrouillant la porte d'entrée.

- Il est encore meublé ?

- Oui. La personne qui vivait ici a dût quitter le logement rapidement.

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas : la famille ne m'a pas fait part des détails.

Le reste de la visite se fit dans le silence le plus complet, Yoongi se contentant d'hocher la tête de temps à autres et bientôt ils quittèrent l'appartement.

- Il nous reste encore deux autres biens à visiter, ils sont...

- Inutile. Coupa Yoongi. Je vous le prend.

- Pardon ?

- Je le prends. Je passerais à l'agence dans la journée pour vous déposer le chèque de caution.

- Vous êtes sûr, monsieur Min ?

- Certain. J'ai juste une question.

- Je vous écoute.

- J'aimerais enlever certains des meubles : j'ai besoin d'une place pour mon piano.

- Je contacterais la famille dans l'après-midi pour leur demander l'autorisation.

- Je vous remercie. Répondit Yoongi en s'inclinant.

Les deux hommes se séparèrent rapidement, l'un d'eux toujours aussi perplexe.

*

Charly se réveilla en sursaut. Elle jeta un oeil à son radio-réveil : 18 heures 30. La jeune femme soupira et entreprit de sortir de son lit. Elle s'installa dans son fauteuil roulant et quitta la chambre. Alors qu'elle allait rejoindre le salon, un son qui lui était inconnu attira son attention. Charly tendit l'oreille : le son aiguë c'était transformé en une mélodie mélancolique.

" Ça vient du bureau de Mark. "

La jeune femme se dirigea vers le bureau de son ex petit ami. Elle poussa doucement la porte et se figea sur le seuil lorsqu'elle vit ce qui lui faisait face. Un immense piano avait remplacé le matériel informatique de Mark. Un homme vêtu de noir était installé au clavier.

" Il y a un inconnu, chez moi... Qui joue du piano... "

Brusquement, la mélodie s'arrêta et des sanglots se firent entendre.

" Il y a un inconnu, chez moi, qui joue du piano et qui pleure... De mieux en mieux ! "

- Il y a quelqu'un ? Interrogea l'homme en se retournant.

Charly sursauta et se fit toute petite dans son fauteuil. Elle rentra sa tête dans ses épaules en priant pour que l'inconnu ne la voit pas.

- Tu débloques mon vieux : t'es seul ici. Murmura l'homme en soupirant.

Il abaissa la protection en bois sur son clavier avant de se relever. Il tira les rideaux, ne laissant qu'un mince rayon lunaire éclairer le piano. L'homme caressa l'instrument du bout des doigts en soupirant : ce soir, plus que tout autres jours, il se sentait désespérément seul.

" Il faut que je me tire d'ici !"

Charly quitta le couloir à reculons et s'enferma dans sa chambre. Dans la précipitation elle ne manqua pas de faire claquer la porte.

*

- C'était quoi ça ?

Intrigué, l'inconnu quitta la pièce et se dirigea au bout du couloir. Il s'arrêta devant la chambre de Charly. Le coeur battant, il posa sa main sur la poignet de la porte et l'ouvrit.

Charly resserra sa prise sur ses draps et ferma les yeux, les larmes coulant sur ses joues. Tendant l'oreille, elle n'entendit rien d'autre qu'un lourd soupir avant que la porte ne se referme. La jeune femme sentit sa respiration se relâcher, ses doigts se décrispèrent et les larmes cessèrent de couler. Après un long moment, elle risqua un coup d'oeil dans la pièce : elle était vide, l'inconnu n'était plus là. Charly se redressa dans son lit et porta une main à sa tête en soupirant. Son front était brûlant.

" De la fièvre ? Alors quoi, je rêvais ? J'hallucinais ? "

*

Yoongi se laissa tomber sur le canapé, une bière à la main. Il attrapa la télécommande et alluma la télé avant de se mettre à zapper de chaîne en chaîne. Les yeux vissés à l'écran plat, il ne voyait pourtant pas les images qui défilaient devant lui. Il était comme absent, vidé de toute énergie. Comateux, il finit par s'endormir d'épuisement au petit matin avec cette seule et unique question en tête : où est passée Charly ?