Chapitre 10

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Benjamin trouvait le concept plutôt plaisant, de pouvoir se téléporter comme ça, d'un claquement de doigts. Cela lui faisait penser aux Portoloins dans Harry Potter.    

Après un voyage assez éprouvant pour son estomac, il se retrouva debout devant un grand bâtiment gris clair à trois étages, qui semblait être un bâtiment important, voire officiel.

Le garde les fit entrer par une grande porte d'au moins deux fois leur taille, et qui possédait des poignées dorées. L'homme se présenta à l'accueil du bâtiment avant de discuter quelques minutes avec la femme derrière le comptoir, hors de portée de voix des deux adolescents.

Benjamin savait néanmoins qu'ils parlaient d'eux, car la femme ne cessait de leur jeter des coups d'œil.

Après avoir salué la femme, le garde les entraîna dans un labyrinthe de couloirs, où les pancartes indicatives embrouillaient plus Benjamin qu'autre chose.

Les trois personnes arrivèrent enfin devant une porte sur laquelle était inscrit sur une plaque dorée : "Dr Austin - Directeur des relations Terre - Pays des Disparus - Royaume des Morts".

Cette pancarte ne dit rien qui vaille à Benjamin, et un rapide coup d'œil à Emilie lui confirma qu'elle non plus.

Le garde toqua à la porte deux fois, puis trois, et une dernière fois, avant d'ouvrir la porte.

Un homme était assis derrière une immense table de travail. Il était assez petit, avait les cheveux bruns, et les yeux noirs. Son visage rappelait quelqu'un à Benjamin, mais il ne savait plus qui. En tout cas, il lui faisait peur. Cela semblait être quelqu'un de puissant.

"Benjamin ! lui chuchota Emilie, qui s'était approchée de lui et lui secouait le bras, cet homme... je l'ai déjà vu... Sa photo est passée à la télévision, pendant une alerte disparition, l'année dernière.

- Comment peux-tu te souvenir de ça, lui répondit-il, alors que nous sommes sûrement sur le point de nous faire assassiner par des inconnus ?

- Oh, arrête, et utilise ton cerveau à autre chose que de t'inquiéter... pour essayer de nous sortir de là, par exemple. C'est ce que fais depuis tout à l'heure, lui dit-elle. J'ai déjà retenu le trajet qui nous a mené jusqu'ici, depuis la porte d'entrée du bâtiment."

Benjamin espérait que ce que venait de lui dire Emilie était vrai, car il cherchait un plan pour s'échapper de la pièce, mais en supposant qu'il en trouve un et qu'il fonctionne, il ne saurait pas s'orienter dans les couloirs pour rejoindre la sortie.

Après avoir regardé les deux adolescents chuchoter pendant une minute, le docteur Austin toussota puis prit la parole :

"Soyez les bienvenus, Benjamin et Emilie. Je suis heureux de vous rencontrer enfin. Je vous attendais depuis longtemps. Je suis le docteur Austin, comme vous l'aviez sûrement déjà deviné.

- Excusez-moi, monsieur, mais puis-je vous demander ce que nous faisons là ? l'interrogea Benjamin, et où est séquestrée ma sœur ?

- Ah... mon garçon, tu veux tout de suite rentrer dans les détails. Oh, mais, j'oublie les bonnes manières. Asseyez-vous, jeunes gens. Anthony, tu peux sortir."

Le docteur leur désigna deux sièges identiques devant son bureau, et les deux adolescents s'assirent, non après un instant d'hésitation. Le garde, lui, sortit de la pièce, mais Benjamin sentait encore sa présence derrière la porte. Peut-être même allait-il écouter leur discussion, l'oreille collée à la serrure.

"Bien. Reprenons tout depuis le début. Je vais vous demander, jeunes gens, de ne pas m'interrompre dans mes explications, car j'ai toujours du mal à reprendre le fil de ce que je dis. Hum hum." Le docteur s'éclaircit la gorge.

"Nous sommes ici au Pays des Disparus. Ce royaume existe depuis toujours. Ses habitants sont les personnes ayant disparues mystérieusement de la planète Terre. Attention, je ne parle pas des morts. Non, eux, ils habitent au Royaume des Morts, non loin d'ici. Enfin, non loin... A l'échelle de l'Univers, ce n'est pas très loin.

- Mais, donc, vous... intervint Benjamin.

- J'ai dit, pas d'interruption, jeune homme ! Où en étais-je ? Ah oui, repris le docteur, le Royaume des Morts. Ses habitants sont ceux étant morts sur Terre, ainsi que ceux qui sont morts ici, au Pays des Disparus. En résumé, tout le monde finit au Royaume des Morts, mais peu passent par le Pays des Disparus. Je crois que j'ai tout dis, vous pouvez maintenant poser vos questions.

- Monsieur, commença immédiatement Benjamin, cela signifie que l'ensemble des personnes disparues sur Terre dont nous n'avons retrouvé aucune trace se trouvent ici ? 

- Exactement. D'ailleurs, mon visage vous dit peut-être quelque chose, dit le docteur.

- Oui, continua Emilie. Monsieur, c'est vous qui avez disparu il y a un an environ, après avoir débuté une randonnée dans les Alpes ? J'ai vu l'alerte disparition à la télévision.

- Oui, c'est bien moi. Quand je suis arrivé ici, j'étais un peu surpris, mais quand on a eu fini de tout m'expliquer, j'ai pu trouver ma place ici.

- Comment ça tout ? lui demanda Benjamin. Et comment êtes-vous arrivé ici ?

- Le phénomène est très étrange. Il arrive un disparu une fois par semaine : le mercredi, à 17h, au même endroit où vous avez "atterri" ici. Ce disparu peut venir des quatre coins du monde : d'Amérique, d'Asie, d'Afrique, ou même de la plus lointaine île au milieu de l'océan Pacifique. Nous ne savons pas pourquoi cela se passe toutes les semaines, le même jour, et au même horaire. Nous avons juste fait une constatation.

Quand j'ai démarré cette randonnée, en montagne, il y a un an, je ne me doutais pas du tout que je n'allais jamais en revenir." 

Le docteur s'affaissa un peu dans son siège. Il soupira. 

"Je n'ai prévenu personne que je m'en allais. Ma femme était chez ses parents avec nos enfants, pour quelques jours, et j'avais besoin de prendre l'air. Elle savait que j'allais à un moment où à un autre de la semaine partir en randonnée, j'adore ça. J'avais souvent effectué le même trajet, en montagne, et je le connaissais par cœur. Et, à chaque fois, je m'allongeais contre le même arbre, pour faire une petite sieste, afin de récupérer un peu. Vous comprenez, cette randonnée était très longue, alors je me fatiguais rapidement. Sauf que, cette fois, au lieu de me réveiller sous un beau soleil de mai, je me suis retrouvé, je ne sais pas comment, au milieu d'une route, en pleine campagne. On m'a alors expliqué, après m'avoir téléporté ici, que j'étais le disparu numéro H-2088-19, pour "Homme, année 2088, 19ème semaine" et que j'allais être assigné à ce poste, afin de faire cesser ce..." Et le docteur, les lèvres pincées, se tut.

Et si... L'Univers n'était pas infini ?Where stories live. Discover now