L'amour est un pissenlit

2. Le Nouvel An de Nestor

2. Le Nouvel An de Nestor

Opaline l'avait traîné jusqu'ici, il ne pouvait pas dire le contraire. Nestor aimait sa sœur, mais sur certains points, elle pouvait l'agacer, comme pour cette soirée. Cependant, il n'avait pas le droit de lui en vouloir car c'étaient leurs parents qui l'avaient forcée à le faire venir. Il ne connaissait personne ici, exceptées sa sœur, sa meilleure amie Alya et peut-être une rouquine qu'il avait déjà être dans sa classe.

Nestor aurait nettement préféré rester dans sa chambre à regarder des vidéos sur Internet et à somnoler sur le canapé en attendant minuit.

Au final, il était là, planté au milieu d'inconnus, tous plus bourrés les uns que les autres, à observer les allers-venues dans le salon.

— Venez, on met de la musique pour danser ! proposa quelqu'un en criant pour se faire entendre au milieu du bruit.

Un « ouais » unanime résonna dans la maison et la musique recouvrit les bruits produits par ce groupe d'ados.

Nestor chercha automatiquement une issue, mais une fille lui barra le passage.

— Tu veux danser avec moi ? demanda-t-elle.

Elle semblait sobre par rapport aux autres invités de la soirée. Elle était plutôt mignonne avec un sourire délicat.

— Pourquoi pas ?

La fille passa ses bras autour du cou de Nestor et il plaça ses mains au-dessus de ses hanches. Elle posa sa tête contre son torse et il déglutit : il n'était pas vraiment prêt pour ce genre de situation. Il ignora le reste du monde, même sa partenaire de danse et se concentra sur la musique et les paroles.

Ils avaient lancé la dernière chanson d'Ed Sheeran, Perfect. La mélodie douce et romantique avait calmé les cris émanant des camarades de classe de sa sœur. Maintenant, la plupart d'entre eux dansait au milieu du salon, entre amis ou en couple.

— Tu es plutôt mignon tu sais, déclara la partenaire de Nestor.

— Quoi ?

— Tu es mignon ! répéta-t-elle. Ça fait assez longtemps que je cherche comment t'aborder sans être maladroite.

— Euh... Tu n'es pas un peu bourrée ? demanda-t-il en remarquant ses propos voulus gentils, mais totalement déplacés.

— Je sais me contrôler contrairement à tous les autres crétins de ma classe. Si je veux finir éméchée, je le fais. C'est juste que tu me plais depuis un certain temps, donc l'alcool permet de faciliter les contacts lorsque notre conscience nous retient. Ce qui est rare me concernant : je suis plutôt directe. C'est pourquoi je t'autorise à m'embrasser.

Nestor ne comprit pas. Il recula brusquement et se détacha de la fille. Il partit prendre l'air sur le balcon, faisant attention à fermer la porte-fenêtre derrière lui.

Pourquoi sa sœur l'avait-elle poussé à venir ? Ou plutôt, pourquoi ses parents avaient-ils forcé Opaline à le faire venir ? Il n'avait pas envie d'être dragué par une fille de la classe de sa jumelle.

— Ça ne va pas ? demanda la fille en le rejoignant, un air innocent collé sur le visage.

— Si ! affirma-t-il trop rapidement pour être sincère.

— Si je ne te plais pas, tu peux me le dire. Ma franchise est un peu violente parfois. Je suis désolée. Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise.

— Ce n'est pas ton physique le problème. Tu es très jolie, n'en doute pas.

— Alors quel est-il ?