Chapitre 8

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Gilbert se sentit soudainement extrêmement lourd, il eut l'impression de chuter de très haut, très vite. Il avait été pourtant si bien dans ses rêves et il retombait dans un corps atrocement pesant. Il se sentit étouffer et tenta de se redresser, paniqué. Il fut cependant vite entravé dans son mouvement par une main solide qui le plaqua à nouveau le dos contre le matelas. Gilbert voulu se débattre, mais ses membres faillirent, encore à demi-anesthésiés par son évanouissement. Rapidement il observa le lieu où il se trouvait et croisa le visage d'Ivan à côté de lui, tout lui revint en mémoire.

Le Russe ayant finalement retiré sa main qui maintenait Gilbert contre le matelas, l'albinos réussit à avoir un mouvement de recul. Il tenta de prononcer quelques mots mais il ne sortit de sa bouche que des sons aléatoires dénués de sens. C'était comme s'il avait momentanément oublié comment parler. Toujours sur le matelas, il s'était éloigné au maximum du Russe, il tremblait encore légèrement du manque d'oxygène qu'il avait subi et ses yeux s'affolaient en détaillant chaque mouvement d'Ivan, comme s'ils ne savaient pas d'où allait venir le prochain danger. Cependant le Russe ne bougeait pas, se contentant de se tourner vers l'albinos.

- Tu as dormi longtemps. J'ai trouvé de l'eau, tu as soif ?

Comme pour accompagner sa parole, il tendit une vieille bouteille en plastique à Gilbert qui ne réagit pas immédiatement. Après un certain temps il retrouva tout de même un rythme respiratoire plus calme. Il ne quittait pas Ivan du regard, les yeux mauves du Russe avaient repris un air plus doux, plus humain. Mais Gilbert n'avait aucune confiance en lui, il allait forcément lui faire à nouveau du mal, dès qu'il baisserait sa garde.

Cependant Ivan ne bougeait toujours pas, un léger sourire aux lèvres il tendait patiemment la bouteille à Gilbert. L'albinos finit par arriver à détourner quelques secondes son attention du visage du Russe pour la poser sur l'objet qui lui était offert. L'eau bougeait légèrement dans la bouteille, il avait atrocement soif et un goût de sang lui emplissait la bouche. Il tenta d'entre-ouvrir les lèvres et de bouger légèrement la langue, il ne semblait même pas reconnaitre sa propre bouche. Il était surement enflé, c'était du moins ce qu'il en conclut.

Il avait bien sûr toujours mal mais rien n'égalait la douleur qui lui prenait le crâne. Appâté, Gilbert finit par saisir la bouteille avec méfiance pour aller la porter à ses lèvres. Il sentit préalablement le liquide. Outre le fait que la bouteille sentait fortement le renfermé, il n'y avait aucune odeur particulière. C'était bien de l'eau, elle devait juste dater de quelques semaines. Mais là il s'en foutait, il aurait bu n'importe quoi. Il fit lentement glisser le liquide dans sa bouche, lui laissant le temps d'apaiser légèrement ses douleurs avant de la laisser couler dans sa gorge sèche. Il éprouvât une nouvelle douleur en déglutissant. L'eau était incroyablement agréable, mais le mouvement lui fit presque monter les larmes aux yeux. Il hésita à reprendre une gorgée, partagé entre ces deux sensations. Il se décida finalement à boire à nouveau mais la bouteille lui fut violement arrachée des mains. Ivan saisit le visage de Gilbert pour y verser le restant de l'eau. Avant de pouvoir se dégager, l'albinos sentit le liquide glisser sur sa peau avant d'aller tremper ses vêtements et le matelas déjà à demi moisi. Elle était assez fraiche et la sentir passer sur l'enflement au bas de sa joue, marque encore récente et douloureuse du coup qu'il avait reçu, fut agréable. Mais il avait déjà froid, et l'eau était loin d'être la bienvenue sur le reste de son corps. Gilbert ne dit pourtant rien, il était encore secoué de ce qu'il venait de vivre et mettait du temps à analyser ce qui se passait autour de lui. Ivan se mit à frotter sans ménagement la joue du blessé.

- Tu es plein de sang. Tu as toujours eu cette habitude étrange de te faire régulièrement mal. C'est à se demander si tu n'aimes pas ça.

Gilbert sentit soudainement la douleur s'intensifier sous cette manipulation. Par réflexe il écarta la main du Russe en répondant strictement :

Malgré les mensongesWhere stories live. Discover now