The Melody Of My Soul [TK]

[12]

Deux nuits et trois jours que je ne dors pas, que je n'ai pas bougé de mon canapé.
Si vous vous demandez comment je ne suis pas mort déshydraté, c'est tout simplement parce que je bois mes larmes.

Jimin m'a appelé plus de vingt fois je crois, il doit s'inquiéter.
Pourtant, mon corps ne veut pas bouger ne serait-ce que pour aller chercher mon téléphone.

Ma vision devient souvent floue à cause des larmes et du gonflement de mes yeux.
Je suis souvent étourdi, bien que je sois allongé.

Depuis que je sais que ma mère est décédée, c'est comme si tout s'était arrêté.

Je me sens, frustré, affaibli, triste, vide, mort, énervé, désespéré, affamé.. je vais m'arrêter là, la liste pourrait devenir trop longue.

Ce matin, Jimin est venu toquer à ma porte, il m'appelait de toutes ses forces derrière l'obstacle en bois.
J'ai préféré ne pas répondre.
Je voulais rester seul.
Bien que ça ne m'apportait rien à part rester enfermé dans mes pensées noircies.
Moi qui riait et souriait tout le temps, je crois que ça n'arrivera plus jamais.

Comme maman.

Et voilà, je me fais chialer encore plus.

Je ne voulais pas que Jimin me voit comme ça, comme l'épave que je suis actuellement.

Mes cheveux sont gras, en bataille.
Mes yeux sont sûrement rouges et gonflés.
Ma bouche est sèche comme le désert du Sahara.
Mon visage ne laisse paraître aucune émotion.
Je pue la transpiration.

Je suis aussi mort que vivant.

Justement, je pue énormément.

Je décidais enfin sérieusement de me lever pour aller prendre une douche.
D'accord je suis un cadavre, mais autant être un cadavre qui sent un minimum le propre.

Je me déshabillais puis je pris un instant pour regarder mon corps dans le miroir.

Mes joues étaient creusées, mon teint était pâle. On voyait les os de mes chevilles et de mes poignets beaucoup plus que d'habitude.
Pourtant, je n'avais rien mangé  seulement depuis trois jours.

Je soupirais, dégoûté par l'image que je me donnais puis plongeais mon corps meurtri sous l'eau brulante.

Je suis resté longtemps dans la douche, j'ai encore pensé à maman, au passé.
J'ai encore pleuré, mes larmes se mélangeaient avec les autres gouttes d'eau.
L'eau qui sort du pommeau a un goût de javel, mes larmes ont un goût salé.
Toutes les gouttelettes n'ont pas le même goût, mais elle sont toutes pareilles, indiscernables à l'oeil et au touché.
Juste comparables gustativement.

Et voilà, je pars encore dans des explications absurdes et inutiles.
Ça m'arrive souvent ces derniers jours.
Parfois, ça me fait rire.

Peut-être que je deviens fou ?

Et vous, avez vous déjà comparé des gouttes d'eau ?

À qui je parle, sérieusement ?

Je suis seul dans ma tête, qui peut bien être ce "vous" ?

Bref, je suis resté une bonne demie heure sous l'eau avant de sortir et d'enfiler un peignoir.

Puis je suis retourné sur le canapé.

J'ai dormi cette fois, ça m'a fait du bien.
Parce que quand tu dors, ce n'est plus le monde réel.
Tu oublies tout, tu ne penses à rien.

Je ne sais pas vous, mais moi, il n'y a que quand je dors et que j'ai l'impression d'être mort que je me sens bien.