pedro La ville blanche

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Et l'improbable se produit: elle le retrouve par hasard, à Marseille, au fond d'une nuit d'hiver, dans la grande ville blanche qui brille au bord de mer. Improbable mais pas si étrange. Les marins ne quittent jamais la mer. Ils errent dans les espaces vides et industriels des grands ports, dans la ville parfois. C'est ce qui se passe ici. Ils se voient, ils se reconnaissent. Ils restent sans voix, un long moment. C'est le passé qui remonte, une vague qui les submerge. Rien n'est changé, ni l'amour, ni son regard, ni l'indicible beauté de son corps, de ses épaules si proches. Mais la vie les sépare à nouveau. Elle a bon dos. Et pourquoi? On ne sait pas, on ne comprend rien. Son mari est là avec elle. Il donne de l'argent au marin pour qu'il s'en aille, pour qu'il la laisse en paix, enfin. Elle lui dit d'accepter l'argent. Ça n'a pas l'air vrai. Enfin seulement cette histoire d'argent. Pour le reste c'est vrai que l'on peut renoncer à l'amour, à cause du reste. Pour qu'il ne soit pas souillé, qu'il reste intact, distinct du reste. Quoi au juste?
Pedro réfléchit. À t-il vécu cette histoire? Il ne croit pas, dans sa jeune vie. Mais il sait que cette histoire va lui arriver, à lui. En moins romanesque bien entendu, mais exactement la même. C'est dommage. Après l'amour sera peut-être inaccessible. À cause du reste...

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