abuela Tantot je dors tantot je veille

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Tantôt je dors ; tantôt je veille. Les dérèglements de la vieillesse font que je dors le jour et veille la nuit. Est-ce la peur du noir et de la nuit éternelle? Je regarde les étoiles et je me sens soudain aspirée dans l'espace interstellaire. Est-ce la fin ou le début d'une errance? Je gère cela assez bien. Plutôt que de me retourner dans cesse dans mon lit je me lève et je sors regarder les étoiles, si le ciel est clair, ou je rouvre mon livre en attendant que le sommeil me rattrape. Lorsque je verrai la mort irai-je vers elle à pas pressés? Les livres sont l'infini labyrinthe qui par leur profondeur nous font oublier le temps, les limites de la pensée. Il liquéfient l'âme qui devient vagabonde comme celle des fantômes. Perdue dans les inquiétants miroirs de Borges je retrouve le sommeil tant attendu et poursuit dans mes rêves les échappements d'une pensée diffuse. Dans cette torpeur nocturne le passé se recompose, et, comme les horloges de Dali, n'est pas moins malléable que l'avenir. Il forme avec lui une continuité fluide et satisfaisante à l'approche de la mort.
Pytagore de souvenait avoir été Phirrus.
La grand-mère se réveille. Combien de temps a-t-elle dormi? Très peu de temps. Elle va à la fenêtre. La lune ronde est posée au milieu du paysage, elle éclaire la nuit, la mer, l'île noire. La lumière blanche rebondit sur une brume légère au dessus de l'eau. Tout semble immobile et pourtant tout bouge, la lune circule dans le ciel, la terre tourne lentement sur son axe, la marée redescend.
La lune solitaire chevauche au dessus des mers bleues.

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