✨(11) Des yeux bleus perçants

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JE RENTRE À PIED , en profitant des derniers rayons de soleil alors que l'air commence à se rafraîchir

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JE RENTRE À PIED , en profitant des derniers rayons de soleil alors que l'air commence à se rafraîchir. Mes pas se posent au rythme de la musique. La musique rend toujours tout ce que l'on fait, vous savez, épique. Elle vous fait croire que tout va bien, que tout est beau, elle vous donne confiance en vous. Mon petit sourire sur le coin des lèvres est la preuve de cet effet.

Aujourd'hui, j'ai décidé de passer par le chemin le plus fréquenté pour rentrer à la maison, le désir d'observer la population super-active de Manhattan plus fort que tout je présume.

    — Ava !

Je retire mes écouteurs et me retourne, surprise, avant de reconnaitre le grand brun aux joues rougies par le froid qui me sert de coéquipier. Qui d'autre qu'Aspen ?

    — Merci de m'avoir fait passer pour un taré qui hurle au moins dix fois en courant le nom d'une fille qui ne daigne même pas se retourner, lâche-t-il.

Tout compte fait, ses joues ont pris cette teinte cramoisie parce qu'il a couru pour me rattraper. Je remets mes écouteurs.

     — Désolée je ne t'ai pas entendu.

Au bout d'un moment, il commence à rire tout seul, je mets la musique en pause intriguée.

     — Qu'il y-a-t'il ?

     — Il te reste encore une marge avant de prouver que tu n'es pas froide toi.

Je n'y crois pas. Il fait référence à la nuit dernière. Je croise son regard vert malicieux et lève les yeux au ciel, néanmoins je retire mes écouteurs.

    — Je croyais que tu terminais plus tard ?

     — Prof absent, il plisse les yeux. Dis moi, ce ne serait pas elle Madison ?

Je tourne immédiatement la tête dans la direction indiquée avant de découvrir effectivement une chevelure rousse qui traverse le passage piéton, le style discret et simple de cette silhouette correspondant à celui inimitable de Madison Byrne.

     — Aspen, elle se dirige vers notre rue, m'étonné-je.

Il fronce les sourcils à son tour. La disparition de sa silhouette nous confirme bien qu'elle s'est engagée dans notre rue. Puisque nous en avons l'occasion, il faut à tout prix déterminer où elle habite.

Sans nous consulter, nous sprintons jusqu'au passage piétons comme des ados insouciants qui viennent d'accomplir un défi avant de reprendre une vitesse de marche et de bifurquer à l'angle de notre rue.

C'est avec stupeur que nous découvrons que Madison Byrne s'arrête au niveau de notre maison...

Avant de traverser la route et de pénétrer dans celle d'en face.

    — Madison est notre voisine, articulé-je incrédule.

Nous nous postons face à cette jolie maison. Les haies bien taillées et le portail noir scintillant la rendent harmonieuse et discrète, un peu à l'image de son habitante. Il me semble même que je peux parfaitement la voire de la fenêtre de ma chambre.

— Pourquoi Cathy ne nous en a pas parlé ?

— Aucune idée.

Au bout d'un long moment de contemplation, je me rends compte que le spectacle que nous offrons - deux ado le nez en l'air plantés devant une maison - est potentiellement étrange. Aspen est le premier à se détacher de notre contemplation pour rentrer.

Je m'apprête à le suivre, ma stupéfaction passée, lorsque je pivote la tête et croise à plusieurs mètres de moi des yeux bleu perçants.

Qui m'observent.

Je me fige en reconnaissant l'un des jumeaux Grace : Dean. Adossé à un lampadaire, il m'observe, la mine sombre.

Lentement, il se détache et s'avance vers moi sans me quitter une seule seconde des yeux.

Quand je vous parlais de musique, celle-ci peut également multiplier les sensations. Dans ma tête, c'est tout un orchestre qui joue une musique angoissante faisant hérisser mes poils.

Certaine que je tiens devant moi la menace à éradiquer, je me prépare à me battre. Il s'avance encore vers moi le regard encore plus glacial que d'habitude avant de soudain s'arrêter. Fixant un point derrière mon dos.

     — Ava ! Salut !

La voix de Madison Byrne retentit et je ne comprends plus rien. Celle-ci, en tenue de sport ferme la porte de chez elle avant de dévaler les escaliers de son perron. Elle me salue de la main avant de sourire à Dean.

     — Tu es prêt ?

J'entends le son de la voix pour la première fois alors qu'il lui répond mais toujours en me fixant.

     — Toujours.

     — Nous allons faire du footing, tu viens avec nous Ava ? s'exclame avec enthousiasme Madison.

     — J'ai des devoirs, dis-je dans un souffle.

Je vois bien les lèvres du jumeau Grace s'étirer en un petit rictus moqueur.

     — Nous sommes voisines Madison ? balbutie-je.

     — Oh ! Je ne l'ai découvert que ce matin, quand je vous ai vu passer ton frère et toi. J'ai compris que nous étions voisins mais aussi que j'étais en retard, sourit-elle.

Je souris à mon tour avant de m'éclipser et de monter à la hâte les escaliers du perron. Ce n'est que lorsque je me retrouve le dos contre la porte d'entrée, une fois rentrée que je peux souffler

Cathy passe devant l'entrée, une tasse de café à la main sans tout de même s'arrêter.

     — Bonsoir Amanda, ta journée s'est bien...

Elle laisse sa phrase en suspens avant  de revenir vers moi et d'observer mon air abasourdi.

     — Tout va bien ?

Je me force à sourire.

     — Tu aurais pu nous dire que Madison Byrne était notre voisine d'en face.

      — Mr Lane l'a stipulé il me semble.

     — Il n'aurait sûrement pas oublié ce léger détail, raillé-je.

Sans plus attendre, je m'élance dans les escaliers.

     — Nous allons bientôt diner, me prévient-elle. Mais je n'entends pas la fin de sa phrase. Ayant déjà claqué la porte de ma chambre.

Les deux yeux bleu glacials de Dean Grace ne voulant arrêter d'hanter mes souvenirs, j'attrape un petit carnet noir sous mon matelas, et survole les premières pages noircies par mon écriture.

Oubliez l'idée de journal intime.

J'aplatis du plat de la main la dernière page en lisant distraitement le titre que je lui avais donné : « Lana Montgomery et les lycéens de Allen Stevenson School» « Lana et Tyler ?» « Lana et Jessica ?».

J'attrape un crayon et commence à griffonner sur une nouvelle page. « À surveiller de plus près » l'unique flèche que je trace relie ce titre à un nom que j'entoure plusieurs fois.

« LES JUMEAUX GRACE »

Amanda Lee [tomes 1&2]Where stories live. Discover now