43. Mon prince charmant

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Parce qu'un jour, il me faudra changer.

Mais ça me terrifie.

En été, je reviendrais. On se reverra. S'embrassera comme le font deux amants de longue date qui ne se sont jamais perdus.

Je ne veux jamais te perdre. J'ai jamais voulu te perdre.

Pourtant, j'ai pas le courage de te suivre. Les doigts glacées, les lèvres gercées, sans tes baisers. Tu ne m'embrasseras plus jamais, ne me berceras plus jamais, ne me jouera plus jamais de piano.

Tu vas où, Min Yoongi ? C'est quoi, ta destination ? Le succès ? Tu triomphes pas assez de ce monde, à mes côtés ?

T'as pas la voix très douce, mais je t'écouterai jusqu'à ce que ma beauté se fane et en vient à perdre sa bataille contre le temps ; et si le temps d'un instant tu te plonges dans ce silence qui te paraît conciliateur alors je t'embrasserai jusqu'à ce mes lèvres abusent des tiennes, jusqu'à ce qu'elles s'enivrent de toi, encore et encore.

Tu n'es pas toujours très cajoleur, c'est le cas de le dire, mais ne me quitte pas pour autant ; l'empreinte de tes doigts qui étreignent les miens et les emmitoufle d'amour a tracé un sillage exquis sur ma peau, ton rire m'enflamme et laisse l'empreinte de ton amour sur mon être entier ; alors je te pardonne les étreintes que tu as oubliées et les baisers dont tu m'as délaissés.

Parce que je t'aime, mais que je suis terrifiée.

À l'idée de te perdre ; à l'idée de m'en aller.

Chaque seconde me blesse.

Je t'aime comme j'écris, je t'aime comme je saigne, je t'aime chaque jour, tous les jours.

Je sens plus que je n'entends les bruits de pas qui crèvent le silence de mon instant. Crispée, je ne me retourne pas, je ne bouge pas, j'ignore. J'ignore le reste du monde.

Ça sera qui, cette fois-ci ?

J'étouffe, je me blesse, mes larmes sont aiguisées comme des couteaux, mes paroles jaillissent et déchirent, je me fâche avec ceux que j'aime et leur ombre, je ne suis plus bonne à rien, dans ma peine.

De grisailles en humeur, d'humeur en tourments.

''Je me disais bien que cette silhouette m'était familière.''

Les brindilles d'herbes me chatouillent les jambes, je suis en guerre contre la fausse herbe du terrain de foot, arrachant par poignée la matière synthétique. Pour me distraire. Ignorer. Ignorer mes désirs.

Mon cœur brûle un peu, de le voir.

''Seokjin.'' Je soupire son prénom comme l'on abjure sa dernière certitude, le coeur lourd et les lèvres désolées. ''Salut.''

Et la ville s'endort.

''Je ne peux m'empêcher de t'envier, tu sais ?''

Je fronce les sourcils, ne le regarde pas. Je sais qu'il me regarde.

''Pourquoi ?''

''Je crois qu'il t'aime. Que tu restes ou que tu partes... Il t'aura aimé.

''Que tu restes ou que tu partes, il t'aura aimé. Et si tu décides de rester... Il t'attendra.''

Triomphe - Min YoongiDonde viven las historias. Descúbrelo ahora