ii. maman

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CHAPTER TWO
❲ii. maman
london!














5 juin, 12h45

JE N'AVAIS JAMAIS RESSENTI le besoin de partir du pays imaginaire. S'il existait, c'est pour que des enfants puissent faire le choix de ne pas grandir. J'avais cherché partout dans Londres les garçons les plus abandonnés, les plus rejetés par le monde des adultes pour leur proposer de rester à jamais jeunes. Je les ramenais au pays imaginaire où nous vivions heureux.

Puis je l'ai trouvé.

À Londres, je pensais que l'amour était une chose ridicule réservée aux adultes : j'avais tord.
Rien n'est plus beau et plus pur que l'amour que porte un enfant à un autre. Rien n'était plus beau que ce que je ressentais pour Thomas.

Quand je l'avais trouvé, pleurant, blotti contre un mur suintant d'une ruelle, il ne m'avait pas fallu longtemps pour comprendre qu'il était différent. Il avait de grands yeux noisettes chalheureux, des grains de beauté qui constellaient sa peau. J'étais tombé amoureux de son nez en trompette, de son rire et de ses jeux.

Mais je ne pouvais pas. Il était Thomas, un garçon perdu et j'étais Peter Pan. J'étais le garçon qui avait choisi l'enfance, la liberté, et il m'apportait ce dont j'avais toujours rêvé. Dommage que ce ne se soit pas réciproque.

De toute façon, je ne comptais pas lui avouer ; il me rembarrerait et je n'aurait plus qu'à m'enterrer jusqu'à ... Je ne savais pas jusqu'à quand, d'ailleurs.

Clochette agitait ses minuscules ailes pour me rattraper. Nous étions en vol depuis quelques heures et je vis apparaitre la silhouette de Londres dans la brume. Je laissais le vent me porter jusqu'au quartier de Bloomsbury, me retournant pour voir Clochette qui se débattait pour ne pas se laisser distancer. Je retournais en arrière et attrapais sa taille délicatement et l'aidais à avancer.

'Ça te coûte rien de m'attendre !' cracha-t-elle en commençant à bouder.

Quelle râleuse celle-là ! Même au pays imaginaire, elle passait son temps à se plaindre - j'adorais cette fée, bien entendu.

'Si, du temps', rétorquais-je en riant.

Clochette laissa échapper une grimace.

'Elle sera là, que tu sois en retard de deux minutes ou de trois heures', ronchonna-t-elle.

Je me raidis et la petite fée s'en aperçut. Je n'aimais pas le ton que Clochette prenait quand elle parlait de nos voyages à Londres. Je voulais juste voir cette fille qui m'intriguait. Juste la voir, et repartir. Et écouter les histoires de la femme aussi. Et regarder leurs jeux, et ... oui, bon, je voulais juste rester la voir.
Le problème, c'était que Clochette savait pour Thomas - elle ne manquait pas de se moquer de moi lorsque je passais trop près de lui, cette criminelle ! - et qu'elle ne supportait pas la fille que je venais voir.

'Cette fille est exactement le contraire de Thomas !' piailla-t-elle. 'Tu peux pas aller la voir tout le temps et être amoureux de lui !!'

Argh. Un de ces jours je l'assassinerais et ferais en sorte qu'on ne retrouve jamais le corps - de toute façon, elle était minuscule.

'Thomas n'a rien à voir là-dedans !'

Nous étions arrivés. Je me posais sur le toit et m'appuyais contre la cheminée.

✓ | NEVERLAND ❪ NEWTMAS AU ❫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant