Chapitre 1 : Une rencontre imprévue

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Le matin du lundi où commence cette histoire était un beau matin ensoleillé comme il en faut au printemps. Orek Isco était assis à sa table de petit-déjeuner, dans sa maison du 127 rue Granoulle. C'était un jeune homme de 25 ans, long et fin, qui avait des cheveux noirs d'encre et des yeux magnifiques couleur ambre. Il réfléchissait, les yeux dans le vague, en sirotant son infusion choux de Bruxelles - endives - betteraves. Il pensait à la vie qui se répétait sans cesse : le matin il faut se lever à sept heures, prendre son petit-déjeuner à huit heures, sortir, prendre le TABVB (Train Allant de la Banlieue à la Ville de Briscol), arriver au bureau, travailler toute la journée jusqu'à dix-huit heures (exceptée la pause de midi 12h-13h où l'on mange un sandwich), sortir de son cabinet d'avocat, bien fatigué, reprendre le TABVB, rentrer à dix-neuf heures à la maison, diner et se coucher. C'est ainsi tous les jours sauf le dimanche, où l'on prend la voiture, pour rouler deux heures, voir les parents, la petite sœur et le soir regarder la télévision. Que la vie est répétitive ! Que la vie est monotone ! Qu'elle est ennuyeuse !

Orek retournait ces idées dans sa tête quand il réalisa qu'il devait partir. Il prit sa mallette en cuivre, son manteau et sortit dans l'air frais du matin. Il arriva à la station de TABVB et s'assit sur un banc. Quand le train arriva dans un crissement infernal, Orek remarqua qu'il était particulièrement bondé ce matin-là. Il eut peine à s'y glisser et fut aplati contre le mur. Le TABVB se remit en marche. Soudain, le jeune homme vit dans la foule deux petites silhouettes rondouillettes et presque identiques qui ressemblaient davantage à des lutins qu'à des hommes, qui se frayaient un chemin en demandant d'une petite voix : « Orek Isco, s'il vous plaît. Vous le connaissez ? » Le garçon fit semblant de ne pas les entendre et se demanda ce que lui voulaient ces étranges personnes. Il n'était même pas sûr qu'il s'agît de lui. Mais quand les lutins passèrent devant lui en jetant un regard implorant et en murmurant « Orek Isco ? » il ne put résister à leurs yeux brillants et dit dans un souffle : « C'est moi ! ». Les deux lutins parurent tout joyeux et tout excités. Ils dirent alors d'une même voix : « Nous avons besoin d'un bon avocat. Relevez-vous le défi ? » Orek acquiesça. « Eh bien, nous descendons jeune homme ! ». Orek fut stupéfait. Le train était en marche et les deux personnages avaient ouvert la porte sans que personne ne s'en aperçoive ! Les deux bonhommes passèrent par la porte. Orek était cloué sur place, mais quand l'un des lutins passa sa tête par l'encadrement et dit de sa voix flûtée : « Qu'attendez-vous ? », il se résolut à le suivre. Il respira profondément, ferma les yeux et traversa la porte.

L'avocat du TempsWhere stories live. Discover now