Heading for Danger |H.S|

15 - Le goût du danger

— Alors, c'est ça vos trucs pas très légaux ? demandé-je une fois assise.

Abigail me sourit - pas un vrai sourire amical, soyons honnêtes. Plutôt un rictus à faire froid dans le dos.

— En partie, oui.

J'attends quelques secondes qu'elle m'en dise plus mais elle semble bien plus intéressée par le reste de cannabis de Harry aligné sur la souche d'arbre mort. 

— Voyons voir si t'as des couilles, me nargue Grayson.

Il me lance aussitôt quelque chose que j'attrape dans la volée. En ouvrant mes mains, je découvre un petit cachet rose. Mes sourcils se froncent, j'inspecte la gélule sous toutes ses formes jusqu'à ce que je comprenne ce que c'est.

— De l'ecstasy ?

— Gagné, ricane-t-il. Tu te sentiras mieux après, effet garanti !

— Grayson, tu ne devrais pas lui donner ça, sermonne Lorraine.

— Elle est assez grande pour faire ses propres choix, contre-attaque Abigail, sadique.

Je me mords la lèvre puis mon regard descend vers Harry. Ses yeux rouges sont déjà posés sur moi. Il me fait un sourire en coin.

— Qu'est-ce que t'attends ? Le déluge ? s'amuse-t-il.

— J'en ai jamais pris.

— Eh bien, tu ne seras pas déçue. Ce truc te fait planer comme sur un nuage, dit Grayson.

Je continue de fixer le cachet. J'ai déjà pris plusieurs drogues dans ma vie mais toujours en étant sûre de l'effet que ça produit sur le corps ainsi que les risques. Shay me disait sans cesse de me méfier de ce genre de substances et pour ça, je l'ai toujours écouté. Je n'avais pas envie de me foutre en l'air à 19 ans.

— Aller, trésor. Arrête de réfléchir et lâche-toi un peu, me souffle Harry.

En me tournant vers lui, je le découvre seulement à quelques centimètres de moi. Sa bouche est si près que je peux sentir son souffle alcoolisé s'abattre sur mes lèvres. Et, pour une fois, je ne me déconfis pas. Au contraire, je le pousse en affichant un regard glacial.

— Je fais ce que je veux.

— Même pas capable de s'amuser, grogne Abigail, une fois qu'elle a sniffé toute la poudre.

— Je sais m'amuser, me défendé-je.

— Alors, avale-le. Ton petit Calum sera heureux de te revoir toujours intacte.

Elle m'envoie un sourire mielleux qui a le don de m'énerver encore plus. Je fixe derechef la pilule, divisée. Encore une fois, ils me marchaient sur les pieds, me prenaient pour la pauvre petite merde de service.

Harry ne me lâche toujours pas du regard, mordant son piercing de façon provocante. En fait, ils me regardent tous. Sans plus réfléchir, j'avale la pilule rose et aussitôt, Grayson m'applaudit en criant :

— Elle l'a fait ! Elle l'a fait !

Abigail hausse un sourcil.

— Alors, c'est comment ?

— Les effets n'arriveront que dans une demi-heure, informe Jason.

Ses deux doigts tiennent une cigarette qui paraît bien ridicule autour de toutes les drogues présentes sur la souche.

— Attendez... Vous n'avez jamais avaler ce genre de pilules avant moi ? dis-je, soudain troublée.

— Nope, rigole Harry. Pas celles-là en tout cas. Elles sont plus puissantes que celles qu'on a d'habitude.