24 - Soirée fluo

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— Je ne comprends pas pourquoi on ne voit rien d'ici, commente Tam. D'habitude, il y a toujours la lumière du feu.

Je plisse des yeux, tentant de voir, à travers le feuillage de cocotiers, des flammes parsemer l'horizon mais à part, le bruit des vagues et la lune qui reflète l'océan, il n'y a rien pour m'indiquer que nous sommes bien au bon endroit.

— Tu crois qu'on s'est trompé de jour ? dit-elle.

— Impossible, Harry m'avait dit dans deux jours. C'est aujourd'hui.

Nous continuons d'avancer lentement. J'essaye de faire les plus petits pas possible. Saleté de robe ! Par le fruit d'un miracle encore inexpliqué, Tamara a réussi à me convaincre de porter une robe. Oui, mesdames et monsieurs, une robe ! Tandis que je ne jure d'habitude que par les jeans délavés et les jupes un peu excentriques, me voilà à me balader avec une de ses robes en dentelle noire, moulante et court. J'ai l'impression d'être un animal de foire. Je ne sais même pas pourquoi j'ai accepté de la mettre. Le dress code voulait que nous portions quelque chose de noir et Tam a directement flashé sur cette robe en fouillant dans son placard. À partir de ce moment-là, c'était déjà trop tard pour riposter, je me suis rentrouvée dans la salle de bain en moins de deux secondes pour l'essayer. Heureusement, j'ai encore mes bottes en cuir aux pieds, ma marque de fabrique, qui me réconcilie un peu avec ce look. Pas sûr que ce combo des deux soit très sexy mais ma fidélité pour ces chaussures est sans égale.

— Tu entends ce bruit ? demande Tamara après un longue minute de silence. (Elle tend l'oreille.) On dirait...

— Des cris.

Elle hoche la tête.

— On est proche. Mais, bon Dieu, pourquoi n'y a-t-il aucune lumière ? C'est quoi ce concept de merde encore ?

— Une idée de Tagada, je suppose, dis-je, levant les yeux au ciel.

— Peut-être qu'il n'y avait plus de bois pour leur feu.

Je lève un sourcil en regardant autour de moi.

— Je vois du bois partout moi.

— Ho, ça va. J'essaye simplement de trouver une explication rationnelle.

Les bruits s'intensifient. Une musique électro devient de plus en plus forte à mesure que nous approchons de la plage. Cette mélodie est presque ensorcelante et dégage un effet de transe dont les épileptiques ne doivent sûrement pas raffoler.

J'entends soudain un hurlement de joie dont la voix m'est très familière. Grayson. À l'expression lasse qu'affiche Tam, je ne doute pas qu'elle l'ait entendu aussi.

— J'avais espoir qu'il ne vienne pas, gémit-elle.

— Ignore-le.

— Comment ? ironise-t-elle en me faisant de gros yeux, moyennement amusée par ma conception des choses. Il me colle depuis le repas où vous avez été convoqués, il m'énerve sans cesse et finit toujours par me faire dire des choses que je ne veux pas ! C'est infernal !

Je les ai vus quelques fois ensemble, en effet. Ou plutôt, correction : j'ai plusieurs fois vu Grayson suivre désespérément Tamara partout où elle va. Il l'a d'ailleurs invitée en personne à cette soirée et c'est lui qui nous a dit de nous habiller en noir.

— Il te fait dire des choses que tu ne veux pas ? la taquiné-je. Laisse-moi deviner, tu lui as malencontreusement confié qu'il t'attire comme un dieu attire une déesse ?

Ses joues s'enflamment et elle déglutit. J'ai vu juste.

— Ça ne s'est pas passé comme ça ! Je l'ai juste sous-entendu sans même m'en rendre compte !

Heading for Danger |H.S|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant