La promesse de nacre (Sous contrat d'édition)

Prologue

Cuevas-Blancas, Espagne 1910.

En cette nouvelle journée, qui s'annonçait très chaude, le soleil commençait juste à se lever. Il remplissait la chambre d'une lumière pâle et orangée. Son cercle, encore blafard, était visible à la limite entre le ciel et l'eau. La jeune femme contemplait la scène avec fascination. Il lui semblait qu'il déroulait un tapis rouge sur la surface de l'eau pour qu'elle puisse aller le rejoindre.

La maison allait bientôt se remplir de tous ces petits bruits qu'elle connaissait bien. Le bruissement discret des vêtements des femmes de chambre arpentant les couloirs de l'étage, les ustensiles de cuisine qui tintaient en s'entrechoquant, le bruit des lourdes portes et les pas dans les chambres voisines, tout cela lui était familier et allait se mettre en route doucement.

Elle avait compté toutes les heures, rythmées par la grande horloge du rez-de-chaussée dont elle entendait le carillon régulier.

Pourquoi le sommeil l'avait-il abandonnée ? Elle avait cruellement besoin de dormir. Elle avait tellement donné de son corps, de son air, de ses cris, de sa sueur. Elle avait tellement attendu, espéré sans y croire jusqu'à cette nuit où elle avait failli abandonner, tant la douleur avait été vive. Mais aujourd'hui elle avait donné le jour à son premier enfant et c'était un fils.

Il était l'aboutissement de tous ses espoirs, de ce pour quoi elle avait tenu, de ce qu'elle avait désiré le plus au monde et il était enfin là.

C'était important que ce soit un garçon. D'abord pour elle, car elle souhaitait ardemment qu'il en fût ainsi. Elle préférait les garçons, plus autonomes, plus robustes et, selon elle, moins difficiles à élever.

Jésus était le fils de Dieu et cet enfant serait son prophète. Elle l'appellerait donc comme lui, en plus, cela sonnait bien « Rrrrézuss » en espagnol. Personne, et même pas son époux, n'oserait l'empêcher de choisir ce prénom biblique dans ce pays croyant et pratiquant.

En ce moment, en regardant son fils endormi dans ses bras, elle se demandait comment elle pourrait vivre pleinement cette journée alors qu'elle n'avait pas fermé l'œil de la nuit.

Lentement, son regard se porta vers la fenêtre et elle se laissa glisser dans une bienfaisante torpeur.

Au-delà de la terrasse fleurie qui s'ouvrait vers l'astre lumineux, elle contempla le lever de soleil, comme une route tracée vers une nouvelle vie.

Oui ...  je sais, cette partie est un peu étrange parce qu'il ne s'y passe rien ...

Ce sont juste des émotions et les réflexions de l'héroïne principale parce que cette naissance correspond à une étape toute particulière pour elle, dans le sens où elle lui procure la légitimité qu'elle attendait.

Cependant, les chapitres suivants, débutent après un flashback de presque vingt deux années, là où commence l'histoire, dans cette époque où les révoltes, les guerres et les épidémies font rage, où les conventions prennent souvent le pas sur la morale et où tout peut encore être bouleversé. Mais où l'amour sera malgré tout le fil conducteur.