Chapitre 31.

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Point de vue : Juliette.

  Nous sommes rentrés à l'appartement, Guillaume n'a rien dit de tout le trajet, il tenait ma main comme si j'allais partir. Son expression était neutre, alors que je pleurais silencieusement.

  J'appelle Émilie, pour lui annoncer la nouvelle, comment annoncer ça à ses proches, sérieusement ? Ma mère, comment elle va réagir ?

-Allô ?

-Salut Émilie, c'est moi, dis-je, un sanglot dans la voix.

-Oh... qu'est-ce qui t'arrives Juju...? me demande-t-elle.

  Je regarde Guillaume, qui est sur le canapé, la tête entre ses mains. Je vais dans la chambre et éclate en sanglots.

-Juliette ?! Qu'est-ce qui se passe ? insiste Émilie, inquiète.

-Je... j'ai une tumeur au cerveau..., lâché-je, en pleurs.

  Je continue de pleurer alors qu'elle ne dit plus rien. J'entends seulement sa respiration se saccader.

-Juliette..., sa voix se casse et elle se met à pleurer.

  Mon cœur me fait mal, ma gorge aussi, tout mon être me brûle. J'ai besoin de Guillaume... il n'est qu'à quelques mètres de moi, et pourtant je le sens si loin...

-Émilie... je te rappellerai... je... je suis désolée..., murmuré-je entre deux sanglots.

  Je raccroche et me dirige vers le salon. Les larmes coulent toujours sur mes joues. Je vois trouble, j'ai mal à la tête, j'ai du mal à marcher...

  Guillaume se tient devant moi, il a pleuré, ses yeux sont rouges, ses joues humides. Je vais dans ses bras et le serre fort contre moi. Je respire son odeur, il sent si bon...

-Je t'aime, murmure-t-il. Je t'aime tellement...

  Mon cœur se fend et mon corps est secoué par des sanglots.

-Je t'aime aussi Guillaume...

  Il me serre un peu plus contre lui et enfouis sa tête dans mon cou. Il va falloir que j'appelle ma mère, et ça va me faire mal...

  Demain, nous devons retourner à l'hôpital, je vais devoir y rester, pour une durée indéterminée. J'ai peur, je ne voulais pas d'une vie comme ça...

-Je vais appeler ma mère..., murmuré-je.

  Il déserre son étreinte et m'embrasse le front délicatement. Je lui souris, les yeux encore larmoyants, et prends mon téléphone.

15 mai 2011.
08h00.

  Mon réveil sonne. Je soupire longuement. Aujourd'hui, je mettrais ni ma chemise ni ma casquette, je n'irais pas jusqu'au travail... je vais à l'hôpital...

  Hier, j'ai eu du mal à consoler ma mère au téléphone. Elle pleurait, je la rassurais, mais au fond ça me faisait mal de lui faire du mal. Elle m'a dit qu'elle viendrait me voir le plus vite possible, et qu'elle n'aurait jamais dû me laisser partir à Caen.

-Ma puce..., murmure Guillaume en passant une main dans mes cheveux.

  Je le regarde, les larmes aux yeux.

-J'ai pas envie d'y aller Guillaume..., avoué-je.

  Il me prend délicatement dans ses bras tandis que j'essaie de me calmer. Les larmes coulent sur mes joues, j'hume l'odeur de mon copain, comme si c'était la dernière fois que je la sentais.

-J'ai pas envie d'y aller non plus..., me souffle-t-il. Mais tu dois y aller, Juliette...

  Je ferme les yeux pour que mes larmes cessent de couler, et j'embrasse passionnément Guillaume. Il répond à mon baiser en passant sa main dans mes cheveux.

  Nous nous préparons ensuite pour aller à l'hôpital, l'ambiance est déprimante, mais j'ai fait des recherches sur Internet, et il est très peu probable que je m'en sorte.

  Et ça, ça me tue. Une boule de stress s'est formée dans mon ventre : la peur de mourir. J'adore ma vie, mon copain, mes amis... il a fallu que cette maladie vienne tout gâcher. 

  Mon téléphone vibre, signifiant que j'ai un message. Je prends l'objet et l'ouvre.

De : Orel
J'ai eu du mal à consoler Émilie hier, on vient te voir aujourd'hui... 😔💔 je suis tout aussi abattu qu'elle...

  Mon cœur et ma gorge se serrent un peu plus. Ça fait du mal à tout le monde...

À : Orel
😔😢 je vais être à l'hôpital à partir de maintenant... 💔

  J'envoie le message, les larmes aux yeux, puis Guillaume me prend la main, une fois que nous sommes prêts, et nous partons. J'ai fait ma valise hier soir, avec plein d'affaires de Guillaume, surtout des pulls ou des t-shirts. Je me suis renseignée sur le site de l'hôpital et il sera impossible pour lui de dormir à mes côtés le soir.

  Arrivés à l'hôpital, l'infirmière m'indique ma chambre, et nous accompagne. Mon ventre se noue une nouvelle fois. Il faut accepter le sort de sa vie, même si c'est très dur.

  Une fois dans la chambre, l'infirmière m'explique que je vais faire différents tests, de la chimio etc... j'avoue que ça me fait peur.

-Je vous laisse tranquille, me dit la femme.

  J'acquiesce et m'assieds sur le lit. Je vais devoir rester clouée au lit toute la journée, à regarder la télé, à ne pas profiter de mon copain...

  En parlant de Guillaume, il est adossé au mur, le regard dans le vide. Je me redresse lentement et marche vers lui. Je caresse sa joue barbue de ma main, et je l'embrasse tendrement. Il répond à mon baiser, et mets ses mains sur mes hanches. Je sens de l'eau couler sur mes lèvres, je rouvre lentement mes yeux et mon cœur se brise encore plus. Pour une fois, ce ne sont pas mes larmes... ce sont les siennes.

-Guillaume..., murmuré-je en essuyant ses larmes.

-Putain j'suis vraiment un fragile, rit-il nerveusement en détournant le regard.

-J'ai peur aussi, lui dis-je. Je veux pas vous perdre... je veux pas te perdre...

  Il contracte la mâchoire et me prend dans ses bras. Je le serre fort contre moi.

  Quelqu'un toque à la porte et nous nous séparons à contre cœur.

-Entrez, dit Guillaume.

  La porte s'ouvre sur une métisse en pleurs qui vient me prendre dans ses bras. Orel, les mains dans les poches, me salue, la gorge nouée, et s'adosse au mur, aux côtés de son ami.

-Putain Juliette..., sanglote Émilie, je vais faire comment sans toi ?

-Elle est toujours là, rétorque Guillaume. Elle est toujours là, ok ?

  Les larmes me montent aux yeux. J'en ai marre de pleurer mais je n'en peux plus...

  Émilie ne répond pas mais me prend dans ses bras une deuxième fois.

-Il faut seulement s'y habituer..., souffle mon petit-ami en baissant les yeux.

N.D.A : Il était super compliqué à écrire ce chapitre, je suis désolée. Demain, double-update ~

Perdu d'Avance // OrelSan // GringeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant