RENOUVEAU. LIBERTÉ. JOIE.
Léonor James, alors âgée de 20 ans, s'installe à Philadelphie pour suivre ses études après avoir enduré une rupture amoureuse difficile. Vivant sa nouvelle vie de jeune étudiante à mille à l'heure, elle continue de faire d...
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Je gémis de douleur lorsque Léna m'applique de la crème dans le dos. D'après elle, un bleu violacé s'est formé au niveau de mes omoplates et s'étend sur mes côtes. Quant à ma mâchoire, je n'ai pas osé me regarder dans une glace pour vérifier. Et honnêtement, je n'en éprouve pas l'envie : je dois ressembler à rien. Pitoyable et faible. Je refuse cependant qu'elle touche à ma mâchoire, je veux fièrement afficher ce bleu. Je deviens folle. Et pour couronner le tout : Léna m'applique rudement la crème sans se préoccuper de ma douleur. Elle pose ses mains à plat sur ma peau et fait pression. Je grogne, elle soupire. Au fond, je sais qu'elle adore me voir comme ça. Mais qu'est-ce qui la pousse à agir de cette façon ? À être aussi insensible comme tous les autres ?
— Tais-toi, tu veux bien ? peste-t-elle.
Ça lui coûterait un bras de ralentir la cadence et de faire preuve d'un peu de douceur...
— J'ai une question, soufflé-je entre deux désagréables massages qu'elle effectue à contrecœur.
— Vas-y.
Je suis étonnée qu'elle ne me rembarre pas et ne me réduise en silence encore une fois. Je poursuis, la gorge nouée :
— Comment as-tu rejoint ce gang ?
Les mains de Léna s'immobilisent aussitôt et je sens ses longs ongles se planter dans ma peau. J'en oublie presque de respirer, Elle hésite un long moment avant de répliquer froidement :
— Pourquoi est-ce que tu me demandes ça ?
— Je ne voulais pas...
Un long silence s'ensuit et je n'entends plus que les battements effrénés de mon cœur battant dans ma poitrine. Léna reprend ses gestes mais ceux-ci se font plus délicats et hésitants. Je la sens torturée par ma question maladroite et je me pince les lèvres, m'attendant à des paroles cinglantes de sa part, mais ces dernières n'arrivent pas. Le silence s'éternise pendant de longues minutes durant lesquelles Léna s'occupe de mes ecchymoses causées par Tristan. Je le hais tellement fort que je pense sincèrement prendre ma revanche lors du prochain entraînement. Entraînement, que je suis contrainte de suivre. Le reniflement de mépris de Léna me ramène aussitôt à la réalité.
— Peu importe comment je suis arrivée, finit-elle par répondre avec assurance. Je suis aimée ici, et puis trop de sang a coulé sur mes mains pour que je revienne en arrière.
Je réprime un frisson d'effroi, la respiration saccadée. Trop de sang ? Qui a-t-elle tué pour en avoir autant sur ses doigts si soignés ? Et soudain, la vision effroyable du meurtre commis par Tristan me revient en mémoire et je dois serrer les dents pour retenir un sanglot. La vision du sang, des cris et des supplices malheureux de la victime me reviennent et me hantent. Peut-être qu'elle est aussi sanguinaire que lui qui sait...
