Partie 1

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23 juin 1991

En face d'un centre de santé, Karl, un enfant à peine âgé de 2ans vient de rendre l'âme dans les bras de sa mère. Cette dernière n'ayant pas les moyens financiers nécessaires, les médecins avaient refusé d'apporter les soins médicaux requis à son enfant. Ce garçon était mon frère et cette femme ma mère. Un an plus tard je vis le jour. Mes parents, très pieux et croyant en une amélioration de leurs conditions misérables de vie, me prénommèrent Gloria-Victorious.

Malgré les maigres moyens de mes parents, ils m'inscrivirent à la maternelle puis à l'école primaire de notre bidonville et nous formions une famille très unie. Je me révélais être une enfant belle, brillante et éveillée que tout le monde adulait.

Mon père était un cordonnier apprécié, reconnu et respecté dans son milieu. Cependant cela ne suffisait pas à lui assurer les revenus nécessaires pour une vie plus décente ; surtout lorsqu'on prend en compte le fait qu'il faisait très souvent de la charité. (En y réfléchissant bien, je me dis que Monsieur Kouadio notre ancien voisin avait raison lorsqu'il disait qu'on prend toujours aux pauvres le peu qu'ils ont).

Quant à ma mère, c'était une femme douce, souriante et pleine d'entrain ; ce qui lui valait toujours l'admiration et la sympathie des uns et des autres notamment de ses employeurs. Mais la vie étant ce qu'elle est, je me rappelle de l'évènement qui fit de moi ce que je suis devenue.

Agée de seulement 9 ans, je venais d'être admise à l'entrée en 6ème. Ne pouvant pas rentrer toute seule, ma mère me demanda de l'attendre sur son lieu de travail afin que nous rentrions toutes les deux à la maison ; ce qui ne fit pas du gout de sa patronne. Car, cette dernière âgée d'environ 25 ans, porta main à ma mère qui avoisinait la cinquantaine. Cette scène me peina énormément et en dépit de tout ce que je pu dire à ma mère, elle retourna travailler pour cette mégère afin de soutenir financièrement mon père.

Après cela je décidai de travailler dur afin de relever le niveau de vie de ma famille. Je n'avais plus qu'une obsession, devenir quelqu'un d'influent afin d'aider toutes les personnes dans le besoin et le Seigneur m'y aida car je fis orientée au Lycée Sainte Marie de Cocody*.


Cocody : commune huppée d'Abidjan (capitale économique de la Côte d'Ivoire)

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