Partie 2

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Nous étions un 12 septembre et c'était le jour de la rentrée. L'enceinte de cette école, à elle seule, inspirait le respect du travail acharné. C'est une école de prestige et de grande renommée ; alors, m'y retrouver en tant qu'élève, me motivait pour mon combat contre la vie. Je m'étais même trouvé une sorte de leitmotiv : « Pourquoi pas moi ? ». Je découvrais ces bâtiments dressés si fièrement ! Cette terre rouge et ce sol qu'ont déjà foulés bon nombres de femmes toutes plus influentes les unes que les autres ! Ces murs qui avaient vu grandir et s'épanouir des générations de femmes battantes ! Ces tableaux qui avaient forgé une ambition de plus en plus grande ! Oh oui ! Tout m'inspirait en ces lieux.

J'étais consciente que je marchais dans les pas des plus grandes femmes de ce pays et j'en étais fière. Je décidai de m'abandonner corps et âme à mes études car j'étais convaincue qu'après l'effort, adviendrait la récompense.

Vous vous demandez surement comment s'y sont pris mes parents afin de s'acquitter des frais de scolarités et acheter mes fournitures scolaires. Et bien, ayant été classée première à l'échelle nationale lors de l'examen du CEPE, une association décida de prendre entièrement en charge mon cursus scolaire secondaire (frais d'inscription et de scolarité, fournitures, uniformes scolaires, ...) ; c'était magique ! Je n'en revenais pas !

Ma première année ne fut pas de tout repos car il n'était pas toujours facile de me rendre à l'école surtout en période pluvieuse ; de plus, je ne pouvais étudier correctement les soirs faute de lumière mais aussi parce que je devais aider ma mère. Elle ne me le demandait pas. Cependant, ma conscience morale m'y obligeait car elle était plutôt âgée et épuisée.

En dépit de tout cela, je me classai au rang de troisième avec une moyenne annuelle de 17,30. Je n'étais pas heureuse pour autant car je me sentais capable de plus. C'est alors que Tiphany, le chef de classe, me sortit de mes pensées.

- Gloria ? Madame POLKO te demande.

- Moi ? Mais pourquoi ? Répondis-je

- Je n'en sais rien ! Vas et tu verras ! Rétorqua-t-elle avec un sourire malicieux.

Peu de temps après ces mots échangés, je me retrouvais en face du bureau de ma responsable de division. Après avoir échangé les salutations d'usage, elle me permit de m'asseoir.

- Comment vas-tu ? Me demanda-t-elle.

- Bien Madame, merci. Répondis-je d'une petite voix.

- J'ai pris connaissance de tes résultats et je sais que tu peux faire mieux. Dit-elle après quelques minutes de silence.

- Oui Madame.

- Ce pourquoi nous avons décidé de t'aider car nous n'ignorons pas ta situation. En effet, nous avons décidé de te payer les frais d'internat durant tout ton cycle secondaire !

- Oh Mon Dieu ! Oh Madame ! Merci, merci énormément ! Eh Dieu, eh Madame ! Merci beaucoup !

Je ne cessais de répéter ces mots en pleurant ! Car oui, j'étais consciente de la chance qu'on m'offrait et je me sentais prête à la saisir. Je me ressaisi et posai une question :

- Madame, quand vous dites « nous », qui sont les autres personnes ?

- Avec un sourire, elle me répondit qu'il y avait seulement une personne et que c'était mon chef de classe.

Les yeux remplis de larmes, je me rendis compte que je m'étais fourvoyée au sujet de Tiphany. Je l'avais toujours prise pour une fille à papa, pourrie et gâtée. C'était la première fois que je me trompais autant au sujet de quelqu'un. Sans doute que je m'étais laissée aveuglée par la jalousie. Je remerciai encore une fois Madame POLKO et pris congés d'elle.

Je cherchai Tiphany et quand je la vis, je lui tombai dans les bras et me mis à pleurer en la remerciant et en m'excusant pour ce que je pensais d'elle. Elle essuya mes larmes et me dit qu'elle ne m'en voulait pas.

Croyez-moi, ce fut le début d'une belle, longue et forte Amitié.

Pendant les vacances, je tenais toutes sortes de petits commerces pouvant me permettre d'aider mes parents. A seulement 10 ans, je savais déjà cuisiner bon nombre de mets. Alors, le matin, je vendais des galettes accompagnées de bouillie* de mil ou de riz ; à midi, de l'attiéké* avec du poisson et du poulet et à 16 heures, de l'alloco* avec des œufs.

Comme par miracle, cette année, mes petits commerces me rapportèrent pas mal d'argent au grand bonheur de toute la famille. 


Attieke : aliment comme le couscous mais fait à base de semoule de manioc 

Alloco : gros dés de bananes plantains frites dans de l'huile

Bouillie : boisson chaude faite à base de poudre ou de grain de mil, de riz, de mais, ... avec du sucre et/ou du lait (en poudre, concentré sucré, concentré non sucré, ou liquide)

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