we're going down

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Elle était recroquevillée sur elle-même, posée sur son coussin. Elle s'appuyait contre le dos du lit en se faisant une place parmis ses peluches.
Pour elle ce n'était pas seulement de vulgaires peluches, pour ainsi dire, chacune avait sa propre histoire et sa signification qui la rendait unique et irremplaçable. Elles étaient donc différentes, et complémentaires.
Quoique les gens pouvaient dire, pour elle, les doudous n'avaient rien d'inutile, et elle n'était pas plus "un bébé" que n'importe qui. Des idiots.
Peu importe, de toute façon elle les aimait et les garderait le plus longtemps possible.
Elle attrapa son petit carnet tricolore du bout des doigts, et, après y avoir couché ses ressentis, le reposa délicatement de sorte à ne réveiller personne.
C'était une routine qui la rendait à l'aise avec son environnement, c'était un moyen de se rassurer en soi.
Puis, avant de s'allonger, elle posa ses doigts le long de son bras.
Elle retraçait au fur et à mesure ce qu'elle avait sculpté. Sur son bras, des reliefs, de tailles et formes différentes. Partout.
C'était toujours pareil, ça commençait par "..juste 1" et la même phrase se répétait en boucle. Jusqu'au moment où trop c'est trop, la limite est atteinte, et le signal d'alarme se déclenche ".stop."
Pour son visage, c'était exactement pareil, même système, même but, même fin.
•1•2•3•et puis 10•et puis 20•et puis ça ne s'arrête plus•
Alors pour se rappeler, sa main glissa de son bras, à son visage.
Cette fois, du vide. Un peu trop de vide à son goût, mais si bien camouflé.
Bataille quotidienne, défaites qui s'enchaînent.
Souvent, elle se demande comment c'était avant. Ce devait être tellement plus simple. Simple, et léger. Elle ne se souvient plus très bien de ce sentiment de liberté, alors elle imagine, avec une once d'espoir, ce que ça faisait d'être si désinvolte.
Non vraiment, les souvenirs se faisaient de plus en plus rares.
Par contre, elle se rappelait parfaitement de cette haine nourrie de soulagement profond, de ce sang qui croûte lentement, ou encore de ce maquillage resté sous les ongles, sur sa chair, sa chair lourde et sale.
Voilà ce dont elle se souvenait très bien, de sa peau, de son âme lourde, et sale. Ce n'était jamais assez, et la pauvre, ne s'en sortait plus.
Elle s'arracherait le visage si elle le pouvait. Renaissance, renouveau, recommencer.
Après ça, elle songeait encore, d'abord aux efforts qu'elle allait devoir fournir pour masquer ce qu'elle était vraiment. Ensuite elle avait peur, oui, car la crainte d'affronter le miroir au réveil la terrifiait.
Mais pour finir, elle s'interrogeait ; Quel était le meilleur moyen de nettoyer tous ses doutes et angoisses ?





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HéautontimorouménosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant