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Les années mille neuf cent cinquante... Cette nouvelle ère qui a marqué sa nouvelle vie universitaire loin de ses tracas. Amour, chaleur et bienveillance sont ses maîtres-mots depuis qu'elle a rencontré les deux prunelles de ses yeux. Elle n'a jamais pensé que ses instincts de protection se manifesteraient autant pour de banals liens d'amitié surtout dans ce climat de constante rivalité. 

Elle est venue armer de son intelligence, de sa compétitivité, de sa rigueur et de sa ténacité et la voici qui est devenue gentille, accessible et festoyeuse. Bien sûr, cela n'entache pas ses caractéristiques d'étudiante exemplaire, toutefois, elle se demande souvent comment la personnalité d'un être humain peut changer au point de ne plus se reconnaître et cela par l'intervention de personnes. Oui, comment elle, Lenora GARCIA-MARTIN, insensible dans l'âme, a-t-elle pu être si aisément convertie à la joie et au bonheur ?

— Lenora ! l'interpelle une voix familière.

Prête à franchir les grilles de l'établissement, l'intéressée s'arrête et fait volte-face. Au loin, elle aperçoit une jeune femme à la peau mate qui lui fait de grands signes de mains. Ses cheveux ébènes sont remontés en un chignon et l'élégance qu'elle dégage, vêtue d'une chemise rayée rentrée dans une longue jupe mêlant rayure et imprimés de cartes de poste, est telle que tous les regards convergent sur elle. Des gants blancs habillent ses mains et ses chaussures aux petits talons claquent avec détermination sur le sol.

A sa droite, une seconde étudiante se fait tout autant remarquée. Ses longs cheveux frisés se balancent au rythme de ses pas et chacune de ses courbes sont sublimées dans sa blouse à carreaux, au décolleté ravageur, et son jean taille-haute, retroussé à mi mollet. Elle chausse ses jolies sandales aux fins talons et ils résonnent avec autant de force que sa partenaire. A grands pas, les jeunes femmes s'approchent d'elle et un grand sourire se dessine sur ses lèvres peintes en rouge. Elle les enlace chaleureusement lorsqu'elles arrivent à sa hauteur, leur laissant des traces écarlates sur les joues.

— Mais quelle entrée triomphale ! commente-t-elle avec amusement après les avoir relâché. Un peu plus et on se croyait dans un film !

— C'est l'effet sensationnel, se vante Rosella en lui adressant un clin d'œil.

Cette dernière tournoie, dévoilant ses superbes jambes sous sa jupe, et comme sa maladresse n'est jamais bien loin, elle s'emmêle les pieds et trébuche. Un jeune homme, vers qui elle avançait aveuglément, la rattrape de justesse et il la redresse, leur regard ancré l'un dans l'autre. Sa tête est familière à Lénora, elle l'a déjà aperçu quelques fois auparavant à l'entrée du campus mais elle ne sait rien de lui.

— Fais attention la prochaine fois, lui sourit-il en la libérant.

— Ou... Oui, bégaie la jeune femme. Merci...

— Mais quelle cliché, cette fille, soupire Ofelia à l'oreille de Lenora.

Pouffant, elles regardent leur amie avec moquerie alors que celle-ci contemple cet inconnu qui s'éloigne, les mains dans les poches, la démarche nonchalante. Ses prunelles scintillent de mille feux et lorsqu'elles se posent sur les deux jeunes femmes, ces dernières ne peuvent retenir un roulement d'yeux.

— Qu'est-ce que ça veut dire, ça ? se plaint-elle, les bras croisés sous la poitrine. Je n'ai rien dit !

— Pas encore, la taquine Lénora. Mais, laisse-nous deviner : "il est trop beau", non ?

Se renfrognant, l'étudiante part devant, vite rejointe par Ofelia qui passe son bras autour de sa nuque et avant de les rejoindre, la jeune femme jette un dernier coup d'œil sur l'extérieur. Les jeunes adultes s'aventurent dans les couloirs de l'établissement, tout en discutant et saluent les nombreuses connaissances qu'elles rencontrent.

— Vous avez entendu parler du meurtre d'hier soir ? poursuit Rosella sur le ton de la confidence.

— Je te rappelle que mon père est policier, souligne Ofelia, sceptique. Il a été appelé sur les lieux des crimes très tard et si j'ai bien compris, durant l'appel, il a été mentionné que c'était particulièrement sanglant.

— Ah oui ? s'enquiert la brune, rongée par la curiosité. Tu n'as pas plus de détails ?

— Non, répond la concernée. Quand je suis partie ce matin, il n'était toujours pas rentré.

— Dois-je comprendre que nos plans pour ce soir sont en péril ? s'attriste Lénora.

Leurs fameux plans du vendredi soir... Se rendre au super 8, un bar à quelques minutes à pied, est leur tradition depuis des lustres. Pas une seule semaine ne s'achève sans qu'elles n'y fassent un tour. Pourtant, l'expression que prend le visage d'Ofelia la laisse prédire qu'il y aura une exception à la règle.

— Ma mère refuse que je sorte, râle l'étudiante. Je n'étais même pas encore sortie qu'elle m'a dit que je ne vais nulle part ce soir.

— A tous les coups, ce sera pareil pour moi, soupire l'autre. Poules comme ils sont, mes parents ne me laisseront jamais sortir ! Tu as bien de la chance de vivre seule, 'Nora...!

Elle ne sait pas si c'est une chance de vivre seule seulement, elle ne s'en plaindra pas. Être seule ne lui est pas inaccoutumé, c'est tout le contraire. Sa mère étant décédée il y a plusieurs années, en pleine couche, il ne reste qu'elle et son père. Ils ne sont pas très proches et de ce fait, leur rapport se limite au strict nécessaire. Lui, se charge de payer le loyer de son appartement et elle, travaille à temps partiel pour subvenir à ses besoins. Son père est éleveur et ses revenues, variant d'une période à une autre, rendent leur situation financière instable.

Par conséquent, depuis le début, elle ne compte que sur elle-même. Récolter de bonnes notes et de bonnes appréciations afin de se faire repérer par les grandes écoles. Et c'est ce qui l'a mené ici. Alors, au fond, que ne donnerait-elle pas pour avoir des parents qui attendent son retour, aussi insupportables soient-ils ? Dans un soupir, elle hausse les épaules et en jetant un coup d'œil à sa montre, elle constate qu'il est l'heures pour elles de gagner leur salle de cours respective. Les jeunes femmes n'appartiennent pas aux mêmes facultés et heureusement d'ailleurs, ensemble, elles deviennent de véritables pipelettes.

— Il est l'heure d'y aller, déclare-t-elle.

Avec un grognement de mécontentement, le groupe se sépare dans l'intersection de couloirs et gagnent leur salle.

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𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐹𝑒́𝑙𝑖𝑛𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant