Chapitre 15

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On se regardait avec un mélange de peur et de doute. Personne n'osait dire le moindre mot. L'atmosphère était terriblement pesante. Le bruit des explosions retentissantes et du feu crépitant dans le reste de l'endroit arrivaient à nos oreilles.

J'étais très intimidée par le scientifique, la colère incarnée. Il nous prêtait très peu d'attention, à Aiden et moi, mais était concentré sur Koga. Le silence durait et durait, pas un mot pour l'interrompre, jusqu'à ce que le scientifique prenne la parole.

« Qui êtes-vous ? Pourquoi êtes-vous ici ? »

Sa voix était vibrante de colère. J'avalai ma salive et regardai Aiden en lui demandant d'un regard ce que nous devions faire.

« Vous n'êtes pas censés être ici... Vous êtes censés être morts... »

Un peu angoissée, oppressée, je commençais à me gratter nerveusement la nuque puis la gorge ; je ne m'attendais pas à y trouver un liquide un peu visqueux et étonnamment chaud. Je regardai mes doigts : il n'y avait pas de doutes possibles, il s'agissait bien de sang. Mon sang. Je le sentais couler, je commençais à paniquer, la douleur arrivait doucement mais sûrement. Aiden criait mon nom à côté de moi. Ma gorge continuait de me gratter atrocement, mais je me retenais pour pouvoir rester en vie. Ma peur se lisait facilement dans mes yeux.

Aiden grogna et fonça sur le scientifique en brandissant un sabre. Ils commençaient à se battre plutôt violemment ; notre ennemi avait sorti un petit poignard mais arrivait sans peine à se défendre avec. Je pris Koga dans mes bras et l'incitai à quitter cette salle de conflit. On dût abandonner Mya.

« Nous la récupérerons plus tard, Koga. Ne t'inquiète pas pour ta sœur... »

Il sourit tristement et nous sortîmes en courant. Au bout de quelques minutes, nous nous arrêtâmes, essoufflés. Nous nous assîmes dans un couloir en respirant doucement. On se regardait avec calme. Puis Koga commença à sangloter. Je le pris avec douceur dans un chaleureux câlin. Je le laissais pleurer tranquillement et lui dis tendrement :

« Ne t'en fais pas... Ça ira... »

Il commençait à se calmer, et j'en souris timidement. J'étais heureuse qu'il aille mieux. Après quelques instants passés ainsi, nous reprîmes notre promenade silencieuse. Les couloirs désormais déserts faisaient résonner chaque bruit, même les plus infimes, en une sorte de menace monstrueuse et pesante, remettant en question notre souhait même de vivre. Mais nous continuions d'avancer, à la recherche d'Acnos et de Kata. Nous ne pouvions pas les abandonner ici. Il pouvait s'en sortir, mais elle...

Je serrais les dents et essayais de ne plus y penser. Les amis, j'espère que vous allez bien...

À nouveau, une explosion suivie d'un bruit de fracas retentit proche de nous. Le temps nous était compté. Ils avaient sûrement fait quelques dégâts. Cette pensée me fit rire nerveusement dans ce décor glauque. Mais cela ne les fit pas apparaître, bien sûr. Nous regardions un peu partout autour de nous, à la recherche d'une quelconque porte, ou un moindre signe de la présence ou du passage des autres captifs. Et nous trouvions quelque chose – enfin – qui attira notre attention : un trou dans le mur, de près de deux mètres de haut sur deux mètres de large. Le genre de chose que l'on ne pouvait pas manquer.

Nous passâmes à travers, et remarquai Acnos qui courait, mais pas dans notre direction. Jugeant futile de l'appeler, nous le suivîmes. Il courait plutôt vite – et ce ne sont pas mes petites jambes qui diront le contraire. Il fit plusieurs virages, mais nous réussissions à ne pas le perdre de vue. Il entra ensuite dans une pièce. Nous y entrâmes également, mais le spectacle que je voyais m'horrifiait.

Acnos était assis sur le sol, serrant Kata dans ses bras. Cette dernière avait son chemisier imbibé d'un sang vif de fraîcheur. Et Acnos pleurait à chaudes larmes. Kata semblait... Inconsciente... C'était sûrement ça... Elle ne pouvait pas être morte !

Je commençais moi aussi à pleurer dans un silence absolu ; et en remarquant cela, Koga me prit doucement dans ses bras, pour essayer de me donner un petit peu de réconfort. Acnos leva la tête et remarqua notre présence ; mais il la baissa aussitôt, se sentant sûrement mal à l'aise que nous ayons vu cela.

Je m'approchais d'eux, les yeux rougis par les larmes. Je m'agenouillai près de mon amie, et mis ma main sur son cœur, et là...

La réalité me frappa comme un coup de couteau.

Je ne m'en étais pas rendue compte au premier abord à cause de sa température corporelle normale.

Mais son cœur était éteint, comme l'était cette flamme dans ses yeux, jadis. Cette flamme qui m'avait donné tant d'espoir et de joie lors de ma vie avec eux.

Mais maintenant, elle ne sera plus là pour égayer tous les instants.

Non.

Non non non !

Je refuse ! Elle ne pouvait pas être morte !

Je m'effondrai sur le sol, pleurant, hurlant comme je n'avais jamais hurlé, en serrant le corps maintenant et pour toujours inanimé.

Acnos et Koga essayait de me réconforter, mais c'était en vain. Je ne les écoutais pas. Je ne les regardais même pas. Tout mon corps était dévoué à Kata en cet instant.

Je ne fis même pas attention à la suite des évènements. Ils semblerait que Aiden nous ait rejoint entre temps avec une enfant endormie sur son dos, et que nous avions pu rentrer. Mais je ne suivais pas ce qu'il se passait, comme si mon esprit était resté là-bas. Car nous l'avions laissée là-bas, et jamais nous ne pourrions la ramener.

Une des premières choses que je fis une fois arrivé fut un dessin. Un portrait tout droit sorti de ma mémoire. Je sortis dans un coin à part du camp d'entraînement, comme un petit jardin secret. Et là, j'accrochai le dessin à un arbre, en gravant son nom dans l'écorce avec mes propres ongles.

Et là, je me dis que la vie ici ne sera plus jamais pareille qu'avant.

L'école de l'OlympeWhere stories live. Discover now