Chapitre 1

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 « Miss Pervenche dans la cuisine avec le chandelier. »

Gros Billy ouvre si grand la bouche qu'un morceau de biscuit tombe sur le plateau.

« Comment cha fait pour trouver cha ? », dit-il.

Je ne réponds pas, me contentant d'esquisser un sourire énigmatique.

Comment j'ai fait pour trouver ça ? Je suis détective privé, tout simplement.

« Elle a peut-être faux, suggère cette imbécile d'Anaëlle.

- Bien sûr que non.

- Si, c'est tout à fait possible. Simon, tu n'as qu'à vérifier, puisque tu ne joues pas ! »

Mon super copain hausse les sourcils, coupé dans sa lecture. Le Chien des Baskerville à la main, il émet un long bâillement, m'adresse un sourire complice, et ouvre l'enveloppe.

« Non, elle a raison. C'est bien Miss Pervenche dans la cuisine avec le chandelier. »

Gros Billy me regarde. L'admiration se lit dans ses yeux vitreux.

Mais comme d'habitude, il faut qu'Anaëlle-jamais-contente vienne tout gâcher.

« Il ment !, s'étrangle-t-elle. Je l'ai dans mon jeu, Miss Pervenche ! Elle s'est forcément trompée ! »

Simon sourit gentiment à Anaëlle et me chuchote :

« C'était le Colonel Moutarde dans le salon avec la corde. Mais c'est pas grave, t'y étais presque. »

A l'instant où je m'apprêtais à répliquer, Ethel se précipite vers nous et me lance :

« Toi. Dans le bureau de Madame la directrice.

- Attendez, on a pas fini le jeu !

- Mais si, on a fini, Agatha a gagné.

- Elle a triché ! J'ai Miss Pervenche ! Elle ne peut pas avoir gagné ! »

Tout en ignorant Anaëlle – elle finira par apprendre que j'ai toujours raison –, je me lève, Simon pose son livre, et nous nous engageons derrière Ethel.

« Non, pas toi, Simon. Seulement Agatha. »

Je fronce les sourcils, perplexe.

D'habitude, quand je suis convoquée, c'est avec Simon. On joue ensemble, on fait nos bêtises ensemble, et on est punis ensemble. C'est comme ça que ça marche.

Simon me jette un regard encourageant, et je suis Ethel jusque dans le bureau de Madame Samovar.

Ce n'est pas bien de fonctionner à l'instinct, pour un détective privé. En général, il faut des preuves. Les pressentiments ne suffisent pas.

Là, pourtant... J'ai un pressentiment.

J'ai le pressentiment que ce qui va m'arriver dans le bureau de Madame Samovar n'est pas une bonne chose.

C'est peut-être pour cela que je suis à peine surprise de découvrir un inconnu, tranquillement assis en face de la directrice.

« Agatha, ma chérie ! Nous t'attendions. »

La voix est beaucoup trop polie.

Non. Ce n'est pas une bonne chose.

« Merci, Ethel, vous pouvez disposer. »

Notre femme de ménage file en claquant la porte et j'ai la désagréable impression d'être prise au piège.

« Agatha, ma belle, dis bonjour au monsieur ! »

Agatha et la mystérieuse affaire de StylesWhere stories live. Discover now