Chapitre 4

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La maison de Monsieur Styles est monstrueusement grande. Et je trouve que « monstrueux » est un adjectif parfaitement adapté, parce que la maison de Monsieur Styles ressemble à un kraken.

Je n'ai pas envie de vivre à l'intérieur d'un kraken.

Monsieur Styles passe quelques minutes à chercher ses clés. Au final il se rappelle que la porte est déjà ouverte, et me pousse à l'intérieur du kraken.

Bizarrement, ça ne ressemble pas à l'intérieur d'un kraken. On dirait plutôt un musée. Il y a des tableaux, des meubles très chics, et, plantés au milieu de la salle, des enfants totalement immobiles.

« Bienvenue chez toi », lancent-ils, en m'apercevant.

Ils sont tous bruns, ils ont tous les yeux marron, et ils se tiennent tous bien droit.

Ça fait un peu peur.

« Agatha, je te présente Victor, Maureen, James et Lila. Les enfants, je vous présente Agatha. »

Le plus grand – celui que Monsieur Styles a appelé Victor – s'avance vers moi et dit :

« Viens. Je vais te montrer ta chambre.

- Merci. »

Puisque je ne peux pas m'entendre avec mon « père », autant me faire des alliés parmi les petits.

Alors que nous montons les escaliers, Victor demande :

« D'où est ce que tu viens ?

- Du foyer.

- De quel foyer ?

- Euh... Du foyer. »

Victor hoche la tête.

Il traverse un couloir, ouvre une porte, et s'écarte pour me laisser passer.

La chambre est petite et sobre. Les murs sont blancs. Le lit est blanc. Il y a une fenêtre et un bureau.

Je ferme les yeux, et aussitôt, j'imagine des posters collés sur les murs, des robes « d'époque » sur mon lit, des livres jonchant le bureau et de la lumière passant par la fenêtre pour venir éclairer mes cahiers d'enquête.

Je regarde à nouveau la chambre et je me dis qu'il faut que j'aménage ça.

« Tu as de la chance, dit Victor. Moi, je suis au-dessus du garage.

- Pourquoi est-ce que j'aurais de la chance de ne pas être au-dessus du garage ? »

Je réfléchis un instant et soudain, tout devient clair.

Je m'approche de Victor, et, sur le ton de la confidence, je chuchote :

« Monsieur Styles tue des enfants dans son garage, c'est ça ? »

Victor devient livide.

« Non, dit-il, d'une voix très grave. C'est pire. »

Je plaque une main sur ma bouche, horrifiée.

« Monsieur Styles tue des enfants dans son garage et il leur mange la cervelle après ? »

Victor secoue la tête.

Il prend une grande inspiration, et se tourne vers moi, tremblant.

« Il chante. »

Le silence tombe comme l'horloge en forme d'ours sur la tête de William Blore dans Dix petits nègres.

Et après, William, il meurt.

« Il chante, je répète tragiquement.

- Oui. Il chante. Avec Louis, Niall et... Et Liam.

- Ce sont ses complices.

- Oui.

- Et ils vous torturent avec leurs chansons ? »

La gorge nouée, Victor acquiesce.

« Ils se réunissent tous les soirs dans le garage. Après, ils chantent. Et ça peut durer des heures.

- Oh. »

Je tapote dans le dos de Victor pour le réconforter. Ce doit être une épreuve très difficile à surmonter.

« Enfin, dit-il, en se dégageant. On peut supporter ça. A part quand il chante, Monsieur Styles est gentil. Il nous laisse faire presque tout ce qu'on veut. »

Je fronce les sourcils. Je ne peux pas m'empêcher de repenser à ses « Tu n'as pas le droit » de la voiture. Les mots « Monsieur Styles » et « gentil » me paraissent assez contradictoires.

Je répète :

« Presque tout ce qu'on veut ? Ça veut dire que je peux mener mes enquêtes ?

- Tes enquêtes ? s'exclame Victor, incrédule.

- Oui. Je suis détective privé. »

Ses yeux marron brillent d'admiration.

« Wouah...

- Oui. »

Je souris, contente de mon petit effet.

« J'ai même une agence de détective. Ça s'appelle Agatha & Sherlock. Sherlock, c'est Simon. C'est mon meilleur ami pour la vie. Mais Monsieur Styles nous a séparés. »

Victor incline la tête.

« Est-ce que je peux être détective aussi ? »

Surprise par sa question, je lui jette un coup d'œil. Victor n'est pas aussi génial que Simon, mais de toute façon, je vais avoir besoin d'aide.

« Je veux bien te prendre en période d'essai. On n'a qu'à dire que tu es Watson.

- C'est qui Watson ? »

Je pousse un soupir, effarée par ce cruel manque de culture.

« Watson, l'assistant de Sherlock Holmes, Victor !

- Ah. Oui.

- Bon. »

Je lui tends la main.

« Il faut qu'on se serre la main. Pour sceller notre association. »

Victor acquiesce.

« Tu dois t'engager à enquêter au péril de ta vie, en quête de justice et de vérité.

- D'accord.

- Tu dois dire « Je m'engage ».

- Je m'engage. »

Et nous nous serrons la main.

Voilà.

Maintenant que j'ai un associé, ce n'est plus qu'une question de temps avant que je ne m'évade.  

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Heyyyyyy ! 

J'espère que vous aurez apprécié ce nouveau chapitre !! Je vous fais de gros bisous 

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⏰ Last updated: Aug 19, 2018 ⏰

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Agatha et la mystérieuse affaire de StylesWhere stories live. Discover now