Chapitre 18 : Sur le toit.

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Quand la porte claque, Peter sait qu'ils sont tous trois pris au piège sur le toit. La jeune femme est toujours aussi agitée et ne compte pas laisser s'enfuir l'autre demoiselle. Elles ont toutes les deux les cheveux couverts de légers flocons et de givre hivernal, Christal ne retient plus ses larmes, elle sent toujours la brûlure des coupures sur sa gorge et elle craint pour sa vie. Tessa n'a plus vraiment figure humaine, elle a complètement pété les plombs, elle se rend compte à présent que la partie est loin d'être fini et qu'elle est loin d'avoir gagné. Le désespoir se fraie un chemin dans son cœur et dans son esprit, elle commence réellement à douter.

Le jeune homme n'a pas récupéré ses pouvoirs, il ne sait toujours pas comment la fille de Conwell a pu mettre au point une telle drogue, comment a-t-elle fait pour créer une chose qui transforme les non humains en humains, c'est terrifiant. Il se sent toujours impuissant et vulnérable, et dans son for intérieur, il s'en veut, il s'aperçoit qu'il aurait pu l'aider il y a trois ans, que s'il lui avait parlé tout simplement quand il avait su qu'elle éprouvait des sentiments pour lui, alors peut-être que rien de tout cela ne se serrait produit. Mais le passé est le passé et c'est trop tard aujourd'hui, en effet, bien qu'il ait tenté de parler avec elle depuis quelques minutes, elle ne veut pas écouter ce qu'il a à dire.

-"Tessa!" Essaie-t-il encore. "Je te promets que je vais faire tout ce que je peux pour t'aider mais laisse la partir." Supplie-t-il encore. La température négative commence réellement à se faire sentir, tous trois sont trempés et transit de froid. Les flocons s'accrochent aux fibres de leurs vêtements et ne font que rendre leurs mouvements plus lourds, le jean de Christal est tout mouillé, il lui semble peser des tonnes. Le jeune homme grelotte mais ne laisse rien paraître, il sent cependant ses mains trembler, de froid ou de détresse, il n'en sait rien, mais il a vraiment froid, très froid. Ses cheveux se collent à son visage et ses dents claques légèrement quand il parle, le sang s'écoule toujours de sa blessure à l'épaule mais ses poignets lui font moins mal. Malheureusement ce n'est pas sa préoccupation première. 

-"Non Peter, non!" Le ton de la voix de la coupable de tous ces attentats n'est plus le même, elle pleure elle aussi mais de désespoir, de panique, de tristesse et d'incompréhension, tout est de sa faute, elle le sait mais tout ce qu'elle voulait, elle, s'était qu'on l'aime, qu'il l'aime, qu'il la regarde ou lui parle. Elle ne sera jamais dans son cœur à lui, non, elle n'y a pas sa place, ni même dans le cœur de ce père qui ne l'a jamais vraiment comprise ou aimée comme il se doit. Non, sa vie n'est qu'un gâchis. Vingt-deux ans et déjà criminelle plusieurs fois! Elle déteste ce que la vie à fait d'elle ce que son père à fait d'elle ou encore ce que Peter et Christal ont fait d'elle, elle n'a jamais été qu'un pion, un pion qu'on sacrifie pour mieux avancer. "C'est trop tard, c'est trop tard!" Sanglote-t-elle. Les larmes sillonnant ses joues. "J'ai fait bien trop de mal, trop de mal et je ne sers à rien ici." Elle craque, elle recule toujours, l'autre jeune femme en panique, toujours en otage dans ses bras.

Peter décroche son regard une demi-seconde des yeux tristes de Tessa et jette un œil derrière elle, les deux femmes se rapprochent trop du bord, leurs chaussures crissants sur la couche de neige fraîche qui n'en finit plus de tomber. Il s'inquiète, sans ses lanceurs de toiles ou sa vitesse ou encore sa force, sera-t-il capable de les sauver toutes les deux. 

-"Ce n'est pas trop tard, ce n'est jamais trop tard." Dit-il, ses mains toujours devant lui pour la calmer. Il avance toujours suivant les pas que l'autre fait, il espère s'approcher assez pour les attraper et les pousser loin du rebord du toit. "Je croyais moi aussi il y a des années que c'était trop tard pour moi, que je ne serais jamais heureux après la perte de mes parents, mon oncle et ma tante..." Il pense qu'en parlant de lui et en détournant son attention, il va avancer assez pour les protéger toutes les deux. "...J'avais laissé le désespoir et la peine guider mes pas mais on m'a tendu la main..." Il joint le geste à la parole, espère de tout son cœur qu'elle va attraper sa main et lâcher Chris. "...Et tout a changé dans ma vie, je n'étais plus seul, j'avais une famille, j'ai une famille..." Il avance encore d'un petit pas, il n'est plus qu'à deux ou trois mètres, il peut presque la toucher. "...Laisse-moi être ta famille Tessa, laisse-moi t'aider." Finit-il par dire sa main toujours tendue dans une invitation à le rejoindre. 

Trois ans plus tard (Tome II) Where stories live. Discover now