The Ruby of the Crown

Chapitre neuf

Des cris me sortent soudainement de mon sommeil.

Les exclamations filtrent par la porte de la chambre vide et silencieuse tandis que les rayons du soleil qui me parviennent d'entre les stores agressent mes yeux encore fatigués.

-Mais laissez-moi entrer enfin!

-Mademoiselle, vous êtes dans un hôpital, vous ne pouvez déranger les patients en criant ainsi. Vous ne faites pas partie de sa famille proche et les heures de visites sont terminées.

-J'exige qu'on me laisse entrer.

-J'ai des ordres.

-Et d'où les recevez-vous donc, à votre avis? Professeur, raisonnez-le, allons.

-Marvin, laissez la entrer, je ne voudrais pas avoir de problèmes. Votre Altesse, désolé pour le dérangement.

J'entends la porte s'ouvrir et quelqu'un entrer précipitement.

-Oh mon Dieu, Ruby!

Je tourne la tête vers la nouvelle arrivante et n'ai même pas le temps d'apercevoir son visage qu'elle se rue sur moi pour m'enlacer.

-Je me suis tellement inquiétée...

Elle s'éloigne de moi et me regarde dans les yeux, comme à la recherche de réponses à ses questions.

-Tu es tellement pâle. Le médecin m'a dit ce qu'il s'était passé. C'est horrible. Tu vas vite aller mieux, hein?

J'ai l'impression que me voir allongée dans ce lit lui fait perdre ses moyens et ses habitudes protocolaires par la même occasion.

-Em', je souffle, je vais bien ne t'inquiète pas.

J'esquisse un sourire que j'espère épanoui, pour la convaincre que je vais très bien. Mais ça n'a pas tellement l'air de fonctionner.

-Ruby, il faut que tu te reposes, me dit-elle, alors que je tente de me redresser.

-Mais puisque je te dis que je vais...

Je suis interrompue par une quinte de toux qui m'empêche de respirer. L'air me manque et je le sens.
Mes poumons se vident sans se remplir, et je sens un étau se refermer sur moi. Les couleurs quittent petit à petit mon champ de vision et le son semble me parvenir de loin, très loin. Tout bouge au ralenti et je n'arrive même plus à p...

-Ruby? Ruby? Oh mon dieu! Un médecin! Respire je t'en prie...

Je perçois une certaine agitation autour de moi et  sens qu'on me pose un masque à oxygène pour une respiration assistée et après quelques secondes à reprendre mon souffle ainsi, je me sens noyée par tout qui me revient et me submerge. Les couleurs et la lumière agressent mes yeux, et les bruits comme un tourbillon autour de moi sont tellement forts et s'emmêlent de sorte à ce que j'en perds le fil.

*****

Lorsque j'emmerge de l'état semi comateux  dans lequel j'étais plongée, je remarque Emi qui m'attrape la main et guette le moindre de mes mouvements.

-Enfin... Tu vas mieux?

Je parviens à lui souffler quelques mots.

-Je crois, oui.

-Tu sais, tu es restée inconsciente pendant près de deux heures, et j'ai parlé à ton médecin. Il m'a dit que le mieux pour toi serait de ne pas faire d'effort, de te reposer et de rester dans un environnement sain pour le moment. Je pense sérieusement que le meilleur pour toi serait de venir dans l'aile médicale du palais le temps de ton rétablissement complet. Elle marque une pause, le temps de reprendre sa  respiration étant donné qu'elle a parlé sans reprendre son souffle, et peut être  aussi le temps de me laisser assimiler sa proposition complètement ahurissante. Je ne sais pas si tu vas accepter, mais nous avons tout ce qu'il faut là bas. Nous avons fait emménager cette zone il y a peu pour... Oh, peu importe. En tous cas, nous avons des médecins des plus qualifiés et tu seras entre d'excellentes mains. Promets moi d'y réfléchir... Je serai là en permanence vu que je ne quitte pas vraiment souvent le palais et tu me seras d'aussi bonne compagnie que je le serai pour toi.

Je suis abasourdie. Moi, séjourner au palais le temps de ma convalescence ? Avec des personnes que j'ai toujours méprisées et que je n'étais pas censée rencontrer? Que vont dire mes parents? Et Abby? Et Tyler? Et Ash?

-Je...

-Tu n'es pas obligée de me répondre tout de suite. Tu peux y réfléchir, demander à tes parents, et comme je repasserai demain, je pense, tu pourras me dire ce que tu décides, d'accord?

J'acquiesce en signe d'assentiment.

-Je pense que Gabriel m'attend depuis un petit moment maintenant. Je vais te laisser mais je reviens sûrement demain. Essaie de réfléchir à ma proposition mais surtout ménage toi.

Elle m'adresse un sourire chaleureux, m'envoie un baiser de la main, se retourne et s'en va, d'une démarche assurée et... royale.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvre à la volée et Abby et Ash s'engouffrent dans la chambre.

-Ruby, tu m'avais tellement manquée!

Abby s'approche de moi à toute vitesse, tandis qu'Asher, plus prudent, reste plutôt éloigné de mon lit, et se contente de me regarder. Elle lance son sac sur un fauteuil et m'enlace jusqu'à ce que je perde mon souffle. Je la repousse un petit peu.

-C'est pas que tu m'as pas manquée mais tu m'écrabouilles...

-Oh désolée..

-Alors? Tu peux sortir de là quand? me demande Ash.

Je préfère encore ne rien leur dire de la proposition d'Emi, étant donné que je n'en ai pas encore parlé avec mes parents. Je décide donc de rien leur faire paraître.

-Hum, je n'en sais encore rien, il faudrait que je voie avec les médecins mais il semblerait que je suis coincée ici pour un bon moment...

-Si tu savais... J'ai tellement de choses à te raconter!

-Je n'en doute pas, mais je suis encore un petit peu fatiguée, donc si ça peut attendre la prochaine fois qu'on se verra...

-Bien sûr. Tu es sûre que tu n'as besoin de rien? Je peux te ramener ce que tu veux, tu n'as qu'à le demander.

Sa proposition me fait chaud au coeur.

-Merci beaucoup Abby, ne t'inquiète pas, pour l'instant je n'ai besoin de rien.

-D'accord... Ah, mais j'y pense, tout à l'heure nous avons croisé tes parents et Tyler elle rougit brusquement  en montant, et comme le nombre de visiteurs est limité, ils nous ont dit de monter d'abord et de te dire qu'ils te rejoindront bientôt.

-Oh, merci!

Si ils savaient comme ils ont manqués!

Il vous suffit qu'on vous retire quelque chose même temporairement pour en évaluer la valeur réelle.

Certes, cela ne fait relativement pas longtemps que je ne les ai pas vus, mais être privés d'eux ainsi, alors que j'avais l'habitude d'être avec eux absolument tout le temps, me montre à quel point ils sont importants pour moi.