Un matin en allant me laver, quelqu’un me retenu le bras: c’était Zales, en me débattant, il me lança qu’il allait m’épouser sur le coup ces propos me firent rire mais j’étais loin d’imaginer qu’il était sincère. Son père nous convoqua deux jours après, ma mère et moi pour nous faire part de son intention de me donner à son fils en mariage.
Sur ces mots je me relevai pour l’affronter :
_ Tu n’as aucun droit sur moi tu n’es pas mon père jamais je me marierais à ton fils.
Je prenais mes bagages avant de quitter sa maison. Je n’avais qu’un seul endroit où aller : Ouakam chez tante Aita.
Cette dernière me demanda ce qui c’était passé : je lui relatai tout. Elle me fit comprendre que je ne pouvais pas rester chez elle puisque c’était loin de mon école. Elle avait bel et bien raison alors de là je partis chez Jessica qui m’accueillit à bras ouvert après lui avoir exposé mon désarroi. Comme à son habitude, elle me mit à l’aise me rappelant à chaque fois que je pouvais rester tout le temps que je voudrais que j’étais chez moi. Ne restant plus qu’une semaine avant les examens, je rendais visite à ma mère qui ne cessait de pleurer pour que je revienne. Que pouvais-je faire face à cela ? Moi qui ne souhaite qu’atténuer les souffrances de ma pauvre mère. J’acceptai en plus de savoir que Zales était rentré au Mauritanie. J’étais stressée par les révisions et les critiques du vieux Habib qui ne cessait de dire à chaque fois que ce n’était pas à moi d’haïr son fils mais plutôt lui, lui qui n’était pas Toubab (blanc), lui qui avait un père, lui qui était issue d’un mariage. Bien que ces paroles me blessent, je n’y accordais pas d’importance. Comme c’était le week-end et que le lundi allait commencer les épreuves je partis voir mon homonyme qui était comme une seconde mère. Elle me conseilla, avant de prier pour moi. Lui rappelant sa promesse, elle tournait la tête puis me dit tout simplement Arnauld. Elle me dit que c’était le nom mon père, que c’était la seule chose qu’elle savait à propos de lui. J’étais heureuse ayant enfin l’espoir d’en connaitre plus…………………………
Le jour-J je me levai plutôt que de coutume, me préparant pour ne pas arriver en retard étant donné que mon centre d’examen était éloigné. Au centre il y avait déjà les surveillants et une heure plus tard les épreuves débutèrent. Ça se passa ainsi quatre jours durant. Il ne restait plus qu’à attendre les résultats, une attente qui me parut une éternité. Trois jours plus tard Jessica m’appela pour qu’on aille à la délibération des résultats ensemble. Contrairement aux autres candidats, je n’avais pas tellement peur puisque je n’avais fait que ce qu’on avait étudié en classe. Le président du jury commençait par la liste de ceux qui avait passé au premier tour. A ma grande surprise on m’appela en premier j’étais aux anges et fière de savoir que j’étais la première du centre. Cela ne m’empêcha pas d’être angoissée pour Jessica qui n’entendait pas son nom. Elle commençait à pleurer croyant avoir échoué. Mais il ny n’avait rien de cela puisqu’on l’appela en fin de liste. Elle criait de toutes ses forces. On courut jusqu’à sa voiture pour aller directement chez elle. On y trouvait son père qui nous félicita avant que j’aille annoncer la nouvelle à tante Aita puis à ma mère qui étaient toutes fières de moi.
Quelques jours plus tard, le père de Jessica me somma de passer chez eux ; c’était pour me demander si je souhaitais continuer mes études en France. Je lui répondais instantanément Oui puis il me demanda de lui amener mon extrait de naissance ainsi qu’une autorisation parentale. En parlant à ma mère, elle me dit d’attendre que ce n’était pas sure d’aller en Europe, que j’y connaissais rien et qu’il vallait mieux que je reste ici. Avec cette phrase mon sang ne fit qu’un tour, prise par un sentiment de colère je lui lançais au visage :
_ C’est vraiment égoïste de ta part de me priver d’un avenir radieux et de savoir quelques chose sur Arnauld.
En entendant le nom de mon père, elle sursautait avant de s’en aller. J’en faisais de même pour atterrir à la montagne là au moins je me sentais bien légère libre pour ne plus penser à rien. La nuit tombante, je reprenais le chemin de la maison. Je m’abstenais de prendre le diner : j’en avais pris l’habitude. Ma mère voulu me parler mais je fis semblant de dormir. Ça se passa ainsi trois jours durant. Ne sachant que faire, elle partit le dire à sa meilleure amie qui venue nous rendre visite dès le lendemain. Une visite qui me laissa indifférente, elle m’appela me suggérant de parler à nouveau à ma mère car celle-ci avait changé d’avis et qu’elle était d’accord de me laisser partir en France. Pour prouver que tante Aita disait vrai, ma mère me tendit mon extrait me disant qu’elle irait avec moi chez Jessica voir son père pour l’autorisation parentale. Chose promise, chose due ce qu’elle fit deux jours après. Il ne restait que le père de Jessica pour faire mes papiers. Je me préparais à passer une semaine à Ouakam car il y avait surement Ibou. Il me manquait vraiment cela faisait des mois que l’on s’était pas vu. Comme je l’avais deviné Ibou était bien de retour pour les vacances. Il était à son deuxième année à la fac. Son frère Ass n’avait pas pu venir étant donné que dans l’armée il ny avait pas de vacance mais des congés. Son petit frère Pape lui était très maladif raison pour laquelle il arrêta l’école en plus d’être très attaché à sa mère. Moi j’étais la fille que tante Aita n’avait jamais eut. Toujours complices Ibou et moi : il existait un lien entre nous qu’on ne pourra jamais expliquer : et cela depuis notre berceau d’après nos mères. J’y passais d’agréables moments jusqu’à ce que Jessica m’appelle pour que je vienne chez elle récupérer mon passeport étant donné j’avais obtenu un visa long séjour. Elle n’en avait pas besoin étant de nationalité française. Dès le lendemain je me rendais chez elle d’où son père me remit l’enveloppe en me disant qu’il irait réserver nos billets d’avion le jour suivant car il était préférable de partir avant septembre. J’en avisai ma mère, Jessica me ramenait mon billet le mercredi. Notre départ était prévu le samedi, nous avions un vol matinal sur Air France en première class. Il ne me restait que deux jours pour faire mes bagages ; ce qui me prit qu’une heure puisque je n’en avais pas autant. Jamais je n’avais voulu porter d’habits traditionnel Sénégalais ou Africain. Ce que je portais n’était que des pantalons ou des jupes que ma mère me trouver à la friperie. La veille de mon départ ma mère et moi partions à Ouakam. Elle remercia longuement tante Aita, j’en faisais de même mais pas avec Ibou. Ibou, lui qui m’encourageait à chaque fois que ça n’allait pas, lui qui me soutenait, lui qui me remontait le moral quand j’avais le bluzz, lui qui répondait toujours présent, lui que j’apprécie beaucoup, lui avec qui je me sentais bien, lui qui faisait parti de moi : lui que je portais dans mon cœur. Nous pleurions longuement avant que sa mère ne m’appelle dans sa chambre. Etant sur son lit avec ma mère, elle me tendit une bouteille camouflée dans un sachet en plastique avant de me remettre un gris-gris que je ne pris pas. Depuis le bas âge je refusais d’en porter et quand ma mère me l’attachait, je le coupais et le jetais dès qu’elle tournait le dos. Elle me somma d’aller me doucher avec le contenu de la bouteille. Je ne croyais pas en ces choses mais pour ne pas les frustrer, j’acceptai. Une fois dans les toilettes je déversai le liquide jaunâtre par terre. Me baignant simplement à l’eau du robinet pour leur faire croire que j’avais pris leur bain mystique. En rentrant, tante Aita nous dit qu’elle viendrait avec Ibou m’accompagné à l’aéroport le lendemain. Une fois à la maison c’était encore des histoires. Le vieux Habib avait trouvé les pilules contraceptives que lui cachait ma mère. Il les jetait au beau milieu de la cour en insultant ma mère, la traitant de chienne, de pécheresse, de criminel puisqu’elle ne voulait pas avoir d’enfant de lui. Et la goutte de trop fut quand il lui mit une gifle. C’était la première fois, ne pouvant plus me retenir je prenais part en insultant le vieux Habib le traitant de tous les noms d’oiseaux. Furieux, il jetait mes affaires dehors et m’exigeait de quitter sa maison. Ma mère pleurait en s’agenouillant auprès de son mari lui demandant pardon. Je lui criais de ne pas se rabaisser, de se relever, de me suivre mais elle refusa. Avec ce refus ce fut comme si l’on m’avait versé une bassine de glace : une véritable douche froide. Moi qui pensais que ma mère et moi ne formions qu’une seule et unique personne, je me trompais lourdement. J’étais tombée des nus, vraiment déçu plus que jamais : alors je voulu m’éloigner pour toujours.
Ramassant mes affaires, je partis chez Jessica en lui expliquant tous les larmes aux yeux.
_ Tes souffrances vont prendre fin, ne t’en fais plus. Me réconfortait-elle
On se couchait tout juste après car il fallait qu’on se lève tôt. Cette nuit me sembla plus courte que d’habitude. A 8h nous nous étions déjà apprêtées avant de prendre le petit déjeuner ensemble. Et là son père demandait au chauffeur de préparer la voiture.
En route pour l’aéroport, Jessica me demandait de mettre mon passeport et le billet dans son sac à main. Là je me rendis compte que j’avais laissé mes papiers chez ma mère.
Nous faisions demi-tour direction la médina. Arrivée, je filai directement dans la chambre de ma mère, d’où je vu son mari ronflant sur le lit. Se réveillant à cause du bruit que je faisais, il me sommait de sortir de sa maison. Entendant surement notre altercation, ma mère accourut me disant d’arrêter, je lui répondis que je venais chercher mes papiers pour me rendre à l’aéroport. Ouvrant sa commode, elle me tendit l’enveloppe que j’ouvris pour vérifier si tout y était. Son mari surpris lui demandait ce qui se passait :
_ Cher époux j’avais oublié de te dire qu’Aita part en France continuer ses études là-bas.
Il n’en croyait pas ses oreilles, il était vraiment surpris. Je dis à ma mère que je devais y aller vue que Jessica m’attendait dans la voiture. Elle me demanda si son père nous accompagnait, je lui dis que non qu’il allait nous retrouver à l’aéroport. En sortant je rencontrai tante Aita à la porte je lui demandai Ibou :
_ Il ne pouvait pas venir, il a pleuré toute la nuit en plus c’est lui qui garde pape qui est un peu souffrant. Me répondait-elle.
Ma mère, tante Aita et moi montions à l’arrière avant que le véhicule ne démarre. Le père de Jessica était arrivé avant nous. A l’approche de notre embarquement, ma mère pleurait mais cela me laisser de marbre. C’est en prenant tante Aita dans mes bras que je ne pus plus contenir mes larmes. Comme il était l’heure de partir, nous poussions nos charriots laissant derrière nous nos parents. Après avoir pesé nos bagages et tout nous embarquions. Une hôtesse nous désignait nos sièges respectifs. La première classe se trouvant à l’avant de l’appareil était très spacieux, leurs sièges très confortables. Soudain, l’hôtesse nous demanda par un haut-parleur d’attacher nos ceintures car l’appareil allait décoller. Ouf enfin nous quittions Dakar !!!
Jessica demandait à l’hôtesse de nous servir de l’alcool. En me tendant une coupe je refusais en lui disant:
_ Non je ne bois pas d’alcool.
_ J’oubliais que tu es musulmane, je suis vraiment désolée. S’excusait Jessica
_ Non je ne le suis pas. Lui rétorquais-je simplement buvant tranquillement mon soda.
Nous survolions des heures le ciel. A travers hublot je ne voyais que les nuages ressemblant à de la fumée. De nouveau l’hôtesse revenu nous servir le déjeuné : du poulet sauté accompagné d'haricots verts. En savourant ce plat, je me souvenu de ces années chez vieux Habib ou nous ne mangions que du riz au poisson le plus modeste au monde ou des fois du sombii pour le repas de midi. Je me souvenu de ces moments ou nous nous endormions le ventre creux. C’était seulement à Ouakam que nous mangions de la viande ma mère et moi. Chez le vieux Habib nous n’en dégustions qu’aux grandes occasions comme : la fête de Tabaski, la fête de Korité, un baptême. C’est vrai que la nourriture ne suffisait guère dans cette maison. Comment puisse t-il ne pas en être ainsi ? Il y avait une trentaine de personnes dans cette maison : quatre épouses, plusieurs enfants, des petits enfants. Comment ne pas devenir pauvre ? Comment les nourrir à leur faim ? Comment les soigner, comment subvenir à leurs besoins ? Heureusement que ma mère jamais, jamais, jamais au plus grand jamais n’aurait d’enfant de ce vieux pédophile, violeur, malfrat d’Habib. Après avoir mangée je m’assoupissais.
Quelques heures après, Jessica me réveillais car nous allions atterrir. Passant la douane, il faisait déjà nuit à notre sortie de l’aéroport Charles De gaules.
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Entre Deux Feux Tome 1
General FictionC'est l'histoire d'une métisse issue d'une relation très ambiguë. Une métisse au quotidien difficile victime de la société. Une métisse perdue entre les mailles de son environnement, C'est l'histoire d'une métisse qui parvient à trouver difficileme...