Chapitre 24 - Laïa

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Cela fait une heure que je tourne en rond dans la chambre, ne sachant pas quoi faire ni quoi penser. Je n'ai pas réussi à joindre Naïl de toute la semaine. Je tombais, à chaque fois, sur sa messagerie. Il faut croire qu'il n'a pas envie de me parler. Enfin bref, j'attendrai son retour pour en savoir plus puisque mon frère refuse de me dire quoique ce soit. Selon lui, ce n'est pas à lui de tout me dire.

J'en ai marre de faire les cent pas. Il faut que je trouve une occupation. Je vais faire un peu de tri dans mes placards, j'ai pleins de boîtes et pour la plupart, je ne sais même pas ce qu'il y a à l'intérieur.

— Que fais-tu ? demande ma mère en passant par là.
— Un peu de rangement comme ça Alice aura de la place pour mettre ses affaires.
— C'est gentil ! Je te laisse tranquille.

J'attrape une boîte et l'ouvre. À ma plus grande surprise, j'y trouve tout un tas de photos souvenirs.

— Qu'est-ce que c'est que ça ? dis-je, les sourcils froncés.

J'en prends plusieurs et les regarde une par une. Ce sont plein de photographies de Naïl et moi. Elles sont toutes aussi belles les unes que les autres et les regarder me procure une sensation étrange. Une, en particulière, attire mon attention. Nous sommes en hiver, dans un magnifique décor, allongés dans la neige en train de nous embrasser. Et il n'y en a pas qu'une seule dans cet endroit, il y a toute une série sur laquelle on s'amuse. Je ne peux pas voir ça plus longtemps. Je les rassemble et les mets dans la boîte que je range de mon côté de l'armoire.

— Tu as terminé ton ménage ?
— Oui tout est propre.
— Et toi, Ayden ?
— Ouais. Nicolas va pouvoir avoir son propre espace, j'ai rangé le bureau.
— Super !
— Quand emménagent-ils ici ?
— Dans deux jours.
— Deux jours ? nous nous exclamons en chœur. Mais c'est tôt !
— Que ce soit dans quelques jours ou dans quelques mois, cela revient au même. On formera une grande famille, c'est plutôt cool !
— J'ai terminé de manger, je vais me coucher, déclaré-je en sortant de table.
— Il est encore tôt ! s'étonne-t-elle.
— Je dois me reposer pour les épreuves de bac blanc. Bonne nuit.

•••

Aujourd'hui, c'est le grand jour pour ma mère. Son nouveau compagnon et ses enfants viennent vivre à la maison. Ce n'est pas ce qui nous enchante le plus mais bon on n'a pas le choix.

— Ils sont là ! dit-elle toute enjouée. Venez aider à porter les valises.

J'ai l'impression d'avoir affaire à une enfant. Elle court partout dans tout l'appartement et à l'extérieur. L'amour l'a fait retomber en adolescence.

— Faites un effort pour votre maman chérie ! Ça fait presque dix ans que je suis seule. S'il vous plaît...
— On essaiera, promis.

Elle nous sourit et vient nous serrer dans ses bras en nous remerciant. Pour notre mère, on serait prêt à faire n'importe quoi.
En réalité, ce n'est pas leur arrivée dans cet appartement qui me dérange, c'est juste le fait de devoir nous habituer à une présence masculine qui remplace notre père. Sinon, pour le reste, ça peut le faire. Si on s'entend bien avec ses enfants.

— Salut les jeun's ! dit-il avec un faux accent. Prêt à faire la fête tous les soirs ?
— Peut-être pas tous les soirs mon amour.
— Tiens, ma belle-fille, dit-il en me donnant ses valises. Monte ça dans ma chambre.
— Je...
— Ne discute pas, Laïa, et fais ce qu'il te dit.

Je ne bronche pas et monte ses valises. Je sens qu'on va bien s'amuser avec lui ! Si seulement je le pensais sans ironie...

— Où est-ce que je dors ? questionne Alice.
— Dans ma chambre, au fond du couloir.

Je l'y emmène en le prenant comme une corvée mais sans le laisser paraître. Je ne veux pas me montrer impolie.

— C'est pas mal. La chambre est assez grande, juste assez pour rajouter mon lit.
— La partie gauche t'appartient et la droite m'appartient, l'informé-je.
— Ok.

J'ai réaménagé ma chambre spécialement pour que chacune de nous possède son espace.

— J'imagine qu'on va se retrouver dans le même lycée ?
— Il n'y en a qu'un seul dans cette ville.
— Cool on va pouvoir traîner ensemble en tant que demie sœurs ! me sourie-t-elle malicieusement.
— Ouais, c'est cool.

Je sors et pars voir ce que fait mon frère.

— Comment ça va ici ?
— Très bien, répond-il. Nicolas n'est pas très compliqué.
— On a facilement trouvé un terrain d'entente. Sinon tu n'as pas de problème avec ma sœur ?
— Non pas pour le moment, pourquoi ?
— Elle peut être compliquée.
— On réussira à s'entendre.

Il y a plus qu'intérêt à ce qu'on ait, tous les quatre, aucun malentendu sachant que l'on va vivre ensemble quotidiennement. J'attends de voir ce que la cohabitation va donner. Je me fais sûrement un peu trop de soucis pour rien. Tout se passera bien, restons positif.

« J'ai conscience que je suis parfois énervante. Je repousse tous ceux qui essaient de m'approcher et la plupart du temps j'éloigne les personnes qui ont, sans aucun doute, plus d'estime à mon égard que les autres. Je montre un sale caractère et une mauvaise facette de ma personnalité qui n'est pas réellement moi. Je suis peut-être trop négative depuis mon réveil et un peu trop paranoïaque à imaginer qu'un être aussi proche de nous soit capable du pire. Je m'en suis pris plein la gueule, heureusement d'ailleurs car cela m'a fait cogiter. Je vais essayer de travailler là dessus. »

[2] Souviens-toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant