1/Inviter.

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Quatre mois qu'ils tournaient la saison trois. Jennifer vivait dans sa caravane depuis autant de temps, Lana dans celle d'à côté. C'était les deux seules caravanes où il y avait encore de la lumière en cette heure tardive.
La blonde était affalée dans son lit grignotant des chips, un roman dans les mains. Elle s'était levée à cinq heure le matin, parce que les producteurs et le réalisateur lui avaient dit qu'ils voulaient la lumière de l'aube pour une scène dans la forêt. Et elle avait enchaîné toute la journée sans s'arrêter. Surtout que le midi elle avait mangé seule avec Lana, avec n'importe qui ça aurait été reposant mais pas avec Lana. Oh la jeune femme n'y était pour rien. La seule responsable était Jennifer et elle en était pleinement consciente. À chaque fois qu'elle voyait ou entendait Lana, son corps se tendait et elle se faisait envahir par tellement de sentiments contradictoires qu'elle se sentait perdue et que son cerveau, tout comme son coeur, faisait rapidement une surchauffe. Et quand elles n'étaient que toute les deux, comme ce midi, Jennifer faisait son possible pour ne pas mourir. Depuis le premier jour, depuis le premier bonjour, le premier regard, le premier sourire de la brune, elle était raide dingue d'elle, et même si cette dernière était, comme elle, célibataire, Jennifer n'avait jamais rien osé. En trois ans elle n'avait que tenter de ne pas mourir ou exploser, mais jamais elle n'avait rien proposé ou tenté de plus. Pour plusieurs raisons. La première, Jennifer n'avait jamais été amoureuse et elle devait avouer que ça lui faisait un peu peur. La seconde, il s'agissait tout de même de Lana, ce n'était pas n'importe qui, c'était Lana, sa collègue tant aimée de tous, et considérée comme une des plus belles, si ce n'est la plus belle, femme qu'elle n'avait jamais vu. La troisième, elle ne savait même pas si elle pouvait être intéressée, après tout Jennifer ne se trouvait pas très belle, elle n'avait rien d'exceptionnel, alors Lana méritait bien mieux. Et la quatrième et dernière raison était qu'elle ne savait surtout pas comment faire, parce que même si elle avait voulu tenter quelque chose, il se trouvait que à chaque fois qu'elle se retrouvait devant Lana elle avait besoin d'un effort surhumain pour articuler des phrases censées, tout simplement parce qu'elle était à la fois troublée, attirée et apeurée, son coeur se mettait à accélérer, ses pensées à fuser dans tout les sens, et ses jambes se dérobaient presque à chacun des sourires de la brune. Tout dans son corps l'empêchait de devenir quelqu'un de désirable pour la brune.
La vérité c'était que Lana était tout aussi folle de la blonde que celle ci ne l'était d'elle, elle savait juste mieux gérer, et faire face à celle qui la troublait.
Toujours est-il que lors de la pause midi de Jennifer, elle avait eut ce bazar émotionnel à gérer et ça n'avait plus du tout été reposant pour elle. Elle avait ensuite enchaîné sur ses scènes de l'après-midi, avant de se traîner vers dix-neuf heure à sa caravane pour attraper un nouveau bouquin et son paquet de chips. Certain noyait leurs peine et leurs solitude dans l'alcool, les sucreries et les films ou séries, elle s'était les livres et les chips. Et depuis ces quatre mois, depuis le retour sur le tournage, elle noyait de plus en plus sa peine et sa solitude. Quand elle et Lana n'étaient pas en période de tournage elles passaient leurs temps à s'envoyer des messages, elles restaient en contact chaque jour, en continu, se racontant leurs vie et tout ce qu'elles faisaient en l'absence de l'autre. Sauf que quand le tournage reprenait, elles avaient moins de temps et surtout elles étaient ensemble tout les jours pour tourner, et dans des caravanes séparer par deux mètres au plus, alors presque plus de messages étaient échangés. Et Jennifer mourrait d'envie de lui en envoyer tous les soirs, mais elle ne le faisait pas après tout elles étaient juste à côté si elles voulaient vraiment parler avec elle et la voir, elle avait qu'à se bouger et trouver le moyen de calmer son corps quand elle était devant Lana.
Alors ce soir comme la plupart des soirs, elle lisait en mangeant n'importe quoi encore une fois et pensait encore et encore à la brune qui était à quelques mètres. Elle remerciait silencieusement l'auteur de son livre qui la faisait un petit peu sourire à chacune de ses blagues, et sa couette parfaite qu'elle aimait tant et dans laquelle elle était emmitouflée. Elle était tant perdue dans ses pensées, et emmitouflée dans la couette qu'elle entendit à peine le son régulier sur sa porte.

Vivons cachées.Where stories live. Discover now